Soirée théâtre : « 13 à table » et « 10 ans après »

Quand, comme les Villardier et leur majordome, on met à ce point les petits plats dans les grands pour le réveillon de Noël, il est évidemment hors de question que le moindre détail vienne gâcher la fête. Or, après que l’un de leurs invités a déclaré forfait pour cause de refroidissement, horreur ! il va y avoir 13 convives à table ! Le gentil et indolent Antoine (Pierre Palmade) ne semble pas s’en formaliser outre mesure, mais Madeleine (Virginie Hocq), grande fofolle têtue, en fait une affaire vitale et va tout faire pour contrecarrer le fâcheux destin qu’elle redoute. Hélas ! dès qu’un convive surnuméraire est trouvé, c’est un autre qui se décommande. Dès que ce dernier est supplié de revenir, c’est un autre qui est appelé en urgence ! Rien à faire, le chiffre fatidique s’accroche. La soirée va-t-elle tourner au désastre ? Possible car une invitée mystère, l’improbable et bizarre Mme Koukouswsko (Sandra de Jesus), se révèle être Dolorès, venue se venger, revolver à la main, de celui qui jadis, dans la petite république de Santa Rosalina, en Amérique du Sud, l’a séduite et abandonnée, celui qui s’appelait alors Antonio el Caballero !
Cela n’a ni queue ni tête, tout est prétexte à bons mots, claquements de portes et grands numéros (mention spéciale à Virginie Hocq, branchée sur du 220 volts). Pierre Palmade revisite en le modernisant un classique du boulevard, créé en 1953 au théâtre des Capucines dans une mise en scène de son auteur, Marc-Gilbert Sauvajon.

Autre dîner, autre ambiance, autre ton. Yves (Julien Boisselier) est écrivain et vit avec Nathalie (Mélanie Page) depuis... longtemps. Leur vie est... paisible. « Comme des vacances en Suisse. » En clair, il s’ennuie avec une femme parfaite, il est au bout du rouleau, il n’écrit même plus. Voilà qu’Yves s’est mis dans la tête d’inviter à dîner leur ami Pierre (Bruno Solo), assureur plutôt dépressif. Un ami qu’ils n’ont pas revu depuis dix ans. Et pour cause. Nathalie l’a quitté pour Yves. Lequel a un plan : annoncer à Nathalie, au moment du dessert, qu’il la quitte. Il compte sur Pierre pour la réconforter. Et même... pour la reconquérir. 
Peut-on fermer une « parenthèse » qui a duré dix ans ? Rembobiner une histoire d’amour ? Est-ce qu’on étouffe de trop de bonheur ? Est-il vrai que les couples durent le temps d’un crédit immobilier ? On est chez David Foenkinos mis en scène par Nicolas Briançon, et le rire gratte drôlement, vire au noir, on s’amuse à se faire peur. « Il ne faut jamais chercher à savoir pourquoi l’autre est avec nous. C’est toujours pour de mauvaises raisons. »