Soirée cubaine sur Culturebox

Véritable institution, la musique occupe une place prépondérante dans la culture cubaine. Rumba, cha-cha-cha, boléro ou encore « son », précurseur de la salsa, le pays possède dans son patrimoine une multitude de genres musicaux. Savant mélange entre percussions africaines, guitares espagnoles, auxquelles se sont ajoutées des influences caribéennes et sud-américaines, ces différents styles ont parfois été un moyen de propagande politique, notamment la nueva trova, apparue après la révolution menée par Fidel Castro et Ernesto Guevara (en 1959). À partir de là, les grandes sociétés de distribution internationales vont cesser de diffuser les œuvres musicales des artistes du pays.
Il faut attendre l’enregistrement de l’album Buena Vista Social Club (en 1996) et, surtout, la sortie du film du même nom (en 1999), réalisé et écrit par Wim Wenders, à qui l’on doit notamment Paris, Texas (Palme d’Or 1984), pour noter un changement. Ces deux événements marquent un tournant majeur dans la redécouverte, à l’échelle mondiale, de l’âge d’or (années 30, 40 et 50) de la musique cubaine. Cette relance musicale de la période prérévolutionnaire connaît un succès phénoménal et remet dans la lumière des légendes oubliées de la musique cubaine telles que le chanteur Compay Segundo, la chanteuse Omara Portuondo, le contrebassiste Orlando Cachaito Lopez ou encore le trompettiste Manuel GuajiroMirabal. Le film devient une référence et fait renaître un engouement pour les musiques cubaines traditionnelles et la musique latine en général. 

Concert d’Eliades Ochoa & Cuarteto Patria

Légende vivante du son, ce fabuleux chanteur-guitariste est l’une des figures emblématiques de la musique cubaine. Compère de Compay Segundo, il a fait partie de la formidable aventure du Buena Vista Social Club, dont cette année célèbre le 25^e anniversaire. Les festivaliers avaient déjà pu entendre sa voix extraordinaire et découvrir son jeu de guitare incomparable aux côtés d’Afrocubism sur cette même scène en 2011 ou avec Omara Portuando en 2015.
Avec une générosité qui n’a d’égale que sa virtuosité, le sonero de Santiago de Cuba honore avec son groupe fondé en 1982 le répertoire traditionnel. Boleros, guarachas, trovas et sones issus des années 20, 30 et 40 font souffler sur la grande scène un air délicieusement suranné : vamos todos a bailar !
Eliades Ochoa est bercé dès son plus jeune âge aux rythmes de Cuba et hérite de l’appétence musicale innée de sa famille. Il crée même sa propre guitare pour trouver le son qui convient le mieux à son jeu.
Commençant dans les rues de Songo La Maya à l’âge de 13 ans, le petit Eliades, cinquante ans de carrière plus tard, devient le capitaine du mythique Buena Vista Social Club et un membre éminent d’Afrocubism au Grammy du meilleur disque en 2012. Le « Johnny Cash cubain », comme on l’appelle habituellement, défend joyeusement la musique traditionnelle de son île. Tout au long des six décennies qu’il a passé sur scène, il a collaboré avec des grands noms de la musique comme Ry Cooder, Toumani Diabaté, Manu Dibango, Vieux Farka Touré, sans parler de ses nombreuses influences, comme Bob Dylan, Rafael Cueto et Ñico Saquito.

Pour la musique que je fais, il n’y pas de pays lointain, de langues ou de frontières, il n’y a rien de tout cela. Je suis un jíbaro orgueilleux de faire se lever les théâtres, et cela je le dois au fait que je n’ai jamais cessé de faire de la musique traditionnelle cubaine. Le son cubain est le plat principal de mon restaurant.

Eliades Ochoa