Ces femmes qui prennent les armes !
Cette soirée spéciale, consacrée aux femmes guerrières, présente le film de Caroline Fourest « Sœurs d’armes » sur les combattantes yézidies. Il sera suivi par le documentaire « Syrie : des femmes dans la guerre ». Mardi 26 septembre à partir de 21.10 sur France 2.
Oui, une femme peut aussi tenir une kalach ! Tirer, courir, organiser une attaque. Dans le film de Caroline Fourest, Sœurs d’armes, inspiré de faits réels, les guerriers sont des guerrières. Des combattantes yézidies et des camarades venues du monde entier défendre leurs droits contre les fous d’Allah. Sœurs d’armes nous plonge au cœur du conflit génocidaire d’août 2014, lorsque Daech reprend le contrôle des régions du nord de l’Irak, principalement peuplées par des communautés yézidies.
Ce film écrit et réalisé par la journaliste et essayiste Caroline Fourest s’inscrit dans la lignée des films de guerre spectaculaires, hyperréalistes, dont les scènes d’affrontements, parfaitement maîtrisées, vous soulèvent de votre fauteuil. Et rares sont les films d’action où l’on peut, de manière très réjouissante, se projeter à la place d’une héroïne guerrière, combattre à ses côtés. Pourtant, même dans les situations gravissimes, la réalisatrice distille quelques virgules humoristiques, comme le passage récurrent de la police des mœurs à moto, hurlant au mégaphone des interdits plus idiots les uns que les autres (« Il est interdit de manger un concombre en public », « Il est interdit de faire l’amour à un mort… décédé depuis plus d’une heure !). Dans son film, Caroline Fourest aborde un sujet indispensable – on ne rappelle et salue jamais assez le courage de ces femmes – et réalise ainsi un geste de cinéma autant qu’un geste politique.
Inspiré de faits réels, Sœurs d’armes nous emmène en août 2014, en pleine offensive de Daech contre les Yézidis. Les fous d’Allah avaient juré de les exterminer. Ethnie kurde pour certains, Kurdes d’origine pour d’autres, les Yézidies vivent principalement au nord de l’Irak, en Turquie, mais aussi en Arménie et en Géorgie. Leur religion est monothéiste et plonge ses racines dans l’Iran ancien. Leur Dieu unique (Xwede) a confié le monde à la protection de sept anges, dont le plus vénéré, l’ange-paon (Malek Taous), est considéré par les extrémistes musulmans comme sheitan (satan), d’où leur motivation de les éradiquer. « Pourtant, tout le monde connaît le bon cœur des Yézidis, ils respectent toutes les autres religions et ils ne font pas la différence entre musulmans, chrétiens, juifs. La religion des Yézidis, c’est une religion de la paix », affirme Dersim, une combattante d’une unité de résistance de Sinjar (YBŞ) interviewée par Sophie Mousset* (source : Marianne). Les Yézidis sont respectueux de la nature car ils croient en la transmigration des âmes. Enfin, le calendrier des Yézidis débute 4 750 ans avant le calendrier chrétien, 990 ans avant le calendrier juif et 5 329 ans avant le calendrier musulman.
* Sophie Mousset, spécialiste du Kurdistan, est une journaliste photographe que les voyages ont emmené au cœur des conflits armés du Moyen-Orient.
21.10 Sœurs d’armes
Deux jeunes Françaises, Kenza et Yaël, rejoignent une brigade internationale partie se battre aux côtés des combattantes kurdes. Leur quête croise celle de Zara, une rescapée yézidie. Issues de cultures très différentes mais profondément solidaires, ces sœurs d’armes pansent leurs blessures en découvrant leur force et la peur qu’elles inspirent à leurs adversaires, qui ne peuvent atteindre le paradis s’ils sont tués par une femme.
Film (112 min – 2019) — Réalisation et scénario Caroline Fourest — Musique Mathieu Lamboley — Déconseillé aux moins de 10 ans
Avec Dilan Gwyn, Amira Casar, Camélia Jordana, Esther Garrel, Maya Sansa, Nanna Blondell, Noush Skaugen, Mark Ryder, Korkmaz Arslan, Youssef Douazou, Pascal Greggory, Roda Canioglu
23.00 Syrie : des femmes dans la guerre
En mars 2011, un vent de révolte souffle sur la Syrie comme sur bon nombre de pays du monde arabe. Ce printemps, porté par la rue, apporte l’espoir d’une nouvelle ère et de la fin du régime des Assad, qui dure depuis plusieurs décennies. Parmi ceux qui aspirent à cette révolution, les femmes sont aux premiers rangs. Elles se prennent à rêver de changement, de liberté et de démocratie. Dix ans plus tard, la Syrie est un pays dévasté, enlisé dans une guerre civile qui a fait 500 000 morts et des millions de réfugiés.
Pour comprendre cette tragédie, Kamal Redouani a choisi de donner la parole aux femmes, grandes perdantes de cette révolution. Alors qu’elles rêvaient d’un monde meilleur, d’une société plus juste et plus libre, elles doivent désormais non plus seulement lutter pour leurs idéaux mais aussi pour leur survie et leurs droits fondamentaux. Écrasées par le régime, emprisonnées, violées, elles sont aussi les premières victimes d’une autre force en présence : l’État islamique.
Quatre femmes racontent leurs histoires à travers une décennie de chaos. Marwa avait 14 ans en 2011. Elle a vécu le siège d’Alep, la fuite, et donné naissance à deux enfants sur les routes de l’exil. Loubna, fière combattante, a été témoin de l’attaque chimique de la Ghouta. Khaïti, étudiante en médecine, a perdu son frère dans la guerre. Mouna, elle, a dû fuir Raqqa après s’être courageusement opposée à Daech. Toutes vivent aujourd’hui en exil. Si certaines rêvent de retour, d’autres d’Europe, toutes considèrent la Syrie qu’elles ont connue et aimée comme un pays englouti, disparu.
Documentaire (70 min – 2022) – Un film de Kamal Redouani — Production Capa — Productrice Amandine Chambelland — Déconseillé aux moins de 10 ans
La soirée spéciale : Sœurs d’armes est diffusé à partir de 21.10 et Syrie : des femmes dans la guerre à 23.00 mardi 26 septembre sur France 2
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