L’égnimatique Masque de fer

L’histoire du Masque de fer nous paraît unique, à nous, parce qu’il y a eu Voltaire, parce qu’il y a eu Dumas. Et donc, aujourd’hui, c’est le prisonnier le plus célèbre.

Michel Vergé-Franceschi, historien

Fallait-il qu’il fût homme important pour passer trente-quatre années de sa vie prisonnier d’un masque de fer. Fallait-il qu’on juge primordial d’en taire l’existence pour ne jamais divulguer son identité et lui imposer d’en faire de même sous peine d’une mort certaine. Mais qu’avait bien pu commettre cet inconnu pour finir dans les geôles françaises, tout en échappant à la mort ? Son étrange captivité n’a cessé d’intriguer. Aujourd’hui encore, les questions sont plus nombreuses que les réponses. Difficile d’y voir clair dans ce dédale de faits avérés et d’histoires fomentées. Comment prétendre connaître l’identité d’un homme sur qui tant de choses ont été racontées, dites et écrites, alors même que rien de lui n’a survécu à sa mort, si ce n’est sa dépouille prétendument inhumée sous un faux nom dans le cimetière de l’église Saint-Paul, à Paris ? En croisant des informations, en recoupant des données et en révoquant toutes les hypothèses hasardeuses émises au fil des ans. Car plus le temps a passé, plus l’énigme a pris de l’ampleur. Il faut se souvenir que l’histoire de l’homme au masque de fer s’est déroulée durant le règne de Louis XIV. Un monarque connu pour son absolutisme. Un mécène des arts et des sciences coupable de censure si vous lui déplaisiez. Un guerrier rêvant de gloires militaires et un insatiable amoureux des femmes. Un roi, enfin, qui pouvait vous envoyer croupir au cachot si vous l’aviez offensé ou si vous entraviez ses projets. De là à supputer que ce mystérieux inconnu ait été fait prisonnier pour taire une quelconque vérité royale…
Seule certitude, l’affaire de l’homme au masque de fer (mais d’ailleurs, le masque était-il vraiment en fer ?) n’aurait sans doute pas connu le même écho si elle s’était déroulée sous un autre règne.

Il existe un document capital qui est le registre d’Étienne Du Junca, lieutenant de roi à la Bastille, donc numéro deux de la forteresse derrière Monsieur de Saint-Mars (...). Et en effet, il y a bien eu un homme masqué à la Bastille (...). Avec ce document nous sortons de la légende et nous entrons véritablement dans l’histoire.

Jean-Christian Petitfils, historien

La cellule du Masque de fer

« Enfermé à Sainte-Marguerite, le Masque de fer ne parlait et ne se dévoilait à personne sauf à Saint-Mars, son geôlier. Sa seule occasion de sortir était d’assister tous les jours à la messe, devant un autel, dans le couloir près de la porte de sa cellule. L’aménagement de sa prison, dont il ne reste rien, comptait du mobilier fonctionnel, des tentures et des tapisseries aux murs et des tapis au sol. La prison passait pour être confortable, le feu était entretenu dans la cheminée. Il ne nous reste rien du célèbre Masque de fer, sinon l’énigme de son identité. »
Source : Musée du Masque de fer et du Fort Royal