« Mystérieux insectes, sur la piste des origines », enquête au cœur des plus récentes explorations scientifiques

S’il n’y avait pas d’insectes, la planète serait recouverte de matières organiques mortes et aurait du mal, vraiment, à héberger à nouveau la vie. On peut même aller jusqu’à dire que finalement s'il n’y avait pas eu les insectes, il n’y aurait pas eu l’homme ou les primates. Toute cette masse de matière vivante qui vit et qui meurt, elle a besoin, pour être réutilisée par les matières vivantes, d’être plus rapidement mise à disposition et, pour cela, elle a besoin d’être digérée d’abord par des insectes... 

Romain Garrouste, paléo-entomologiste au Muséum national d’histoire naturelle

Exception faite des coccinelles, des abeilles, des libellules et des papillons, les insectes n’ont pas toujours bonne presse et, malgré leur raréfaction annoncée, les plus mal-aimés ne remontent guère dans notre estime. Pourtant, une seule espèce viendrait à manquer et nos écosystèmes s’en trouveraient chamboulés. Difficile à croire, vraiment ? Rappelez-vous vos cours de sciences naturelles (ou de SVT, pour les plus jeunes). Non seulement les insectes jouent un rôle primordial dans la décomposition des matières organiques, mais ils sont aussi un mets de choix pour les hirondelles, les mésanges, les chauves-souris d’Europe, les lézards ou encore les batraciens.
Puisqu’ils sont les maillons d’une chaîne, si vitale pour notre avenir, prenons le temps de nous familiariser avec leur univers, d’en découvrir les spécificités ou les prouesses. Et qui mieux qu’un paléo-entomologiste, comme Romain Garrouste, pour nous servir de guide. Avec lui, nous allons découvrir le travail des scientifiques qui étudient, scrutent, analysent ces insectes sous toutes les coutures et sur tous les continents, et qui n’hésitent pas à remonter le temps pour mieux les appréhender.

Sonder le passé pour envisager l’avenir

En étudiant des fossiles d’insectes, chercheurs et scientifiques cherchent à comprendre comment certaines espèces sont parvenues jusqu’à nous et par quelle transition, quelle métamorphose, elles ont acquis leur forme actuelle. Il faut savoir s’armer de patience pour espérer tomber sur la perle rare. Comme l’explique Torsten Wappler à Romain Garrouste à propos des strates de plaque qu’ils manipulent dans un ancien lac qui s’était formé dans un cratère de volcan en Allemagne : « On estime qu’un millimètre correspond à une année (…) et là-dedans on peut revisiter l’histoire de la Terre sur les derniers cinquante millions d’années (…). Et en plus il s’est formé un dépôt de bitume fossile qui est fantastique et intéressant pour la recherche car tout le matériel paléontologique, notamment les plantes et les insectes fossiles, a gardé tous ses détails, même les insectes ont conservé leurs couleurs.Quand on retrouve des insectes brillants, d’une couleur bleu métallique, c’est plus ou moins la couleur de ces insectes il y a cinquante millions d’années. » Il y a de quoi s’émerveiller face à ces traces du passé, à cette vie qui n’est plus mais qui est indubitablement liée à notre présent.
Il n’existe qu’une ancêtre commune à tous les insectes. Surnommée Lucia par Romain Garrouste, elle est l’objet de toutes les hypothèses : à quelle époque et dans quelle condition a-t-elle vu le jour ? Pour comprendre comment paléontologues et biologistes tentent de l’approcher, il vous faudra regarder ce documentaire. Ce sera aussi l’occasion de découvrir la spécificité du vol des odonates ou de celui de certains moucherons, la vitesse relative de déplacement des coléoptères et les capacités physiques des scarabées… 

On a une vision très manichéenne des insectes. Les insectes ne sont ni des dieux ni des démons. Et même les espèces qui peuvent poser problème à certains moments sont prédatés, sont consommés par d’autres espèces. Et si on avait la capacité, par magie, de supprimer une de ces espèces qui nous posent de gros problèmes, il y aurait probablement des réactions en chaîne.

Philippe Grandcolas, entomologiste et directeur de recherche au CNRS

Intervenants

Romain Garrouste, paléo-entomologiste au Muséum national d’histoire naturelle
Philippe Grandcolas, entomologiste et directeur de recherche au CNRS
Torsten Wappler, conservateur au musée d’État de Hesse
Bernhard Misof, entomologiste et directeur du Museum Alexander-Koenig
Diying Huang, paléontologue
Kathleen Dollman, chercheuse post-doctorale
Jean-Sébastien Steyer, paléontologue, CNRS
Camille Aracheloff, doctorante
Thomas Steinmann, ingénieur de recherche, CNRS
Jérôme Casas, professeur – Université de Tours – IRBI
Olivier Matton, responsable de la conservation et de l’éducation
Jason Willett, technicien-préparateur

Dans les forêts tropicales, c’est vrai que la diversité des Lépidoptères est très impressionnante, en termes de forme, de couleur, de morphologie d’ailes. Cette diversité, énorme, elle existe parce que justement il y a des interactions complexes, multiples. Mais on ne connaît pas les relations que ces organismes ont entre eux, ont avec la végétation ou sur quel type de plantes ils vivent, par exemple. Or ces relations sont essentielles à la compréhension des écosystèmes.

Romain Garrouste

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