« Rendez-vous en terre inconnue avec Slimane chez les Bijagos »
Slimane : « Je me suis senti comme à la maison »
France 2
Info & société
Pour ce 30e « Rendez-vous en terre inconnue », c’est le chanteur Slimane qui s’est envolé, les yeux bandés, au bras de Raphaël de Casabianca, pour l’archipel des Bijagos, au large de la Guinée-Bissau, un territoire aux airs de paradis perdu où vit un peuple défendant farouchement son indépendance et sa terre. Mardi 28 mai à 21.10 sur France 2.
C’est sur l’une des îles les plus isolées, au nord de l’archipel des Bijagos, que Raphaël et Slimane ont rendez-vous avec deux frères, Edgar et Negado. Pour retrouver leurs familles, il faut s’enfoncer dans les terres, tourner le dos à la mer. Les Bijagos ont blotti leurs villages à l’abri d’une forêt dense et humide, qui les protège et les nourrit. Ce peuple, dont la mémoire a été profondément marquée par l’esclavage, vit, aujourd’hui encore, loin des regards.
Les Bijagos semblent ainsi évoluer à la frontière de deux mondes. Ici, le respect de la nature va de pair avec le maintien de croyances animistes et de coutumes séculaires. Les esprits cohabitent avec les hommes, et dictent même certains usages. Même si, aujourd’hui, les traditions sont parfois bousculées par les incursions de la modernité et les envies d’ailleurs des plus jeunes.
Raphaël et Slimane arrivent au moment de la récolte du riz. Une activité qui conditionne l’année : une bonne récolte, et la nourriture est assurée pour de nombreux mois. Toutes les familles de la communauté sont mobilisées.
Cette récolte du riz, l’usage des plantes ou le ramassage des coquillages – première source de protéines des Bijagos – permettent à Slimane et Raphaël de comprendre comment le quotidien se conjugue avec une compréhension fine des ressources naturelles et leur préservation.
Auprès des familles d’Edgar et Negado, Raphaël et Slimane participent à toutes les activités du quotidien et découvrent peu à peu une communauté soudée, où l’entraide est la règle. Une fois dissipée une pudeur teintée de méfiance, c’est toute une communauté qui s’est ouverte à ses invités, pour un partage puissant et réciproque. Une rencontre qui va bouleverser le chanteur.
Slimane : « Je me suis senti comme à la maison »
Vous dites au début du film que vous n’êtes pas un aventurier. Pourquoi avoir accepté de partir en terre inconnue ?
Je ne suis pas un aventurier du point de vue physique. Le dépassement physique, ce n’est pas mon truc, a priori. En revanche, aller à la rencontre de gens, de cultures, ça j’adore. Mais la véritable raison qui m’a poussé à accepter, c’est que je suis super fan de l’émission depuis toujours. Alors quand on me dit « c’est maintenant », je n’hésite pas une seconde.
Est-ce que vous aviez certaines angoisses avant de partir ? Peur du manque de confort ? Ou d’être coupé de vos amis et de votre famille ?
Le manque de confort n’était pas du tout un souci. Ça m’est égal. À l’inverse, ça a été assez dur de quitter ma fille, bien sûr, mais aussi mon entourage. Je suis très entouré, et très proche de ma famille et de mes amis. Imaginer ne pas les voir ni leur parler pendant deux semaines était un vrai défi.
Redoutiez-vous certaines destinations ? Certaines situations ?
Les seules choses que je redoutais, c’étaient la jungle, l’humidité et les insectes. Et j’ai mis en plein dans le mille (rires) !
Quand vous apprenez la destination dans l’avion, c’est la panique ?
Non, pas du tout ! À ce stade de l’aventure, je suis encore naïf (rires). Je n’entends que les mots « archipel » et « Afrique ». Alors je suis le plus heureux. C’est bien plus tard, quand on avance sur ce petit chemin au milieu de la jungle, que je commence à réaliser.
Quel souvenir gardez-vous de votre première rencontre avec Edgar et Negado ?
C’est un moment magique. Presque mystique. Il y a cette falaise rouge, ce sable blanc et eux qui arrivent au loin. Et enfin ils sont là, devant nous. C’est un bonheur immense de les rencontrer après un si long voyage.
On sent une réelle connivence avec les femmes. Vous semblez très complices. Comment avez-vous réussi à établir ce lien ?
C’est quelque chose qui s’est fait complètement naturellement. Depuis que je suis tout petit, j’ai conscience de la force des femmes, de leur puissance. J’ai beaucoup de respect pour les femmes en général. Là-bas, elles ne s’arrêtent jamais. Elles gèrent tout. Et, en plus de tout le reste, elles se sont occupées de moi comme l’auraient fait ma mère, mes sœurs ou mes tantes. J’ai été très dépaysé par le lieu mais pas par le fonctionnement familial. Je me suis senti comme à la maison. J’aurais pu être en Algérie avec ma propre famille. Il n’y a jamais eu aucun malaise entre nous.
L’univers spirituel des Bijagos est teinté de beaucoup de mystères et de secrets. Qu’avez-vous ressenti ? Est-ce que vous imaginiez un jour assister à de telles cérémonies ?
Il y a une grande force qui émane de leur spiritualité. Au-delà des cérémonies, chaque action, chaque geste du quotidien en est imprégné. Je vis ma spiritualité un peu comme ça aussi. Pour eux, chaque moment partagé est une bénédiction. Tu ne souhaites que le meilleur pour les autres. Tu partages tout ce que tu as. C’est très beau.
Leur rapport au vivant, à la nature, est également très fort.
Oui, ils sont connectés à tout, partagent tout. Ils prélèvent ce dont ils ont besoin, pas plus. Les arbres sont chez eux, au même titre que les hommes.
Vous êtes bouleversé au moment de les quitter. Vous vous attendiez à être submergé comme ça ?
Pas du tout ! Pour être honnête, j’étais même plutôt content de rentrer parce que je savais que j’allais retrouver ma fille. J’étais très heureux de ces rencontres, mais je savais qu’il était temps pour moi de rentrer. Et au moment de partir, sur cette plage, c’est comme s’il y avait un déclic dans ma tête. Je réalise que je ne vais probablement jamais les revoir. Et puis tout est en train de changer chez eux. On ne laisse pas des gens pour lesquels on se dit que tout va bien aller. C’est beaucoup plus urgent, beaucoup plus vital que ça. Si les récoltes de riz ne sont pas bonnes, c’est presque une question de vie ou de mort. Alors forcément, on s’inquiète. Et l’émotion vous dépasse.
Est-ce que ce voyage vous a permis de découvrir des choses sur vous-même ?
Je ne dirai plus jamais que je ne suis pas un aventurier (rires) ! Si j’avais su exactement ce qui allait m’arriver, je ne sais pas si j’aurais dit oui… L’air était littéralement irrespirable, il y avait des serpents hyper dangereux (même si on nous avait rassurés en nous expliquant qu’il n’y avait jamais d’accidents), la nuit on dormait très mal. Je suis hyper fier de moi ! Fier d’avoir réussi à me dépasser.
Qu’est-ce qui a été le plus dur à surmonter ?
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce qui a été le plus dur, ce n’est pas la chaleur, ni l’humidité, ni les insectes… Mais c’est bien le manque de ma fille.
Est-ce que vous avez pu lui raconter ce voyage ?
Elle n’avait qu’un an et demi quand je suis rentré. Je lui ai dit que j’avais rencontré de nouvelles personnes, de nouveaux amis, qui vivent dans un autre pays. Mais je l’ai tout d’abord – et surtout – étouffé de bisous (rires) ! J’ai pris des notes et fait des dessins durant tout le voyage. Je sais que c’est une expérience que je n’oublierai jamais et dont je lui parlerai souvent. Mais en plusieurs fois.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ? Qu’est-ce que vous n’oublierez jamais ?
Le plus fort pour moi, ce sont sans aucun doute ces rencontres. Ce n’est pas le voyage, ni le fait que j’ai réussi à dépasser mes peurs. Mais ce sont ces êtres humains merveilleux et bienveillants.
Propos recueillis par Adenium TV France
Rendez-vous en terre inconnue avec Slimane chez les Bijagos
Magazine documentaire (2024 – Inédit) – Écrit par Frédéric Lopez, Raphaël de Casabianca et Lisa Delahais – Réalisation Pierre Stine – Production Adenium TV France – En coproduction avec France Télévisions – Rédactrice en chef Lisa Delahais
Diffusion mardi 28 mai à 21.10 sur France 2
À voir et à revoir sur france.tv.