« Raphaël Tronché, le colosse aux mains agiles » : portrait sensible d'un champion de boxe aux multiples facettes
Du haut de son 1,87 mètre et de ses 120 kilos, Raphaël Tronché, triple champion de France de boxe anglaise, assume aujourd'hui une grande sensibilité longtemps refoulée. « Le colosse aux mains agiles » raconte le parcours chahuté d'un écorché vif qui s’épanouit aussi loin des rings, dans la musique et le milieu associatif. Ce documentaire captivant, signé Tarik Ben-Ismaïl, est à découvrir ce lundi soir, à 23.50 sur France 3 et sur La1ere.fr.
« Le boxeur, on a du mal à le voir doux, sensible. C’est un mec dur sur le ring... J’ai le droit d’être doux, d’aimer, d’être sensible… »
Aujourd'hui, Raphaël Tronchet revendique cette sensibilité longtemps enfouie. Dans sa petite pièce privée, rien qu'à lui, où trônent ses instruments de musique — il a appris, seul, à en jouer une demi-douzaine –, Raphaël affirme également avec humilité la multitude de ses talents. « Je ne suis pas boxeur, je ne suis pas danseur, je ne suis pas musicien, je suis tout ça à la fois. » Un équilibre que l'homme a mis un certain temps à trouver...
Petit dernier d’une famille de dix enfants, Raphaël Tronché, natif de Calais, a grandi dans un milieu difficile, entre un père alcoolique abîmé par la vie et des grands frères braqueurs qui enchaînent les séjours en prison. Adolescent, le jeune homme découvre la boxe et la musique grâce à un animateur de quartier. Dans la fureur de la boxe, Raphaël a pu évacuer sa violence intérieure, toujours tiraillé entre ses démons qui l’incitent à serrer les poings et ce besoin de s'échapper par la musique. Grâce à son talent et à sa persévérance, le colosse virtuose sera sacré triple champion de France de boxe dans la catégorie des poids lourds.
Mais, à 20 ans, alors que l'on menace son frère, Raphaël se prend une balle qui vient se loger dans son omoplate, après avoir frôlé son cœur de près... Son père est alors en phase terminale d'un cancer. Apeuré, incapable de manger, dos au mur, il mettra un an et demi à remonter sur un ring. Pour lui, il est « plus facile de se battre sur un ring que de se battre contre soi-même ».
Et malgré son palmarès, son plus grand combat, c'est contre la dépression qu'il le mènera. « J’ai souffert, pleuré, avoue-t-il. Toutes les larmes que je ne m'étais pas autorisées, je les ai versées en 2019. » Celui qu'il surnomme son « vieux père», Jean-Paul Ghesquiers, l'aide à surmonter « le poids de sa jeunesse » et à appréhender cette mélancolie qui l'aide, malgré tout, à avancer.
Amoureux des challenges, Raphaël délaisse la boxe anglaise pour le kickboxing. Le réalisateur du documentaire, Tarik Ben-Ismaïl, le suit ainsi dans son premier combat, face à l’Anglais Daniel Sam, un super lourd de 123 kilos pour 1,97 mètre et légende de cette discipline. Raphaël cherche à combattre sans colère et à délivrer des K.-O. avec art. « Pas besoin d'être en colère pour faire du bon travail », lâche celui qui a enfin réussi à trouver son salut.
Une semaine après son combat, Raphaël organise « Boxe avec les maux », un nouveau défi. Social cette fois. Une dictée-barbecue géante pour communiquer aux jeunes de sa ville de Grande-Synthe, où vit encore sa mère, l’importance du verbe et du savoir.
« Les mains sont faites pour caresser, jouer du piano mais pas du tout pour cogner quelqu'un », rappelle simplement le colosse aux mains agiles.
Raphaël Tronché, le colosse aux mains agiles
Documentaire (52 min) — Réalisation Tarik Ben-Ismaïl — Production Zycopolis Productions, Esperanza Production, Heart — Avec la participation de France Télévisions et TV5 Monde — Et le soutien du Centre National du Cinéma et de l'image animée
Diffusion le 11 septembre à 23.50 sur France 3 dans la case outremer.ledoc
Et sur La1ere.fr, l'offre numérique Outre-mer de France Télévisions.
À voir et à revoir sur france.tv