« Petit Ange », un thriller familial entre Hitchcock et Chabrol
Trente ans après de tragiques événements, une jeune femme (Alexia Barlier) retourne dans le manoir où elle a grandi. Elle pense y refaire sa vie : elle devra y affronter les démons de son enfance. Huis clos familial à la Chabrol, thriller psychologique à la Hitchcock, « Petit Ange » est un bijou de noirceur et de suspense dominé par l’interprétation d’Anny Duperey, redoutable en mère abusive. Mercredi 4 octobre à 21.10 sur France 2.
Un manoir de pierres grises, une falaise majestueuse, des tourelles élégantes, une chapelle et l’océan à quelques pas. Trente ans après d’obscurs événements qui avaient conduit son père à abandonner le domaine et lourdement handicapé sa mère, Clara pousse à nouveau les grilles de Blanchefaille. Les meubles sont quelque peu décrépits, les parquets grincent et l’électricité n’est plus aux normes. Qu’importe ! La jeune trentenaire a de l’énergie à revendre. Avec son compagnon et la fille de ce dernier, elle réinvestit les lieux, des rêves plein la tête. Nouveau départ, promesse d’une vie heureuse avec la famille qu’elle s’est choisie. Mais voilà (car il y a toujours un « mais » dans les bonnes histoires qui se suivent avec passion), il faut aussi composer avec la famille dont on est issu. Et Clara va devoir non seulement reprendre contact avec sa mère, nouvellement veuve, mais surtout l’accueillir à Blanchefaille. Inutile de dire que le rêve de bonheur tourne court (Spoiler Alert : il tourne même au cauchemar). La maison, où ses parents accueillaient autrefois des enfants placés, résonne des traumas passés et sa mère ne cesse de distiller le chaud et le froid sur ses souvenirs. Peu à peu, les fantômes reviennent : Clara se souvient d’un pensionnaire qu’elle jalousait, de sa mort suspecte, de sa propre violence à son égard. Elle se met à douter d’elle-même. Serait-elle un danger pour les autres comme pour elle-même ? Et si la vérité était bien pire qu’elle ne peut l’imaginer ?
— Pourquoi tu ne m’en as pas parlé plus tôt ?
— Pour pas que tu me regardes comme ça... comme si j’étais folle !
Dominé par l’interprétation d’Anny Duperey, machiavélique en mère abusive et manipulatrice, autant que par les pierres de ce manoir labyrinthique (le décor devenant un personnage à part entière, comme dans les films gothiques de la Hammer), ce « Petit » Ange a tout d’un grand film noir. Dans ce jeu d’allers-retours entre passé et présent, entre raison et folie, la réalisation habile de Christian Bonnnet et le scénario au cordeau de Perrine Fontaine et Véronique Lecharpy ne cessent de se jouer des non-dits et de multiplier les fausses pistes. Le film lorgne à la fois vers la précision clinique des huis clos familiaux à la Claude Chabrol que vers les intrigues retorses des thrillers psychologiques d’Alfred Hitchcock. Chaque ligne de dialogue est à double fond, créant une tension (tension domestique, tension horrifique), dont les comédiens s’emparent en formidables équilibristes (face à Anny Duperey, Alexia Barlier et Arnaud Binard forment un couple en pleine tempête, oscillant entre confiance et doute). Noir, certes, mais brillant.
Petit Ange
À la mort de son père, Clara rouvre les portes de Blanchefaille, un vieux manoir perché sur une falaise dominant l’océan ; une maison de famille, qu’elle a quittée à l’âge de 7 ans, après l’accident dramatique qui a handicapé sa mère, Sybille.
Réinvestir cette maison pourrait être l’occasion de renouer avec sa mère, avec qui elle entretient des rapports distants, et démarrer une vie nouvelle avec Arthur, son mari depuis peu, veuf et père d’une adolescente qui a, elle aussi, besoin de renouveau.
Mais la maison, où ses parents accueillaient autrefois des enfants placés, semble lui résister et résonne des échos du passé : des souvenirs enfouis ressurgissent, des traces réapparaissent, des fantômes se réveillent… Peu à peu des indices révèlent de terribles secrets : une enfance beaucoup plus sombre que dans les souvenirs flous de Clara, son tempérament très jaloux, la mort suspecte de ce petit garçon placé qu’aimait tellement sa mère. Clara se met à douter d’elle-même. A-t-elle été une petite fille violente jusqu’à tuer ? Est-elle restée dangereuse à l’âge adulte ? Serait-elle capable de faire du mal à Arthur et à sa fille ? Et si la vérité était bien pire que celle qu’elle avait imaginée ?
Téléfilm inédit (90 min – 2023) – Réalisation Christian Bonnet – Scénario Perrine Fontaine et Véronique Lecharpy, d’après une histoire originale de Perrine Fontaine et Lorène Delannoy – Production France TV Studio et Dalva Productions, avec la participation de France Télévisions
Avec Anny Duperey, Alexia Barlier, Arnaud Binard, Daphné Girard, Julie Victor, Julie Duquenoy, Renaud Hézèques…
Petit Ange, diffusé mercredi 4 octobre à 21.10 sur France 2 est à (re)voir sur france.tv