« Parlement », saison 3

Malgré ses gaffes mémorables et un enthousiasme souvent assez brouillon, Samy Kantor (Xavier Lacaille) poursuit son bonhomme de chemin et monte peu à peu dans l’échelle hiérarchique de la machine européenne : le voici désormais conseiller politique de son groupe – ce qui consiste surtout à animer des réunions d’assistants parlementaires suffisants et chahuteurs. Il file le parfait amour avec Rose (Liz Kingsman). La jeune femme anglaise, devenue quelque peu décalée dans un Parlement post-Brexit, est elle aussi passée de l’autre côté : journaliste freelance, elle a rejoint les soutiers de l’information politique, l’armée de pisse-copie qui s’affairent dans les coulisses. « Tu es une sorte de livreur de l’économie de marché qui doit livrer dix-sept repas par jour pour payer son vélo en leasing », la prévient d’emblée une collègue plus expérimentée. Rose va surtout devoir apprendre – à ses dépens – à faire la différence entre une information, une fuite et une blague en off…
De son côté, Michel Specklin (Philippe Duquesne) voit avec consternation arriver le terme de son mandat de président du Parlement. Certes, il est comme on le sait moins préoccupé par la législation européenne que par la présence de camembert rôti au menu de la cantine, mais enfin, « on faisait du bon boulot, quand même ». Et puis l’arrogance des Allemands, qui font pression pour mettre la main sur le poste, l’agace. Comme elle finit par agacer Martin Kraft (Johann von Bülow). Le chef de cabinet de la présidence, que ses compatriotes commencent à soupçonner d’être devenu un peu trop français, a en tout cas à cœur de protéger son ami. Il parvient même à une conclusion audacieuse : il faut que Michel reste président !
Mais voici le quotidien de Samy bousculé par un événement dont on ne sait pas très bien s’il s’agit d’une opportunité ou d’une catastrophe : le retour de Valentine Cantel (Georgia Scalliet). La jeune femme est pressentie pour devenir la nouvelle commissaire française. Rappelons qu’il s’agit rien moins que d’une sorte de ministre au niveau européen, dont la nomination est suggérée par le président de la République mais doit être validée par les membres du Parlement. Samy, en tout cas, a bien l’intention de se faire une place dans son futur cabinet. Mais voilà, Valentine n’a pas changé et son caractère égocentrique, sa délicatesse d’éléphant et son tempérament impétueux vont déclencher une guerre entre le Parlement et la Commission. Tout le monde est tenu de choisir son camp, Samy, Gesine, Sven, Guido… et même Eamon ! Les cartes politiques sont rebattues, les alliances d’hier volent en éclats et Samy va devoir mettre en balance ses valeurs, sa carrière et ses amours…
Pour la troisième fois, la série créée par Noé Debré réussit le défi de tenir ensemble satire mordante, pédagogie et foi dans les institutions européennes. De nouveau, c’est sans doute Eamon (William Nadylam), gardien du temple à la fois désabusé et fervent, qui livre la plus belle des analyses : « Dans l’hémicycle, les contradictions politiques se résolvent toujours. Cette mise en scène du conflit et la catharsis qui en résulte sont l’essence même de la démocratie. Ce n’est pas par hasard que le théâtre et la démocratie sont nés ensemble à Athènes. »