« Nos folies ordinaires » : reprendre pied malgré la maladie mentale
Adèle Flaux et Jérémy Frey ont suivi Hana, Maximilien, Arnaud et Imelda, qui souffrent de troubles psychiques et témoignent de leur quotidien, entre préjugés à leur égard et aspiration à une vie heureuse en dépit de la maladie. Dans « Infrarouge », présenté par Marie Drucker, mercredi à 22.40 sur France 2.
Hana, Maximilien, Arnaud et Imelda souffrent de schizophrénie, de bipolarité, de dépression grave ou de trouble borderline… Ils font partie de ceux que l’on dit « fous » : c’est environ trois millions de personnes en France, dit-on, et un grand tabou, une grande trouille assez floue. La folie est multiforme, elle touche sans distinction toutes les catégories sociales, tous les milieux culturels, toutes les origines, elle est souvent invisible – la plupart des personnes concernées vivent en dehors des institutions psychiatriques. Leur folie, c’est aussi la nôtre. On estime qu’une personne sur cinq y sera confrontée au cours de sa vie… Il va bien falloir s’y résoudre : la maladie mentale est ordinaire.
Hana, Maximilien, Arnaud et Imelda sont épuisés d’avoir à se cacher pour tenter d’échapper aux regards de travers, à la crainte et aux préjugés, y compris de la part de leurs proches (ils se racontent des histoires, ils ont un poil dans la main, etc.). Ils ont décidé de ne plus subir l’ignorance et de raconter à visage découvert leur quotidien et leurs galères – les mêmes errances de diagnostic, les mêmes discriminations –, de raconter surtout comment ils apprennent peu à peu à vivre avec leurs troubles. Leurs récits sont un plaidoyer pour la différence et contre la fatalité : même vécue comme un handicap invisible, la maladie mentale n’empêche pas ceux qui en souffrent de vivre en société, d’aimer, de travailler, de s’engager.
« En France, on estime à trois millions la part de la population atteinte de troubles psychiques sévères : schizophrénie, bipolarité, trouble borderline, dépression grave… Pourtant, nous continuons de penser que la maladie mentale est réservée à une petite partie d’entre nous, une marge qui vivrait recluse en dehors de la société, enfermée dans des hôpitaux psychiatriques. Si le sujet est omniprésent dans nos discussions et dans les médias, nous manquons encore de repères. Les concepts sont flous, et les professionnels ne sont pas unanimes.
Et le diagnostic n’est que rarement la promesse d’une prise en charge adaptée. Pour beaucoup, c’est même le début d’un parcours chaotique d’errance médicale pouvant durer des années. Pour lutter contre les effets dévastateurs de cette stigmatisation qui pèse sur les troubles mentaux, une alternative est née aux États-Unis à la fin des années 1990 : le “rétablissement”. Cette méthode révolutionnaire part d’un constat : une majorité des personnes qui souffrent de troubles psychiques se rétablissent, reprennent pied et parviennent à bien vivre avec leurs troubles. Ce nouvel usage de la psychiatrie aide les patients à se projeter au-delà de la maladie pour retrouver un pouvoir d’agir sur leur vie. Porté par les principaux concernés – les usagers de la psychiatrie eux-mêmes –, le mouvement du rétablissement symbolise la révolte de ces patients contre un système de soin qu’ils jugent maltraitant. En prenant leur part dans la réflexion et l’organisation de leur soin, ils refusent d’être enfermés, et définis par leur maladie. »
Adèle Flaux
Après la diffusion de Nos folies ordinaires, Marie Drucker propose un débat avec le Dr Pierre de Maricourt, médecin, psychiatre et chef de service à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, et Victoria Leroy, cofondatrice de La Maison perchée.
Nos folies ordinaires
Documentaire (52 min – 2023 – inédit) – Écrit par Adèle Flaux – Réalisation Adèle Flaux et Jérémy Frey – Production Cinétévé, avec la participation de France Télévisions