« Médicaments : la bombe à retardement »

C’est la pilule qui ne passe pas : nos médicaments, créés pour nous soigner, en viennent à menacer notre santé. Le cycle – vicieux – est connu : quand nous prenons un médicament, nous en rejetons les molécules en allant aux toilettes ; puis, faute de retraitement dans les stations d’épuration – alors qu’il serait possible de le faire –, ces molécules se retrouvent dans les rivières avec des conséquences désastreuses non seulement sur le développement de la faune et de la flore mais aussi sur les humains. Relâchées dans la nature, ces molécules entrent en contact de bactéries et les modifient. Résultat : ces dernières apprennent à résister aux médicaments que nous prenons pour les combattre en cas d’infection – ce que l’on nomme l’antibiorésistance. Et il devient de plus en plus difficile de nous soigner. « Avec le covid, explique en guise de comparaison un scientifique rencontré par Hugo Clément, il y a eu 6 millions de décès en deux ans. L’antibiorésistance, en 2019, aurait tué 5 millions de personnes. »
Fidèle à son engagement et au principe de Sur le front, le journaliste présentateur mène ainsi l’enquête auprès de celles et ceux qui tirent la sonnette d’alarme : Pauline Cervan, docteure en pharmacie et toxicologue, analysant les eaux des rivières ; chercheurs espagnols soignant les animaux sauvages empoisonnés ou scientifiques parisiens traquant sur le mobilier urbain de nos villes les traces de bactéries multirésistantes. Hugo Clément remonte également la filière du paracétamol jusqu’à Hyderabad, métropole indienne façonnée par les usines pharmaceutiques qui polluent les rivières et contaminent les populations locales. « Si l’on n’a pas de nouveaux traitements, la situation va empirer », prévient un de ses interlocuteurs.
En réponse, et plutôt que de s’en tenir à un constat catastrophiste, l’équipe de Sur le front rejoint Véronique Eparvier en Guyane. Chercheuse au CNRS, elle découvre des champignons rarissimes qui contiennent peut-être les molécules des médicaments de demain. Hugo Clément part aussi à la rencontre de Français qui se battent pour relocaliser la production de médicaments et fabriquer à nouveau du paracétamol sur notre sol sans polluer. Enfin, il interroge ces habitants d’une commune de l’Allier qui ont accepté de payer un peu plus cher pour que leur station d’épuration élimine les résidus de médicaments. Une solution qui préserve leur environnement et notre santé à tous.
En dressant les portraits de celles et ceux qui refusent de baisser les bras, en mettant en lumière leurs combats de l’ombre, Hugo Clément ouvre ainsi un nouveau « front » porteur d’espoir. Médicaments, la bombe à retardement prouve qu’il est encore temps de désamorcer la bombe.