« Luxe, la fabrique du rêve » : Bling, bling gate !

À l’heure de la Fashion Week à Paris, la série documentaire inédite en France « Luxe, la fabrique du rêve » risque bien de créer un gros buzz dans cette industrie où les multinationales se livrent une guerre sans merci, tant économique que de communication, mais surtout d’ego ! Disponible dès le jeudi 21 septembre sur france.tv et les 27 et 28 septembre à 21.10 sur Culturebox. 

« Luxe, la fabrique du rêve » © Misfits Entertainment et France Télévisions

Cette série est l’histoire fascinante et dramatique des empires de la mode (LVMH et PPR-Kering) qui ont été créés entre 1984 et 2000 et ont transformé en profondeur l’industrie du luxe à Paris, Milan, Londres et New York. Derrière le glamour des défilés, les deux groupes rivaux jouent une pièce en quatre actes dans laquelle nous découvrons dans les rôles principaux Bernard Arnault (LVMH), François Pinault (Kering, ex-PPR), Anna Wintour (Vogue) et l’ascension fulgurante des plus grands créateurs : John Galliano, Marc Jacobs, Alexander McQueen et Tom Ford, portés au pinacle par leurs marionnettistes. Chacun des quatre épisodes s’ouvre sur un magnifique générique digne des plus célèbres séries américaines. 
Grâce à des archives inédites et à la collaboration de témoins de premier rang, nous pénétrons les ateliers des plus grandes maisons de haute couture, l’univers impitoyable des défilés, les coulisses de la rédaction de Vogue et les stratégies déployées pour se livrer une véritable guerre des marques.

Pour lui, les gens sont des marchandises.

Mimma Viglezio à propos de Bernard Arnault

Les producteurs de la série, Ian Bonhôte et Peter Ettedgui, déjà nommés aux Bafta pour le film McQueen (2018) et récompensés d’un Emmy Award pour Rising Phoenix (2021), renouvellent leur coopération avec Luxe, la fabrique du rêve, série en quatre épisodes qui se revendique comme le Game of Thrones de la mode. Elle est inspirée du livre Deluxe: How Luxury Lost Its Lustre de Dana Thomas. 

 

 

Que sont devenus ces super créateurs qui ont régné sur la haute couture ?
Et qui est aux commandes aujourd'hui des grandes maisons ?


John Galliano 
En 2011, sa carrière chez Dior s’arrête brutalement après une violente crise délirante pendant laquelle il a tenu des propos racistes sous l’emprise de l’alcool. Après une thérapie, il revient à la couture chez Oscar de la Renta en 2013. Et, depuis octobre 2014, « le surdoué de la mode » est le directeur artistique de Maison Margiela. 

Dior est aujourd’hui designé par Maria Grazia Chiuri. 

Tom Ford 
En avril 2005, un an après avoir quitté Gucci, Tom Ford lance une marque à son nom, dans l’univers de la beauté, puis des lunettes. La première boutique ouvre en avril 2007 en même temps que le lancement des collections de prêt-à-porter homme et accessoires et plusieurs parfums. En 2009, Tom Ford réalise son premier film, A Single Man. Il reçoit le prix du Créateur de l’année 2010, le Vogue Fashion Awards et le Elle Style Awards. Le prêt-à-porter femme est présenté à New York en février 2011. En 2012, il signe les costumes de James Bond dans Skyfall et ouvre deux boutiques parisiennes. 
En 2019, Tom Ford est élu président du Council of Fashion Designers of America (CFDA). En 2023, le styliste annonce le rachat de son entreprise par le groupe Estée Lauder. 

Gucci est aujourd’hui designé par Sabato De Sarno. 

Alexander McQueen 
En 2001, la marque Alexander McQueen est acquise à 51 % par le Gucci Group, ce qui conduit, un an après, « l’enfant terrible de la mode » à quitter la maison Givenchy qui appartient à LVMH, le principal concurrent du groupe italien – racheté par François Pinault en 1999. Le créateur est élu, en 2003, Meilleur designer international. En 2004, il se lance dans le prêt-à-porter masculin et reçoit le titre de British Menswear Designer of the Year. En 2005, Alexander McQueen dessine une collection de baskets, puis, en 2007, une ligne de bagages de luxe. Alexander McQueen se suicide par pendaison, chez lui à Mayfair, le 11 février 2010, la veille des obsèques de sa mère. 

Givenchy est aujourd’hui designé par Matthew M. Williams.  
Alexander McQueen est aujourd'hui designé par Sarah Burton.

Marc Jacobs
Le designer de Louis Vuitton annonce son départ le 1er octobre 2013. Depuis, il travaille pour sa propre marque et les lignes bis qu'il a créées (Marc by Marc Jacobs ; Stinky rat et Little Marc Jacobs pour enfants).

Nicolas Ghesquière a succédé à Marc Jacobs chez Louis Vuitton. 


Parcours des deux rivaux

Bernard Arnault, le bourgeois
En 2023, le businessman le plus connu de France réalise enfin son rêve : devenir lhomme le plus riche du monde pendant le premier semestre, Elon Musk reprenant le haut du podium depuis. La fortune de Bernard Arnault a augmenté de 40 milliards de dollars sur un an. Il reste mécaniquement lhomme le plus riche dEurope et lhomme le plus riche de France. (211 milliards de dollars de fortune nette selon Forbes.)
Issu de la bourgeoisie du Nord, Bernard Arnault reprend l’entreprise immobilière familiale en sortant de Polytechnique. Après trois années passées aux États-Unis, de 1981 à 1984, il convainc Laurent Fabius, alors Premier ministre, qu’il peut sauver le groupe textile Boussac, en faillite, jurant d’éviter son « démantèlement ». Évidemment, il liquide tout et ne conserve que Christian Dior.
Entre 1987 et 1990, Arnault joue à merveille des divisions entre les deux clans LVMH (Louis Vuitton et Moët Hennessy) pour ravir, avec force intrigues, la maison familiale du luxe.
À l’exception de Gucci, racheté par son rival François Pinault, il a amassé toutes les entreprises qu’il convoitait (75) : Sephora, TAG Heuer, Tiffany & Co, Chaumet, Fendi, Bulgari, Kenzo… Sans oublier le rachat, très controversé, du quotidien économique Les Échos
Pianiste émérite et collectionneur d’art, Arnault se pique aussi de mécénat, d’où la Fondation Vuitton à Paris. Le musée a été décrété d’« intérêt public » par l’Assemblée nationale, grâce à un amendement déposé par deux députés, PS et UMP, après une menace d'un groupe écologiste. Devant le poids économique de son groupe, politiques de tous bords s’assoient sur leurs convictions. 

Autre documentaires sur le magnat :
Bernard Arnault, l’enfance est un destin, de Gilles de Maistre et Guillaume Durand (2012, France 5).
Bernard Arnault, un milliardaire Made in France, de Benoît Duquesne (2006, France 2).
Bernard Arnault, l’homme qui valait trente milliards, de Benoît Duquesne et Tristan Waleckx, Complément d’enquête (2014, France 2)
Merci Patron !, de François Ruffin, sorti au cinéma le 24 février 2016.

François Pinault, le self-made-man
Né le 21 aout 1936 dans une ferme des Côtes-d’Armor, François Pinault quitte le lycée catholique de Rennes, où il est pensionnaire, à 16 ans. À 18 ans, il part faire la guerre d’Algérie pendant deux ans et demi. En 1963, François Pinault crée sa première entreprise de négoce de bois, qui, huit ans plus tard, est devenu un empire du bois.
Entre 1978 et 1992, le futur tycoon se spécialise dans la restructuration d’entreprises en difficulté, particulièrement celles dans le secteur industriel du bois et du papier.
Dès 1988, il s’engage dans une politique de diversification et, au début des années 1990, le groupe Pinault devient PPR (Pinault Printemps Redoute) en achetant les magasins Printemps, puis La Redoute. François Pinault devient majoritaire de la Fnac.
En 1999, grâce aux transactions expliquées dans la série, le magnat acquiert 40 % de Gucci et prend le contrôle total de Sanofi Beauté. Sous la direction son fils, François-Henri, PPR devient Kering en 2013 et l’un des fleurons du Cac 40.
Autres investissements : Le Point et le magazine L’Agefi, le stade de football de Rennes, le vignoble Château Latour et la maison de vente aux enchères londonienne Christie’s.
Sa collection ​​​​​​d’art contemporain se chiffre aux alentours de 1,5 milliard de dollars. Elle est visible au Palazzo Grassi et à la Punta della Dogana à Venise, ainsi que, depuis 2021, à la Bourse de commerce à Paris. 
Il a trois enfants : François-Henri (qui est l’actuel président-directeur général de Kering), Dominique et Laurence. Sa fortune est estimée à plus de 38,8 milliards d’euros.

Après l’incendie qui ravagea Notre-Dame de Paris en 2019, les deux hommes se sont battus à coups de millions d’euros pour abonder le plus généreusement la « cagnotte » destinée à la reconstruction de la cathédrale. Leur rivalité n’a pas fini de faire couler de l’encre. 


Luxe, la fabrique du rêve

Une série sur l’histoire fascinante et dramatique des empires de la mode et, derrière le glamour des défilés, celle des groupes rivaux LVMH et Gucci (Kering), qui ont transformé en profondeur l’industrie du luxe à Paris, Milan, Londres et New York.

Épisode 1 : Le loup en cachemire
Épisode 2 : La guerre des sacs à main
Épisode 3 : Splendeur et trahison
Épisode 4 : Descente aux enfers

Série documentaire (4 x 50 min – 2023 – Inédit) – Réalisation Nick Green et Camilla Hall – Production Misfits Entertainment – Coproduction Fremantle et Sky Documentaries

Luxe, la fabrique du rêve est disponible dès le jeudi 21 septembre sur france.tv et diffusé les 27 et 28 septembre à 21.10 sur Culturebox  

Publié par Diane Ermel le 18 septembre 2023
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