Pour « L’Histoire au scalpel », Philippe Charlier lève le voile sur les mystères entourant la mort de Napoléon Bonaparte
Napoléon Bonaparte s’éteint le 5 mai 1821 après cinq ans et sept mois de captivité sur l’île de Sainte-Hélène. Les conditions de détention et le quotidien de l’empereur déchu ont-ils pu avoir une incidence sur sa fin de vie ? Pour le découvrir, suivez les investigations menées par le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier dans ce nouvel inédit de « L’Histoire au scalpel » diffusé jeudi 2 mai à 21.05 sur France 5.
Pour moi, les morts ne sont pas entièrement morts. N’y voyez aucune métaphysique. C’est qu’il y a toujours moyen de leur tirer les vers du nez, si je puis dire. Un moyen de les faire parler et de mieux connaître [leurs modes de vie]. Ce sont des patients du passé.
Philippe Charlier (France Info, 23 novembre 2023)
Nichée dans l’océan Atlantique à 7 300 kilomètres de l’Europe, l’île de Sainte-Hélène est un rocher volcanique qui accueillit le 15 octobre 1815 son plus illustre hôte : Napoléon Bonaparte. Il y demeurera jusqu’à sa mort. Et même au-delà, puisqu’il sera dans un premier temps inhumé sur l’île (avant que son cercueil ne soit rapatrié en France lors d’une cérémonie baptisée « le retour des cendres »). Les Anglais choisirent de loger l’ancien empereur et sa petite cour dans une maison construite sur le plateau de Longwood. Une demeure faite en bois, mal isolée et battue par les vents. « L’endroit est particulièrement antipathique, explique Émilie Robbe, conservatrice en chef du patrimoine au musée de l’Armée. Le plateau est accaparé par des pluies presque incessantes. C’est 90 % d’humidité relative mais uniquement sur ce plateau. Le reste de l’île est un endroit tropical et plutôt agréable. »
En se rendant sur place, le médecin légiste et anthropologue Philippe Charlier aspire non seulement à découvrir les lieux de vie de Napoléon Bonaparte (et, qui sait, pouvoir y effectuer des prélèvements) mais il compte aussi, et c’est une première, mener des fouilles archéologiques en deux endroits distincts du domaine, qui dépend du ministère français des Affaires étrangères (le reste de l’île étant britannique). Un bien hautement symbolique sur lequel veille Michel Dancoisne-Martineau, consul honoraire de France à Sainte-Hélène. « Ici, c’est sa chambre à coucher, indique-t-il à l’anthropologue après l’avoir invité à entrer. La pièce était très humide. Cela ruisselait de partout et le papier peint se décollait tout le temps. Donc, en 1819, ils ont trouvé cette solution de tendre du nankin sur les murs, si bien que l’eau pouvait continuer de ruisseler derrière. Cela n’empêchait pas le tissu de pourrir aussi, mais on le remplaçait une fois tous les six mois. C’est plus facile que de recoller le papier peint tous les matins. Sur le sol, il y avait une moquette verte (…) en dessous un vide avec de l’eau stagnante dans lequel les rats pullulaient. Donc il y a l’odeur d’urine des rats mélangée à de l’eau, le plâtre qui moisissait et pourrissait sur place, Napoléon à qui on faisait inhaler de l’éther à tout bout de champ et lui s’aspergeait avec de l’eau de fleur d’oranger. Cela donnait une espèce de mélange. Et il y avait du feu en permanence dans l’âtre. » En pensant assainir le lieu par des feux continuels, les hôtes ne faisaient que maintenir l’humidité ambiante et les désagréments qui en découlaient.
En poursuivant sa visite, Philippe Charlier découvre la pièce où Napoléon vécut ses dernières semaines, puis celle où son corps fut exposé après sa mort, à savoir son cabinet de travail. Pièce où sera réalisé le premier masque mortuaire de l’empereur par ses proches. Si l’original a disparu, de nombreuses copies existent. Parmi elles, laquelle se rapproche le plus du numéro zéro ?
Hudson [Lowe] lui a rendu la vie difficile et inconfortable. Sans parler des conditions de vie à Longwood. Rien que le fait d’être sur l’île, Napoléon ne pouvait pas être heureux de passer d’empereur à prisonnier. Hudson Lowe, c’est le dernier clou placé sur le cercueil. Il lui a rendu la vie impossible et Napoléon était malheureux.
Adam, Plantation House (la résidence des gouverneurs)
Science grand format : L’histoire au scalpel
Napoléon à Sainte-Hélène, le dernier acte
5 mai 1821, Napoléon Bonaparte s’éteint après cinq ans et sept mois d’exil sur l’île de Sainte-Hélène, à l’âge de 51 ans. Plus de deux cents ans plus tard, Philippe Charlier réouvre un des cold cases les plus célèbres de l’histoire. Une enquête unique sur les derniers moments de l’empereur, pour tenter de percer les mystères des circonstances de sa mort. Napoléon a-t-il été empoisonné à l’arsenic par ses geôliers anglais ? Dans quelles conditions l’autopsie s’est-elle déroulée ? Était-il atteint d’un cancer ? Pourquoi existe-t-il autant de masques mortuaires de l’empereur ? Un polar scientifique et historique passionnant au cœur de la légende napoléonienne.
Magazine – Présentation Mathieu Vidard
Documentaire (90 min – 2024 – inédit) – Idée originale Philippe Charlier – Auteur et réalisateur Dominique Adt – Production Capa Presse et Matcha, avec la participation de France Télévisions
Ce documentaire est diffusé jeudi 2 mai à 21.05 sur France 5
Science grand format : L’Histoire au scalpel est à voir et revoir sur france.tv