« Les Capulet et les Montaigu » à l’Opéra national de Paris

Tous à l’Opéra !

De « Roméo et Juliette », on connaît la tragédie shakespearienne, moins l’opéra de Vincenzo Bellini, d’après un livret de Felice Romani. C’est cette version de l’histoire tragique des amants de Vérone que France 5 vous propose de découvrir mercredi 3 mai à 21.10, captée à l’Opéra national de Paris et magnifiée par la mise en scène de Robert Carsen.

La querelle entre Capulet et Montaigu devient une véritable guerre. © Emilie Brouchon / OnP

L’histoire de cet opéra commence par un défi : Vincenzo Bellini veut présenter la première de sa version du drame de Roméo et JulietteLes Capulet et les Montaigu, à La Fenice, le célèbre opéra de Venise, en 1830. Problème, il ne dispose que de six semaines ! C’est avec l’aide et la complicité de Felice Romani, son librettiste de choix depuis leur première collaboration avec Il pirata (1827), qu’il va réussir ce tour de force.
Et justement, Romani écarte la version de Shakespeare pour revenir à celle italienne d’origine, de Luigi da Porto (1530). D’autres sources citent quant à elles les Nouvelles de Mathieu Bandello (dont Shakespeare s’est lui-même inspiré).

Une scène inédite
Le conflit entre les deux familles est d’une rare intensité. Tout Vérone résonne de la tension qui monte chaque jour un peu plus entre Capulet et Montaigu, après que Roméo a tué le fils aîné des Capulet (et frère de son amante, Juliette). C’est pourtant lui qui va tenter tout au long de cette tragédie d’éviter la guerre ou de fuir avec celle qu’il aime, en vain.
L’opéra ressuscite également une scène que Shakespeare avait omise : lorsque Juliette – que Roméo croyait morte – s’éveille dans la tombe, les deux amants peuvent échanger quelques mots avant de s’endormir à jamais. Et donne à Bellini l’occasion de composer des envolées lyriques.
Une double mort qui ne résout rien, puisque les combats reprennent sitôt les amants défunts découverts.

Un chef-d’œuvre du bel canto
Les Capulet et les Montaigu est une manière pour Bellini de s’inscrire pleinement dans la mouvance du bel canto et de s’offrir une place de choix aux côtés des autres maîtres du genre, Rossini, Donizetti et Verdi.
Ainsi, le rôle de Roméo est écrit pour un mezzo-soprano travesti. Dans cette version présentée à l’Opéra national de Paris, c’est même une femme, Anna Goryachova, qui l’interprète brillamment (à noter que dans sa version de 1966, le chef d’orchestre Claudio Abbado prit le contrepied en confiant le rôle au ténor Giacomo Aragall). Elle forme avec Ruth Iniesta (Giulietta) – qui signe une performance remarquée – un duo au service de la musique onirique de Bellini, qui leur réserve plusieurs envolées lyriques. 
Sans oublier les solos pour hautbois, flûte traversière ou cor, entre autres, interprétés avec brio par les solistes de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris.
Face à cela, la mise en scène de Robert Carsen fait dans l’épure avec des décors minimalistes où la couleur rouge domine chaque scène, reflétant tantôt les passions tristes (haine, rage, violence, vengeance, guerre), tantôt l’amour filial et celui des deux amants.

Les deux amants peuvent échanger quelques mots avant de s’endormir à jamais
Les deux amants peuvent échanger quelques mots avant de s’endormir à jamais
© Emilie Brouchon/OnP

« Les Capulet et les Montaigu » à l’Opéra national de Paris

Opéra (139 min – 2022) – Musique Vincenzo Bellini – Livret Felice Romani – Direction musicale Speranza Scappucci, avec l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra national de Paris – Réalisation François Roussillon – Mise en scène Robert Carsen – Décors et costumes Michael Levine – Lumières Davy Cunningham – Production Opéra national de Paris et François Roussillon et Associés, avec la participation de France Télévisions et le soutien du CNC et de la Fondation Orange

Distribution 
Giulietta
: Ruth Iniesta
Roméo : Anna Goryachova
Tebaldo : Francesco Demuro
Capellio : Jean Teitgen
Lorenzo : Krzysztof Bączyk

« Les Capulet et les Montaigu » à l’Opéra national de Paris est diffusé vendredi 5 mai à 21.10 sur France 5 et à revoir sur france.tv 

#TousAlOpera  


Tous à l’Opéra ! – Du 5 au 7 mai

France 5
Dimanche 7 mai à partir de 14.30

• Défilé du corps de Ballet (15 min)
Sur la « Marche » des Troyens d’Hector Berlioz, les danseurs de l’Opéra de Paris arrivent lentement, depuis le Foyer de la Danse situé à l’arrière de la scène, et s’avancent jusqu’au proscenium pour saluer le public.

• Mon premier Lac des cygnes (80 min)
Mon premier Lac des cygnes a été imaginé et créé par Karl Paquette, danseur étoile jeune retraité de l’Opéra national de Paris, afin de rompre avec l’image encore trop élitiste du ballet classique et d’attirer à lui un plus vaste public.

Culturebox
Samedi 6 mai à 21.10 
Les Paladins
(118 min)
En 1760, Les Paladins est le dernier opéra de Rameau présenté de son vivant. Étoile montante du baroque, le jeune chef d’orchestre Valentin Tournet souhaite lui redonner la place qu’il mérite dans l’œuvre du compositeur. Cette comédie lyrique en 3 actes a été filmée sur la scène de l’Opéra royal de Versailles, avec une flamboyante distribution, notamment Sandrine Piau, Mathias Vidal et Florian Sempey.

Dimanche 7 mai à 21.10 
Don Giovanni
(130 min)
S’il va toujours de mensonge en trahison sans jamais se repentir, le Don Giovanni de Carib’Opera use désormais des réseaux sociaux pour multiplier les conquêtes amoureuses. Revoici donc le collectif d’artistes lyriques avec une superproduction rassemblant professionnels de la scène internationale et jeunes talents antillais autour de cet opéra de Mozart revisité et mis en scène par Olivier Cohen et dirigé par Jean-Loup Pagésy.

France 3
Samedi 6 mai à 00.10
Appassionata : « Les Enfants terribles » à l’Opéra de Rennes
(102 min)
Mis en scène Phia Ménard, Les Enfants terribles est un opéra de chambre dansé pour quatre voix et trois pianos, composé par Philip Glass en 1996 d’après la pièce éponyme de Cocteau et le film qu’il coréalisa avec Jean-Pierre Melville. Le rêve, l’imagination visuelle, l’exploration et la bascule se font dans un état unique d’écoute et de sensations… la musique répétitive de Philip Glass produit un effet de transe jusqu’au dénouement forcément fatal, forcément sublime.

Publié le 02 mai 2023
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