En coulisses avec « le ministre qui ne devait pas l’être »
Quelques semaines après sa relaxe, Éric Dupond-Moretti vient d’être confirmé comme garde des Sceaux du gouvernement Attal. Pendant près de trois ans, les réalisateurs de ce film ont suivi et filmé l’ancienne star des prétoires, aujourd’hui premier ministre de la Ve République à avoir été jugé en exercice. Un documentaire « de l’intérieur ». À voir le dimanche 14 janvier à 21.05 sur France 5.
Le 6 juillet 2020, en pleine crise sanitaire, Emmanuel Macron nomme Éric Dupond-Moretti à la tête du ministère de la Justice. C’est la grande surprise : l’avocat le plus médiatique de France, connu pour ses coups d’éclat et son tempérament sanguin, est aussi un authentique débutant en politique. Ce film propose une immersion longue auprès d’un ministre atypique, sans filtre et champion de la rhétorique.
« Si on vous proposait un poste de ministre de la Justice, vous l’accepteriez ? » lui demande une journaliste. « Pas du tout, je n’aimerais pas faire ça. Je n’en ai pas les compétences, et puis ce serait un bordel !... » Cinq ans après, Éric Dupond-Moretti accepte la proposition d’Emmanuel Macron et devient garde des Sceaux. « Pour moi, ce moment est vertigineux. » Et si la Chancellerie a trouvé grâce à ses yeux, ce n’est pas seulement par ambition : « Au terme d’une carrière d’avocat qui a été longue, je me suis dit que si je n’essayais pas d’améliorer la justice – puisque j’en connaissais à la fois les immenses qualités mais également les travers –, alors il y avait une espèce de renoncement. Et donc j’ai très vite dit “oui”. » Le « chouchou d’Emmanuel Macron » s’avère bien décidé à réformer l’institution en profondeur, en apposant une nouvelle marque. Mais il va devoir d’abord en apprendre les codes.
Ses premières interventions dans l’Hémicycle ressemblent plus à des plaidoiries, et les critiques ne manquent pas d’affluer. « La vie démocratique, ce n’est pas quelque chose d’aseptisé. » Mis en examen pour prise illégale d’intérêts, Éric Dupond-Moretti est le premier ministre de la Ve République en exercice à avoir été jugé par la Cour de justice de la République. Un épisode judiciaire majeur que les caméras d’Alexandre Darmon et Matthieu Mares-Savelli ont capté en exclusivité. Ils ont recueilli – lors de ses auditions mais aussi de ses réunions avec sa jeune équipe rapprochée ou ses déplacements – les réactions et les confidences de celui qui se veut en toute circonstance « serein et déterminé ». Et citant Cyrano de Bergerac : « Ne pas abdiquer l’honneur d’être une cible. »
Extraits choisis
« J’ai toujours la même liberté d’esprit, je n’ai plus tout à fait la même liberté de parole et c’est bien normal. »
« J’ai avec Gérald Darmanin des relations franches, directes et amicales... On avance ensemble. »
« Je ne suis pas fier de ça... mais la présomption d’innocence, j’y suis très attaché. »
(À propos de son bras d’honneur, à l’Assemblée nationale.)
« Le temps médiatique n’est pas le temps judiciaire. »
« L’époque ne me plaît guère car elle n’est pas suffisamment nuancée. »
« C’est un choix pour moi d’être entouré de beaucoup de jeunes. Je critique un peu l’époque, mais je ne veux pas tomber dans le passéisme... J’essaie de ne pas être un vieux con. »
« J’ai un bail précaire ici, mais pour le moment je ne pense pas encore à son terme… » Avant le dernier remaniement
Le ministre qui ne devait pas l’être
Documentaire (inédit - 83 min) – Réalisation Alexandre Darmon et Matthieu Mares-Savelli – Production Troisième Œil Productions et Mediawan, en association avec Outsideur, avec la participation de France Télévisions et de Public Sénat
Le ministre qui ne devait pas l’être est diffusé dimanche 14 janvier à 21.05 sur France 5
À voir et revoir sur france.tv