Entretien avec François Goetghebeur, réalisateur de la soirée « Un printemps à Versailles » pour « Le Grand Échiquier »
Pensé et conçu comme un lieu de fête et de représentation de tous les arts, le château de Versailles est l’écrin idéal pour accueillir et sublimer les performances de ce numéro hors les murs du « Grand Échiquier : Un printemps à Versailles ». Entretien avec François Goetghebeur, réalisateur de cette soirée exceptionnelle à vivre le vendredi 31 mars à 21.10 sur France 3.
Quel dispositif avez-vous mis en place pour capter au mieux les performances des artistes mais aussi mettre en valeur l’Opéra royal ?
François Goetghebeur : De fait, lorsque vous êtes au château de Versailles, il y a des conditions de tournage particulières, que ce soit dans la galerie des Glaces ou dans d’autres pièces iconiques. À ce titre, il faut souligner que les équipes du château nous font systématiquement un accueil merveilleux et facilitent grandement la mise en place et la réalisation de ces captations. Ce n’était pas la première fois que je tournais dans cet endroit*. L’idée qui fonctionne très bien, c’est de retourner la scène, c’est-à-dire de jouer l’endroit non pas pour le public présent – puisque le public était plutôt symbolique – mais pour les caméras. Le public, ce sont les téléspectateurs. L’orchestre et les artistes qui performent sont en position inverse, dos à la salle et face au décor, là où nous avons posé le plateau avec Claire Chazal et ses invités. Dans les prises de vue, nous avons d’une part, dans l’axe principal, la salle, sublime, et d’autre part, sur le second axe, nous sommes en immersion dans un décor de toile peinte**. La spécificité de cet enregistrement vient du fait que nous avons également tourné plusieurs séquences hors de la salle, notamment dans la galerie des Glaces, pour que nous soyons pleinement présents dans le château.
Le but du jeu côté réalisation, c’est d’être vraiment immersif et très contemplatif, c’est-à-dire ne pas imposer une surenchère de plans pour créer un rythme.
François Goetghebeur
Quel a été le principe de réalisation qui a guidé la captation des différentes performances ?
F. G. : En termes de réalisation, ce qui m’intéressait et me tenait à cœur, c’était de construire les plans dans la durée. Le public va le découvrir lors de l’émission : dès lors qu’il y a une performance, les plans sont beaucoup moins « clipés » que la plupart des émissions du moment. Quand on a la chance d’être dans un écrin comme celui-là, je préfère laisser vivre un plan très longtemps et, grâce à la bonne pièce de machinerie, permettre de l’animer. Par exemple, partir d’un plan serré du chanteur et laisser tout doucement, en déplaçant la caméra, vivre le plan jusqu’à un plan très large où on découvre toute la salle pour mieux revenir par la suite. Le but du jeu côté réalisation, c’est d’être vraiment immersif et très contemplatif, c’est-à-dire ne pas imposer une surenchère de plans pour créer un rythme. Les performances sont tellement belles et puissantes – sans parler du lieu – qu’il est préférable d’effacer un principe de réalisation trop dynamique au profit de plans un peu réfléchis qui durent et qui donnent au téléspectateur la possibilité de contempler et de profiter. C’était le grand principe de la réalisation pour Le Grand Échiquier, moderne tout en étant classique et contemplatif.
Comment s’est passée votre collaboration avec Claire Chazal ?
F. G. : C’était une rencontre pour moi. Claire Chazal est très impliquée dans la direction de l’émission et sa construction éditoriale. Elle a tout de suite adhéré au choix du lieu et au principe de réalisation très tenu et très construit. Je tenais également à souligner le travail de la production, Électron Libre, qui est notamment à l’initiative du Concert de Paris (depuis juillet 2013) ou encore de la soirée du 31 décembre pour France 2. C’était leur idée d’installer Le Grand Échiquier au château de Versailles et ils ont ce savoir-faire d’aménager des plateaux télé dans des lieux exceptionnels.
Propos recueillis par Sébastien Pouey
* François Goetghebeur a notamment tourné le concert de Vanessa Paradis, « Une nuit à Versailles » (juillet 2010, Morgane Production), « Soir de fête à Versailles » (juillet 2013, Culturebox) et « La Grande soirée du 31 à Versailles » pour France 2 (décembre 2020) ou encore le concert de Mika (décembre 2020, Électron Libre et Mika Punch, Inc – J5CO, avec la participation de France Télévisions, Olympia TV).
** « Palais de marbre rehaussé d’or » (1838), représentant la galerie des Batailles du château. Décor créé pour l’inauguration du musée de l’Histoire de France (nouveau nom du château) par Louis-Philippe en 1838. Une installation éphémère, réalisée dans le cadre de la programmation du château de Versailles.
Les tableaux
– Julien Clerc pour quelques-unes de ses chansons et un hommage à Serge Lama, également présent en plateau ;
– Nicola Sirkis et son groupe Indochine ;
– Benjamin Biolay ;
– Julie Gayet, qui célèbre les musiques de film, accompagnée par le pianiste Alexandre Tharaud ;
– le violoniste Renaud Capuçon pour une célébration des Quatre Saisons de Vivaldi ;
– le chef d’orchestre Mathieu Herzog ;
– la danseuse de l’Opéra de Paris Marion Barbeau pour une improvisation libre ;
– le rappeur Dosseh ;
– Souad Massi, auteure-compositrice-interprète et musicienne ;
– Santa, du groupe Hyphen Hyphen ;
– les artistes lyriques Michael Spyres (ténor), Gaëlle Arquez (mezzo-soprano) et Bruno de Sá (soprano) ;
– le producteur et musicien Bertrand Burgalat pour son exposition sur les 100 ans de la musique enregistrée ;
– le jardinier en chef du château de Versailles, Alain Baraton.
Tous nos invités seront accompagnés du Grand Orchestre de l’Opéra royal de Versailles et son chef Victor Jacob.
Le Grand Échiquier : Un printemps à Versailles
Magazine (110 min) – Présentation Claire Chazal – Réalisation François Goetghebeur – Production Électron Libre Productions – Mediawan
Le Grand échiquier : Un printemps à Versailles est diffusé vendredi 31 mars à 21.10 sur France 3
À voir et revoir sur france.tv