« L’Affaire Kim Wall » : une série scandinave inspirée d’une histoire vraie

Le 11 août 2017, un homme alerte la police de Copenhague de la disparition de sa petite amie. Kim Wall, une jeune journaliste suédoise, a embarqué la veille au soir à bord de l’UC3 Nautilus, un sous-marin artisanal, afin d’interviewer son concepteur, un homme d’affaires célèbre au Danemark. Le même jour, le submersible fait naufrage et sombre dans le détroit de l’Øresund, entre les côtes danoises et suédoises. L’ingénieur, qui a pu être sauvé à temps, prétend qu’il a ramené la jeune femme à terre dans la nuit avant de reprendre la mer et de faire face à une avarie matérielle. Une explication à laquelle Jens Møller, chef de la police criminelle de Copenhague, ne croit pas. Il est même persuadé que l’homme a délibérément sabordé son embarcation. De fait, dans les jours qui suivent, un tronc de femme aux membres et à la tête sectionnés, est repêché dans la baie de Køge, tandis que le sous-marin, renfloué et analysé, révèle des traces de sang. L’ingénieur revient alors sur son témoignage : la jeune femme aurait succombé à un accident…
Cela ne sera pas le dernier récit proposé par le suspect, qui changera de discours à chacune des découvertes, souvent macabres, des enquêteurs. Mais inutile de faire semblant de maintenir ce suspense-là. Même si l’on n’est pas amateur de faits divers, il est difficile d’avoir manqué le dénouement, le 25 avril 2018, de cette triste et épouvantable histoire : une condamnation à la prison à perpétuité. D’autant que ce n’est pas à proprement parler l’enjeu de L’Affaire Kim Wall, dont le titre original – Efterforskningen : L’Enquête – dit bien de quoi il retourne, et on aura sans doute rarement pu voir exposé dans une série de fiction, en détail, avec autant de réalisme et même avec une certaine pédagogie, ce qu’est le travail des enquêteurs – les hypothèses, les preuves irréfutables qui restent introuvables, les journées sans résultat, la lenteur des avancées, les fausses pistes, le découragement, l’horreur, la révolte, la persévérance… – et ce que sont les exigences de la vérité et du droit (martelées ici par le procureur Jacob Buch-Jepsen) : établir des faits, le doute profitant à l’accusé. Cette affaire, certes, aura pris des proportions totalement inédites, mobilisant, outre la police criminelle, des plongeurs, des marins, des experts, des océanographes, des maîtres-chiens, etc. Cela n’en fait que mieux apparaître qu’à la folie meurtrière d’un homme s’oppose l’opiniâtreté d’un collectif, d’un groupe d’hommes et de femmes armés, si l’on ose dire, de conviction, de foi en la justice, de professionnalisme et d’humanité. La série est déjà admirable pour cela.

Mais ce n’est pas tout. On pouvait redouter que la fiction s’empare de cette affaire traumatisante comme s’en était emparée la presse scandinave, notamment celle qui fait ses choux gras du drame et du macabre et ne lésine pas sur les effets faciles, les sous-entendus, les rumeurs et la psychologie de bazar. Mais c’est Tobias Lindholm qui est aux commandes. Scénariste de la série Borgen mais aussi de cinq films de Thomas Vinterberg (notamment La Chasse, La Communauté et Drunk), et réalisateur lui-même, il incarne ce qui se fait de meilleur au cinéma et à la télévision en Scandinavie. Il s’est entouré pour l’occasion de la crème des comédiens danois, en particulier Pilou Asbæk (Borgen, Game of Thrones, etc.) et l’impressionnant Søren Malling (The Killing, Borgen, etc.), mais aussi suédois, comme Pernilla August (Fanny et Alexandre, Star Wars, épisodes 1 et 2) ou Rolf Lassgård (la série Wallander, version suédoise).
Mais, surtout, le scénariste et réalisateur, refusant le risque que le meurtrier envahisse l’écran aux dépens de l’intrigue de la série mais aussi de sa victime, comme il avait envahi et saturé les pages des tabloïds, a pris la décision de ne pas le représenter et même de ne jamais prononcer son nom, comme pour mieux signifier que seul importe ici et que rien ne doit nous détourner de l’établissement de la vérité sur la mort atroce d’une femme. En ce sens, L’Affaire Kim Wall peut se regarder comme un hommage à des enquêteurs exemplaires. Et à Kim Wall (1987-2017).

Lundi 12 décembre

Épisode 5
Grâce à l’expertise d’un océanographe, les plongeurs ont retrouvé la plupart des membres de la journaliste, et notamment sa tête. Or celle-ci ne porte aucune trace de traumatisme, ce qui fait à nouveau basculer l’enquête : le suspect a encore menti. Comment parvenir à établir qu’il s’agit bien d’un meurtre, de façon irréfutable ? Comment rendre justice à une jeune femme qui était la fille que tout parent rêverait d’avoir ? L’enquêteur Jens Møller s’interroge, tout en essayant de renouer avec sa propre fille.

Épisode 6
Avant la rédaction de l'acte d'accusation, l'équipe d'enquêteurs et le procureur font le point sur les éléments dont ils disposent. Il leur faut prouver, au-delà de tout doute raisonnable, que l'accusé est bel et bien coupable du meurtre prémédité de la journaliste. Et, pour l'instant, ils en sont incapables. Maibritt entreprend de relire l'intégralité des rapports concernant l'affaire, tandis que Jens fait pression sur le médecin légiste pour déterminer la cause du décès. Mais le dossier peine toujours à prendre corps. Jusqu'à ce que Maibritt compare les rapports scientifiques aux tout derniers aveux de l'accusé...

Lundi 5 décembre

Épisode 3
Après la découverte d’un torse humain, Jens doit s’adresser aux médias pour expliquer que les enquêteurs n’ont pas encore pu identifier la victime. Il compte sur les examens du médecin légiste pour apporter plus d’informations, et notamment établir la cause du décès. Mais les examens prennent plus de temps que prévu et Jens commence à s’inquiéter de ce qu’il va dire aux parents de Kim... Nikolaj a plus de chance de son côté, puisqu’il a obtenu les enregistrements radar de la nuit du 10 août. Grâce à ces données, les enquêteurs parviennent enfin à reconstituer le trajet du sous-marin, ce qui devrait pouvoir aider les plongeurs à réduire leur zone de recherche...

Épisode 4
Guidés par des chiens détecteurs de cadavres prêtés par la police suédoise, les plongeurs explorent une nouvelle zone du Sund à la recherche du reste du corps démembré de la journaliste. Mais l’excitation d’être enfin sur une piste laisse bientôt place à la déception : la mer ne livre toujours pas son secret. Après plusieurs plongées infructueuses, les recherches sont au point mort. C’est à ce moment qu’un océanographe de renom, grand connaisseur du détroit et de ses courants, contacte les enquêteurs.

Lundi 28 novembre

Épisode 1
Copenhague, 11 août 2017. Une journée a priori comme les autres pour Jens Møller, qui dirige la brigade criminelle de la capitale danoise. Jusqu’à ce qu’une étrange nouvelle tombe : un sous-marin artisanal vient de couler dans le détroit entre le Danemark et la Suède. À son bord, deux personnes : le concepteur du submersible, un inventeur danois qui est secouru in extremis et une journaliste suédoise portée disparue. A-t-elle vraiment débarqué avant le naufrage, comme l’affirme dans un premier temps l’inventeur ?

Épisode 2
La brigade criminelle commence à rassembler les premiers témoignages concernant la journaliste et le constructeur du sous-marin. S’ils ont très peu d’éléments concernant la chronologie des faits, ils peuvent néanmoins commencer à se faire une idée de la personnalité complexe du suspect. Certaines rumeurs affirment même que lui et la victime présumée entretenaient une liaison. Parallèlement, les recherches s’enlisent. Sans plus d’indications sur l’endroit précis où ils doivent fouiller, les plongeurs commencent à perdre espoir de retrouver un jour le moindre cadavre…