« L'Affaire Jeanne d'Arc » : la contre-enquête

Guerre civile, batailles, manipulations politiques, procès truqué... Entre documentaire historique, cinéma d’animation en 3D et enquête policière, le film d’Antoine de Meaux et Sarry Long – porté par la voix de Laurent Stocker, de la Comédie-Française – dessine le portrait d’une jeune femme à l’incroyable destin et explore les zones d’ombre d’une légende. Mardi 19 décembre à 21.10 sur France 2.

 

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C’est sans doute l’un des personnages les plus marquants et les plus attachants de l’histoire de France. Une jeune paysanne de dix-sept ans surgie des confins de ce qu’est alors le royaume, au pire moment de la guerre de Cent Ans, va trouver le roi Charles VII et se prétend envoyée par Dieu pour lui venir en aide contre ses ennemis, Anglais et Bourguignons. Elle prend les armes, commande des troupes, libère Orléans assiégé, puis est capturée, jugée pour sorcellerie au cours d’un procès politique maquillé en procès religieux, et surtout entaché d’irrégularités, avant de connaître une fin terrible sur le bûcher.
L’incroyable mais brève épopée de la jeune Lorraine fascine depuis des siècles. C’est que Jeanne, de son vivant même, s’inscrit dans le mythe. À  commencer par celui des prophètes et prophétesses de l’Ancien Testament, catalyseurs, parfois de manière subversive, des angoisses collectives. La fin du Moyen Âge, avec son cortège de calamités, offre assez logiquement à ce modèle un regain important. Jeanne le déborde pourtant. Si elle revendique son statut de prophétesse, elle adopte de surcroît le modèle chevaleresque et messianique : elle s’habille en homme, porte un étendard représentant le Christ et participe aux combats. Le XIXe siècle verra en elle une incarnation du peuple en action, le XXe siècle en fera une sainte catholique et nationaliste... Tout le monde la revendique, au fond, mais pas pour les mêmes raisons, et son histoire suscitera analyses et hypothèses diverses ou concurrentes (parfois franchement fumeuses) : petite bergère toquée, bâtarde de sang royal, jouet d’une supercherie politique, victime d’un complot, fausse martyre escamotée inextremis et terminant ses jours au village, etc.
Tous les  mystères ne sont pas encore levés. Qui était-elle vraiment ? Qui l’envoyait ? Pourquoi un tel acharnement de la part de ses ennemis à la discréditer et à la faire disparaître ? Pourquoi le roi n’a-t-il pas cherché à la sauver ? Pourquoi a-t-elle fini abandonnée de tous, exécutée de la plus cruelle des manières ?
Entre documentaire historique et cinéma d’animation, porté par des images spectaculaires en 3D, ce film plonge donc le spectateur au cœur de ce qu’il faut bien appeler « l’Affaire Jeanne d’Arc ». Il s’appuie sur un événement méconnu : le procès en réhabilitation organisé à partir de 1455 par le pape Calixte III et le roi Charles VII. Vingt-cinq ans après le supplice de celle qu’on nommait « la Pucelle », l’Église prend la décision d’ouvrir un nouveau procès. Au fil d’une grande enquête à travers la France, l’inquisiteur de France, le moine dominicain Jean Bréhal, et son jeune assistant, Pierre Fournier – seul personnage fictif et narrateur sensible du film –, s’efforcent de reconstituer le puzzle de la courte vie de Jeanne dans l’espoir de la blanchir des accusations d’hérésie qui lui ont valu le bûcher. De son village natal de Domrémy à Rouen, en passant par Chinon, Orléans ou Reims, Bréhal et Fournier parcourent la France pour interroger amis d’enfance, compagnons d'armes, juges, témoins survivants de l’épopée de Jeanne. En chemin, les enquêteurs lèvent aussi un coin du voile sur les stratégies politiques du conflit. À travers une multitude de personnages, ce récit  nous plonge au cœur de la société française de la fin du Moyen Âge afin de nous permettre de découvrir comment une jeune femme de dix-sept ans a pu briser les barrières de son temps et se hisser aux côtés du roi et incarner l’espérance de tout un peuple.



Un film d’animation à grand spectacle
La fiction en animation 3D confère à ce récit un souffle inédit, elle autorise une grande quantité de personnages, d’accessoires, de décors et offre la possibilité d’une reconstruction foisonnante du passé en permettant la reconstitution fidèle d’une multitude d’environnements ayant radicalement changé ou disparu : le château royal de Chinon, le champ de bataille d’Orléans, le complexe militaire et épiscopal de Rouen… D’un village à une cité assiégée, en passant par le faste d’un château ou la somptuosité́ d’une cathédrale, la grande richesse des espaces traversés promet une immersion totale dans le Moyen Âge. La technique de la motion capture – consistant à enregistrer toutes les nuances du jeu des acteurs pour ensuite les transférer sur des personnages virtuels – permet à Jeanne d’Arc et à ses contemporains de prendre vie. En mettant en scène des protagonistes incarnés et attachants, ce docu-fiction mêle l’émotion au spectaculaire pour offrir un programme divertissant et accessible à tous.

Un minutieux travail de recherche
Si les scènes de fiction sont au centre du film, celui-ci n’en reste pas moins un documentaire à part entière, fruit d’un travail de recherche et de synthèse méticuleux et rigoureux. Situations et reconstitutions s’appuient sur les travaux des meilleurs historiens, dont Valérie Toureille, professeur d’histoire du Moyen Âge, spécialiste de la guerre de Cent Ans, autrice d’une biographie saluée de Jeanne d’Arc, parue à l’automne 2020. Le film fait aussi appel à des séquences de cartographie en motion design 3D pour contextualiser les faits évoqués : l’occupation du territoire par les armées française et anglaise, le déroulement des batailles ou encore le périple de Jeanne à travers la France. Enfin, au cœur même de l’animation, des images en prise de vues réelles permettent d’intégrer dans le récit les lieux arpentés par Jeanne d’Arc mais aussi les précieuses archives des procès de Jeanne d’Arc, en leur conférant toute la puissance de rayonnement qu’elles ont conservée malgré le passage du temps.


L’Affaire Jeanne d'Arc

1456. Vingt-cinq ans après la mort de Jeanne d’Arc sur le bûcher, un procès en réhabilitation est ouvert. En véritable détective, l’inquisiteur Jean Bréhal, à la tête de la justice de l’Église de France, va reconstituer le puzzle de la courte vie de Jeanne, en partant à la recherche des témoignages de ses amis d’enfance, de ses compagnons d’armes et de ses juges. Une enquête haletante, de Domrémy à Rouen, en passant par Orléans et Reims, entre intrigue religieuse et manipulation politique : L’Affaire Jeanne d’Arc dénoue les fils d’une épopée tragique et dessine, derrière le mythe, le portrait d’une jeune femme au destin exceptionnel.

Documentaire-fiction animé (2023 – inédit) – Durée 95 min – Réalisateurs Antoine de Meaux & Sarry Long – Scénario Antoine de Meaux – Conseillère historique Valérie Toureille – Musique originale Sarry Long – Chef monteur Fabrice Salinié – Direction artistique animation Sarry Long, Julien Villanueva & Jérôme Bacquet  – Supervision éditoriale et artistique Michel Spavone & Fabrice Coat – Une production Program33 – Coproduction Mr Loyal, Studio Circus, At-Prod & Umedia – En association avec Ufund & Kobalt Documentary – Avec la participation de France Télévisions

Diffusion le mardi 19 décembre à 21.10 sur France 2
À voir et à revoir sur france.tv

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Publié le 16 décembre 2023