« La Vie devant toi » : une fiction poignante sur l’homosexualité adolescente
Diffusée dans le cadre du Mois des fiertés, « La vie devant toi » aborde avec tendresse et pudeur l’homosexualité chez les adolescents, tout en dénonçant avec force l’homophobie. La comédienne Zoé Héran partage, avec Maïra Schmitt, l’affiche de cette fiction poignante où le duo offre une prestation sensible, récompensée par le double prix de la meilleure interprétation féminine au dernier Festival de la fiction de La Rochelle. Interview.
Entretien avec la comédienne Zoé Héran
Pour commencer, racontez-nous votre parcours…
Zoé Héran: Quand j’étais petite, ma mère me faisait faire des pubs pour que je mette un peu d’argent de côté. Et à l’âge de 6 ans, j’ai tourné dans un court-métrage. À 11 ans, j’ai passé un casting pour le film Tomboy de Céline Sciamma, où j’ai décroché le rôle principal. Depuis, de casting en casting, je fais mon petit bonhomme de chemin…
Qu’est-ce qui a vous séduite à la lecture du scénario de La Vie devant toi ?
Z. H. : D’abord le sujet. C’est assez rare de parler de l’homosexualité féminine à la télé. Et puis le personnage de Violette m’a tout de suite séduite ! C’est une jeune fille de 16 ans, assez sûre d’elle, qui fait de la natation en compétition. Lesbienne, Violette assume complètement sa sexualité et évolue dans un climat familial bienveillant. C’est aussi important de montrer ça à la télé !
Parlez-nous de son histoire d’amour avec Lisa…
Z. H. : Entre elles, tout va très vite. Leur histoire est soudaine, très passionnelle. Mais au-delà de l’amour fou qu’elles se portent, Lisa et Violette s’apportent aussi beaucoup mutuellement. Ensemble, elles se font grandir l’une et l’autre. Cette relation les fait avancer.
À travers leurs deux manières de vivre leur homosexualité, on mesure aussi toute l’importance de la bienveillance familiale…
Z. H. : Totalement. Contrairement à Violette, qui accepte totalement son homosexualité, et est portée par l’amour et le soutien de ses parents, Lisa a du mal à l’assumer et préfère vivre une relation cachée. Et si Lisa et Violette sont toutes deux victimes de violence homophobe, elles ne vont pas l’appréhender de la même manière. Pour Violette, la violence vient de l’extérieur, tandis que pour Lisa, elle surgit au sein même de sa famille… Et, forcément, on ne prête pas la même importance aux attaques de l’extérieur qu’à celles de son entourage proche…
Qu’est-ce qu’il était important pour vous de défendre à travers cette fiction ?
Z. H. : Pour moi, il était essentiel de montrer que l’on était sur la bonne voie dans l’acceptation de l’homosexualité, qu’il y a eu de grandes avancées. Mais il était tout aussi important de montrer que le combat est loin d’être terminé ! L’homophobie existe encore en France aujourd’hui… Et à tout âge. Le sujet du harcèlement me tenait aussi particulièrement à cœur. Quand j’étais plus jeune, hormis Facebook, il n’y avait pas tous ces réseaux sociaux. Le harcèlement s’arrêtait quand on sortait du collège ou du lycée. Aujourd’hui, l’ado rentre chez lui et continue de se faire harceler par message. C’est devenu un enfer. Il faut vraiment que les jeunes comprennent l’importance des mots.
Comment s’est déroulé le tournage avec la réalisatrice Sandrine Veysset. Comment est-elle dans sa manière de diriger ?
Z. H. : La première fois que je l’ai vue, c’était lors du casting et j’étais très stressée. Normal : je jouais un peu ma vie avec ce rôle important ! Mais avant même de jouer les essais, on a discuté, rigolé. Sandrine m’a vraiment détendue. Et j’ai eu la chance de pouvoir rejouer quatre, cinq fois la scène. Elle voulait vraiment arriver à ce qu’elle voulait. Là, j’ai tout de suite compris son attachement au jeu. Ce qui s’est avéré sur le tournage. Dès que j’avais un moment de doute, on prenait toujours le temps qu’il fallait, malgré un plan de travail serré. Pour Sandrine, tout ce qui importait, c’était que le film soit bien. Point. Et puis j’aime beaucoup sa franchise. Elle n’hésite pas à dire quand une scène n’est pas réussie. Ce qui signifie que quand elle la trouve bien, c’est vraiment bien !
Comment s’est passée votre rencontre avec Maïra Schmitt, votre partenaire ?
Z. H. : J’ai donné la réplique pour le casting du personnage de Lisa. Parmi les quatre jeunes filles, Maïra était la dernière à auditionner. Entre nous, ça s’est tout de suite très bien passé. D’ailleurs, c’est drôle, mais ce jour-là, on portait toutes les deux le même pull… Lors d’une pause, je suis sortie discuter avec Maïra, et Sandrine est venue nous demander de rire mois fort ! J’ai tout de suite su que l’on allait devenir amies. Et effectivement, on est devenues très copines ! Maïra fait même partie de mes meilleures amies aujourd’hui.
Vous avez même partagé le prix de la meilleure interprétation féminine au Festival de la fiction !
Z. H. : Oui ! En fait, ce film ne nous a apporté que du bonheur ! On ne s’attendait pas du tout à recevoir ce prix ensemble ! De mon côté, ça a été un vrai coup de boost au niveau de la confiance en soi. C’était ma première télé, et je me suis dit que je pouvais aussi y faire ma place. Et puis ce prix est d’autant plus beau qu’on l’a gagné toutes les deux. C’est vraiment le prix de l’amitié !
Propos recueillis par Céline Boidin-Lounis
La Vie devant toi
Violette, 16 ans et promise à un avenir de nageuse de compétition, décide d’assumer son homosexualité. Portée par des parents bienveillants, elle tombe amoureuse de Lisa, mais cette dernière a du mal à afficher ses sentiments. Leur amour bascule lorsque Violette se fait agresser alors qu’elles étaient ensemble. À son réveil à l’hôpital, plus aucune trace de Lisa. Par la suite, elle découvre que Lisa connaissait son agresseur : l’aurait-elle manipulé ? Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir…
Fiction (90 min) – Réalisation Sandrine Veysset – Scénario Françoise Charpiat – Musique originale Reno Isaac – Production Storia Television (Mediawan – En coproduction avec France Télévisions – Avec la participation du CNC et de TV5 Monde
Avec Zoé Héran (Violette Saugier), Maïra Schmitt (Lisa Le Goff), Éléonore Bernheim (Emma Saugier), David Kammenos (Mathieu Saugier), Christelle Reboul (Jeanne Le Goff), Philippe Dusseau (Constantin Le Goff), Julie Moulier (Juliette Turpin), Xavier Widhoff (Théo Da Silva), Aaliyah Lexilus (Kenza Juma), Tristan Zanchi (Alban Le Goff)
Diffusion le mercredi 14 juin à 21.10 sur France 2
À voir et à revoir sur france.tv