« La petite fille au napalm, histoire d'une photographie » dans « La Case du siècle »

Le cliché a fait le tour du monde et fait basculer le cours de la guerre du Vietnam : celui pris par le photographe de la petite fille de neuf ans, brûlée au 3e degré par le napalm des bombes qui viennent de tomber sur son village, et courant en hurlant sa douleur face à l’objectif. Près de cinquante ans plus tard, Nick Ut et Kim Phúc se souviennent de cet instant qui a changé leur vie dans ce documentaire de Patrick Cabouat. À voir dimanche 9 avril à 22.45 sur France 5.

« La petite fille au napalm, histoire d'une photographie » © Associated Press

La photo de Nick Ut a fait le tour du monde car elle a incarné « l’enfer du Vietnam ». Les prix les plus prestigieux de la presse occidentale sont venus récompenser ce « cri contre la guerre ». De nombreux journalistes, témoins directs de ce drame, racontent comment ils ont vécu ce conflit. Et s’interrogent : quelle influence ce cliché a-t-il eu sur le cours de cette guerre ?

« Tu as fait du bon boulot aujourd’hui, Nick Ut ! » Ce 8 juin 1972, en pleine guerre du Vietnam, Horst Faas, le patron du bureau de l’Associated Press à Saïgon, sait qu’il tient là un cliché que les médias vont s’arracher. Son jeune photographe vietnamien, formé auprès des plus grands professionnels, revient du petit village de Trảng Bàng, proche de la frontière cambodgienne, et théâtre de terribles affrontements entre le Viêt-Cong et les forces sud-vietnamiennes. Ces derniers ont ordonné des frappes au napalm contre les positions ennemies. C’est dans ce contexte que survient une terrible bavure : trois bombes sont larguées sur des civils réfugiés dans le temple bouddhiste du village.
De nombreux journalistes de la presse internationale sont témoins de ce drame et, parmi eux, Nick Ut. Dans son objectif, une petite fille terrorisée qui court pour échapper aux flammes qui la dévorent. Elle hurle de douleur car sa peau et ses vêtements ont été carbonisés par le napalm. Cette « arme vicieuse, mélange inflammable d’essence gélifiée, de phosphore et de plastique qui colle à la peau et brûle les tissus jusqu’à l’os ». Autour d'elle, d'autres enfants et des soldats. Aussitôt après, Nick Ut s'occupe de la petite fille qu'il transporte à l'hôpital le plus proche, et file à Saïgon.
« Et c’est à ce moment-là que la polémique a commencé, se souvient David Burnett, photographe indépendant, présent lors du bombardement. Sur le fait qu’on ne pouvait pas envoyer ça au journal parce qu’elle était nue ! » La photo recadrée est envoyée pourtant aussitôt à New York puis à toutes les rédactions du monde. « La nudité est liée ici au fait qu’on comprend immédiatement que les vêtements ont été brûlés, décrypte Françoise Denoyelle, historienne de la photographie. On comprend bien qu’elle se sauve de l’enfer. » 
Un enfer qui va durer des années pour Kim Phúc qui doit son salut au photographe et au journaliste-correspondant pour UPI, présent lors du bombardement, Christopher Wain. Celui-ci se battra pour son hospitalisation dans un hôpital spécialisé qui lui permettra d'être soignée malgré les souffrances, les quatorze opérations et les greffes. Son calvaire va durer des années... 
Le film de Patrick Cabouat, qui raconte les étapes de son parcours, donne la parole à celle qui ne cesse de se battre aujourd'hui pour la paix. Ainsi qu'à Nick Ut et tous les journalistes, témoins de la tragédie, dont l'image de « la petite fille au napalm » va faire basculer l'opinion publique sur la guerre au Vietnam, et définitivement changer le rapport de l'armée avec la presse.

« La petite fille au napalm, histoire d'une photographie »
Nick Ut
© Associated Press

Extraits 

« C’est une enfant de neuf ans qui incarne la victime la plus iconique de la guerre du Vietnam. Avec elle, on caractérise le peuple vietnamien : un peuple qui a souffert mais qui a résisté pour survivre à cette guerre. » Michael Stewart Foley, historien, à propos du gouvernement d’Hô Chi Minh qui se servira de la photo comme outil de propagande contre l’impérialisme américain

« Ces images de guerre — qui sont sorties du Vietnam pendant cette période — n’avaient jamais été vues auparavant, et je crois qu’on ne les verra jamais plus. »
Hal Buell, rédacteur en chef et chef du service photo pour Associated Press au moment des faits 

« C’était si douloureux ! Tous les matins, les infirmières venaient et me mettaient dans un bain pour nettoyer toute la peau morte. La douleur était insupportable ! J’avais tellement peur, je ne voulais pas y aller… Aujourd’hui, je suis si reconnaissante car si elles n’avaient pas fait ça, je n’aurais jamais survécu. »
Kim Phúc, « la petite fille au napalm »

La Case du siècle : La petite fille au napalm, histoire d'une photographie

Signalétique - 10 ans

La Case du siècle
« La petite fille au napalm, histoire d'une photographie »
© Associated Press

Avec les témoignages de Kim Phúc, « la petite fille au napalm » ; Nick Ut, photographe pour Associated Press, auteur de la photographie ; Hal Buell, rédacteur en chef et chef du service photo pour Associated Press au moment des faits ; Christopher Wain, journaliste-correspondant pour UPI, présent lors du bombardement ; David Burnett, photographe indépendant, présent lors du bombardement ; Patrick Chauvel, photographe indépendant, ayant couvert la guerre du Vietnam ; Christine Spengler, photographe indépendante, ayant couvert la guerre du Vietnam

Documentaire (52 minutes - 2022 - inédit) – Réalisation Patrick Cabouat – Auteurs Patrick Cabouat, Stéphane Landowski – Commentaire Alexis Michalik – Conseiller historique Michael Stewart Foley – Production Skopia Films, avec la participation de France Télévisions 

La petite fille au napalm, histoire d'une photographie est diffusé dans La Case du siècle dimanche 9 avril à 22.45 sur France 5
À voir et revoir sur france.tv

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