« La Ligne bleue : La Force de l’âge »

« Je suis Angelin Preljocaj, je suis chorégraphe, et après plus de 50 créations en France et à travers le monde m’est venue l’idée un peu folle de travailler avec des personnes âgées de plus de 65 ans… »
En quelques mots, le célèbre chorégraphe pose les bases de ce pari artistique un peu fou…
De la constitution de la troupe à la première au Théâtre national de Chaillot, à Paris, la réalisatrice Valérie Müller a choisi de nous partager les répétitions et les réflexions de ces interprètes singuliers. 
Au départ, ils sont plus de 300, en France et en Italie, à venir auditionner. Professionnels ou non, tous ont plus de 65 ans. Angelin Preljocaj, lui, recherche avant tout des personnalités incarnant différentes trajectoires de vie et milieux sociaux.

Eh bien, dansez maintenant...

Au terme des différents casting, huit interprètes sont sélectionnés. Il y a Marion, retenue pour sa force et sa sensibilité ; Bruce, un élégant ancien danseur de Broadway ; l’énergique Patricia, dont la spontanéité peut fédérer le groupe ; la doyenne Maïté, âgée de 79 ans, à la gestuelle si particulière ; Sabina, une femme férue de découvertes ; le très concentré Thierry, dont le corps semble élastique malgré ses 71 balais ; Elli (Medeiros, ndlr), chanteuse et actrice à la présence lumineuse ; Roberto, médecin novice en danse mais doté d’une grande détermination.
Ensemble, ils vont se lancer un défi de taille : au-delà du pari artistique, celui d’outrepasser les idées reçues sur la vieillesse. Travailler la mémoire et la synchronisation des mouvements, surmonter les doutes et les douleurs, tout en acceptant les marques du temps sur le corps… Accepter ce regard que l’on pose sur toi en vieillissant et, comme le rappelle Elli, son propre regard sur soi également. « Comment tu te vois, comment tu t’acceptes… Qu’est-ce que je peux faire avec mon corps tel qu’il est maintenant ? » Thierry, lui, en est persuadé : « Il ne faut pas rester bloqué dans sa tête. On peut encore donner quelque chose ! » Pour Patricia, il s’agit d’aller puiser au fond d’elle l’énergie… 

« Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé », rappelle Angelin Preljocaj en citant les mots attribués à Groucho Marx. « À l’intérieur de soi, on est toujours avec ce désir de projet, d’avenir, de découvrir le monde… On s’aperçoit que le corps est un peu en fin de course. C’est le dernier tour de piste et il ne faut pas le rater. Et si on ne le rate pas, il peut être sublime. »
Sublime comme ce documentaire sensible, mettant en lumière les corps dansants et vieillissants qui transpirent la passion, l’énergie et le désir de vie. Ici, la force de l’âge se révèle dans toute sa grâce…