« Infrarouge - La fin du genre ? » : un questionnement intime et universel sur la non-binarité
Au fil de témoignages croisés et de parcours de vie singuliers, « La Fin du genre ? » dresse un portrait sans fard de la non-binarité. Résonnant comme une délivrance ou comme un combat quotidien, cette intime fluctuation des genres interroge sur l’universalité des codes féminins et masculins. Un documentaire « Infrarouge » à découvrir mercredi 8 février à 22.55 sur France 2.
Ange, 22 ans, se sent à la fois homme et femme. Un jour, il se lève en se sentant davantage homme, un autre, c’est son côté féminin qui prend le dessus. Ange vit son genre au jour le jour et n’hésite pas à se laisser porter par ses émotions. Et l’étudiant en design n’hésite pas à rappeler, amusé, que dans la mythologie grecque les anges n’ont pas de sexe. « Alors, pourquoi j’aurais un genre ? » interroge-t-il simplement. « Ce n’est pas un combat, mais un partage »… Chez Ange, comme chez d’autres personnes se revendiquant non-binaires, les genres s’entrelacent, s’entremêlent. Et, pour tous, la reconnaissance de cette non-binarité a résonné comme une véritable délivrance.
C’est le cas de Perséphone, 23 ans, qui a toujours eu du mal à composer avec son corps, sa voix, tous ses attributs féminins qui lui sont devenues insupportables. « Je veux me libérer de ce qu’impose la société, explique Perséphone. Être une femme était un carcan, mais la féminité ne m’a jamais freinée, bien au contraire. » Celle que l’on a souvent prise pour un garçon, que l’on appelait monsieur dans la rue, tient sa revanche en revendiquant aujourd’hui sa part de masculinité : « C’est une manière de retrouver du pouvoir dans ce masculin que l’on m’a imposé, quelque chose que je me rends, que je m’offre à moi-même. » Entre le choix du pronom masculin et celui d’exhiber des accessoires féminins, Perséphone expérimente, improvise, en brisant plus que jamais les codes.
Alternant période féminine et masculine, Sophie, DJ et lesbienne revendiquée, a finalement choisi de se genrer au masculin. Une identité qui a pris forme dans le couple qu’elle forme avec Charlie, sa compagne, qui a vite décelé chez elle cette part d’inconnu. Se revendiquer enfin « non-binaire » a aussi été vécu comme une libération pour Sophie. Ce sentiment d’appartenance « communautaire » l’a fait se sentir moins seul. Avec l’arrivée de leur futur enfant, le couple se questionne et compte bien élever leur petit garçon en tant qu’individu à part entière.
Lou, 23 ans, vendeuse à Strasbourg, s’affirme comme « femme trans non-binaire » et commence sa transition. Dans cette disphorie de genre, Lou se regarde dans le miroir sans se reconnaître. « Ce corps n’est pas le mien. » Et alors que les trans « performent » un genre avec les fringues ou le maquillage, Lou avoue que « c’est fatigant, surtout quand tu ne sais pas ce que tu as envie de performer ».
Comprendre sans juger
L’idée de ce documentaire, signé Ted Anspach et Maya Anaïs Yataghène, est née en 2018 quand Arnaud Gauthier-Fawas, à l’époque administrateur de l’inter-LGBT, se revendiquant « non-binaire », déchaîne les réactions sur les réseaux. Les deux documentaristes s’interrogent alors : « Et si, plutôt que de condamner ces personnes au tribunal des réseaux sociaux, on prenait le temps de les écouter vraiment ? » Écouter pour mieux comprendre. Et, surtout, comprendre sans juger.
Au fil de ces témoignages croisés et singuliers, le documentaire, au commentaire minimaliste, dresse ainsi un portrait sans fard de la non-binarité. Une délivrance pour tous et toutes, mais aussi un combat quotidien pour briser les codes et exister enfin en dehors des cases. De ce questionnement autour de l’intime émerge alors un questionnement universel : qu’est-ce que le féminin, le masculin ? La fin du genre a-t-elle sonné ?
Infrarouge : La fin du genre ?
La non-binarité. Un nouveau mot qui fait le « buzz » dans les médias et sur la Toile. Les personnes non-binaires ne se reconnaissent ni homme ni femme, ou tantôt l’un tantôt l’autre, parfois les deux en même temps. Selon un sondage Yougov, 14 % des Français de 18-44 ans ne se reconnaîtraient pas dans la binarité homme-femme. S’agit-il d’un effet de mode ou d’une nouvelle réalité sociale ? La notion de genre est-elle vouée à disparaître ? Ce documentaire de 52 minutes est un voyage intime pour comprendre sans juger. Construit sur le mode du portrait croisé, il nous entraîne à la rencontre d’Ange, Sophie, Perséphone et Lou.
Documentaire (52 min) – Auteurs et réalisateurs Ted Anspach et Maya Anaïs Yataghène – Production Palmyra Films et Effervescence Fiction – Avec la participation de France Télévisions
Présentation Marie Drucker
Diffusion mercredi 8 février à 22.55 sur France 2
À voir et revoir sur france.tv
#Infrarouge