Soirée boulevard : deux comédies mises en scène par Nicolas Briançon

Alors que son épouse s’est absentée pour le week-end de Pâques, Stéphane (Nicolas Briançon), la cinquantaine bien sonnée, volage mais indécis, invite une jeune femme, la jolie et point farouche Julie (Alice Dufour), à prendre un dernier verre chez lui... Mais tandis qu’on badine, patatras ! Sophie (Gwendoline Hamon), la femme de Stéphane, rentre plus tôt que prévu et les surprend ensemble à une heure tardive. Dans la précipitation de ne pas se faire démasquer (?), le quinquagénaire pris au dépourvu lui annonce que Julie n’est autre que... sa fille issue d’un précédent mariage et dont il lui a caché l’existence durant vingt années. De mensonges abracadabrants en inventions extravagantes, avec la complicité mi-amusée mi-maladroite de Julie, Stéphane brode un passé rocambolesque. Mais, bien vite, la situation lui échappe complètement !
Signé Jean Poiret, créé au Théâtre du Palais-Royal en 1980 dans une mise en scène de Pierre Mondy, avec l’auteur lui-même, Nicole Calfan, Maria Pacôme, Odette Laure, Nicolas Vogel et Louisa Colpeyn – la mère de Patrick Modiano –, ces Joyeuses Pâques sont devenues une sorte de classique du boulevard français de la fin du XX^e siècle, repris en 2001 par Bernard Murat (avec Pierre Arditi, Barbara Schulz, Caroline Sihol...) et en 2013 par Jean-Luc Moreau (avec Roland Giraud, Marilyne Fontaine, Maaike Jansen...). Comme il l’avait fait en 2018 avec Le Canard à l’orange de William Douglas-Home, le boulimique Nicolas Briançon s’est emparé de la pièce de Jean Poiret pour en revisiter la mécanique délirante et se glisser à son tour dans le costume du quinquagénaire affabulateur et veule, partageant la tête d’affiche avec Gwendoline Hamon. À leurs côtés, Claire Nadeau, Alice Dufour, Sophie Artur, Pascal Elso, Muriel Combeau et Raphaël Dulery s’en donnent à cœur joie dans ce grand numéro d’absurde.

> Retrouvez l’interview exclusive de Gwendoline Hamon et Nicolas Briançon dans Fans de Culture.

Autre univers, autre ambiance, autre ton. Yves (Julien Boisselier) est écrivain et vit avec Nathalie (Mélanie Page) depuis... longtemps. Leur vie est... paisible. « Comme des vacances en Suisse. » En clair, il s’ennuie aux côtés d’une femme parfaite, il est au bout du rouleau, il n’écrit même plus.
Mais voilà qu’Yves s’est mis dans la tête d’inviter à dîner leur ami Pierre (Bruno Solo), assureur de son état et plutôt dépressif. Un ami qu’ils n’ont pas revu depuis dix ans. Et pour cause, puisque Nathalie l’a quitté justement pour Yves. Lequel a un plan : annoncer à Nathalie, au moment du dessert, qu’il la quitte. Il compte bien sur Pierre pour la réconforter. Et même... pour la reconquérir !
Peut-on fermer une « parenthèse » qui a duré dix ans ? Rembobiner une histoire d’amour ? Est-ce qu’on étouffe de trop de bonheur ? Est-il vrai que les couples durent le temps d’un crédit immobilier ? On est chez David Foenkinos mis en scène par Nicolas Briançon, et le rire gratte drôlement, vire au noir, on s’amuse à se faire peur. « Il ne faut jamais chercher à savoir pourquoi l’autre est avec nous. C’est toujours pour de mauvaises raisons. »