« Infrarouge : Entendre l’indicible »

Journée internationale des droits de l’enfant le 22 novembre

À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, France Télévisions propose un documentaire inédit dans « Infrarouge ». « Entendre l’indicible », réalisé par Marie Bonhommet, nous emmène en immersion dans une unité spécialisée où psychologues et enquêteurs savent entendre l’indicible, moment si crucial et délicat de l’instruction judiciaire. Diffusé mercredi 23 novembre sur France 2, ce film sera suivi d’un débat présenté par Marie Drucker.

Immersion dans une unité spécialisée qui recueille la parole des enfants.

Ils savent que c’est le moment, parce qu’on leur a expliqué. Donc faut pas rater ça. C’est à ce moment-là, sur une rencontre, que tout va se jouer.

Adjudante Cécile, brigade de l’UAMJ de Saint-Malo

Des canapés oranges et verts, des jouets, feutres et feuilles blanches sur la table, au mur des dessins d’enfants… L’unité d’accueil médico-judiciaire (UAMJ) pour les enfants en danger de Saint-Malo ressemble à un cocon chaleureux, niché sous les toits. « Tout est pensé et préparé pour accueillir les enfants comme dans une petite bulle », dit une de ses psychologues. Cette unité pionnière, installée dans une annexe de l’hôpital, a ouvert en 2007. Ici, gendarmes, psychologues et assistantes sociales travaillent ensemble pour libérer la parole des enfants victimes. Un moment crucial, que la caméra de Marie Bonhommet nous permet de suivre de façon exceptionnelle.

« C’est un moment particulier et fragile, car la plupart du temps c’est la première fois que l’enfant va parler de ce qui lui est arrivé », explique une responsable de l’unité, où sont auditionnés, en moyenne, 350 enfants chaque année. D’abord accueilli par une psychologue, l’enfant est emmené dans une salle dotée d’une caméra et d’un miroir sans tain, où l’audition sera enregistrée. Là, le gendarme en charge de l’enquête se trouve en contact permanent (via une oreillette) avec une psychologue présente dans une salle annexe : celle-ci, qui suit et enregistre l’audition, peut interrompre à tout moment son collègue pour suggérer une question, formuler un conseil, demander une pause…  

Mettre l’enfant en confiance, recueillir sa parole, ne pas frémir face à celle-ci et, surtout, ne jamais induire ni suggérer de réponse : le protocole mis en place lors de cette audition exige un vrai professionnalisme. Car durant ces longues minutes d’audition, chaque mot prononcé, chaque phrase, chaque question seront essentiels pour la suite de la procédure. D’où aussi l’importance de savoir décrypter les moments de « fuite psychique », ces moments où l’enfant change de sujet pour ne pas réactiver la souffrance qu’il a vécue.

Ne pas influencer l’enfant

Les gendarmes en charge de ces auditions sont tous formés au protocole de recueil de la parole de l’enfant et Marie Bonhommet a pu filmer ces sessions au cours desquelles il s’agit de « tout oublier pour réapprendre », comme le dit un jeune gendarme. En effet, la façon dont on récolte les éléments nécessaires à l’enquête doit être, ici, complètement repensée. Ainsi, dit la formatrice, « on va donner quelques éléments sans être trop précis. L’élément qu’on ne donnera jamais, c’est le nom de l’auteur. Ce serait suggérer, induire. On ne donnera jamais non plus la nature des faits, ce qui s’est vraiment passé. Vous n’avez pas à influencer l’enfant à vous dire ce que vous avez envie d’entendre »

Ne rien induire, ne rien suggérer, donc. Mais également ne jamais dire « Est-ce que tu peux… ? » à un enfant, ce qui lui laisserait le choix de répondre ou pas. L’enfant, dans cet espace, doit pouvoir dire à son rythme, même si le but de l’audition est bien de recueillir des éléments qui, par la suite, ne pourront être remis en question. « C’est en amenant un dossier solide devant la justice que l’on protège l’enfant », souligne la formatrice. 

Bouleversants, sidérants, les propos que tiennent les enfants dans ce lieu laissent souvent entendre une violence sexuelle intégrée comme une normalité, parce que ce serait « une façon d’aimer ». C’est dire le côté pervers de ces violences, généralement perpétrées par des proches, en douceur et sans insulte. « Les enfants ne perçoivent pas que ça peut être un mécanisme destructeur et dangereux pour eux, dit l’adjudante Cécile. C’est notre rôle de replacer les choses au bon endroit, c’est-à-dire au point de vue de la loi. » 

Une cause universelle

La Journée internationale des droits de l’enfant, le 20 novembre, le rappelle chaque année : de nombreuses injustices, maltraitances, violences physiques et mentales sont perpétrées contre les enfants à travers le monde. Adoptée par les Nations unies il y a trente-trois ans, la Convention internationale des droits de l’enfant affirme qu’un enfant n’est pas seulement un être fragile qu’il faut protéger, mais qu’il a le droit d’être éduqué et soigné, quel que soit l’endroit du monde où il est né. Et aussi qu’il a le droit de s’amuser, de s’exprimer, d’être entendu… Dans la ligne de ses engagements réguliers en faveur des droits de l’enfant – qui mettent en lumière des sujets et des souffrances encore souvent tabous, libèrent les paroles et font progresser la société –, France Télévisions mobilise ses antennes, plateformes et réseaux sociaux pour cette cause universelle. Une cause qui touche l’âme de notre société et détermine son avenir.

Infrarouge : Entendre l’indicible

Il faut parfois savoir interpréter les silences pesants, être capable d’entendre l’indicible. À l’hôpital de Saint-Malo existe une unité où des professionnels savent écouter et comprendre les enfants victimes de violences. Un lieu unique où le mineur est à la fois entendu par les enquêteurs et pris en charge par des psychologues. Tous sont formés au recueil de la parole de l’enfant, aussi fragile que précieuse.
« Cette unité est une petite bulle pour l’enfant. On sait que ce moment est fragile car c’est la première fois qu’il va parler de ce qui lui est arrivé », explique l’une des psychologues de l’unité. Les enfants témoignent souvent de violences sexuelles, la plupart du temps infligées par leur entourage.
Pour éviter à la victime de répéter ces propos traumatisants, son audition est filmée dans une salle équipée d’un miroir sans tain. De l’autre côté du miroir, une psychologue et un gendarme veillent au bon déroulement de l’audition et guident l’enquêteur par le biais d’un petit micro.
C’est dans cette unité que se joue la partie la plus délicate et centrale de l’instruction : le recueil de la parole de l’enfant. C’est ici que va démarrer l’enquête. Ici que se dessinent des traumatismes, se chuchote l’indicible.

Présentation Marie Drucker
Documentaire (52 min – 2022) – Réalisation Marie Bonhommet – Production 17 juin

Diffusion dans Infrarouge mercredi 23 novembre à 23.05 sur France 2
Entendre l’indicible est à voir et revoir sur france.tv

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