Puy du Fou : un parc, un clan, une idéologie
C’est le parc d’attractions le plus fréquenté du pays, après Disneyland, et un concept qui s’exporte. Mais, derrière la légende, qui connaît les vrais secrets du Puy du Fou ? Ses méthodes très particulières, son modèle économique, son influence politique ? Au centre de tout, celui qui a tout façonné : Philippe de Villiers. « Complément d’enquête » s’intéresse au Puy du Fou et à son clan devenu incontournable, en Vendée comme au sommet de l’État. À voir jeudi à 23.00 sur France 2.
Le Puy du Fou appartenait aux bénévoles, et appartient maintenant à une seule famille.
Christine Chamard, bénévole au Puy du Fou pendant près de vingt ans
L’histoire du Petit Poucet de Vendée est belle : celle d’un triomphe français parti à la conquête du monde. Mais son fonctionnement et sa structure unique soulèvent de nombreuses questions : Complément d’enquête les a posées à ceux qui ont participé à ce succès, et à son directeur : Nicolas de Villiers, fils du « créateur » du parc, son père Philippe. Histoire, argent, pouvoir : les vrais secrets du Puy du Fou, une enquête de Raphaël Tresanini, Joseph Haley et Vincent Buchy.
« Je sais qui vous êtes, je sais ce que vous faites… vous devriez avoir honte ! » L’interview de Philippe de Villiers n’aura pas lieu. Mais père et fils ont accepté les caméras dans les coulisses de leur chef-d’œuvre. Un parc d’attractions historiques, affichant plus de deux millions de visiteurs par an et un chiffre d’affaires de cent soixante dix millions d’euros en 2022. Après avoir lancé un parc à thème à Tolède en Espagne, le Puy du Fou s’attaque désormais à la Chine et aux États-Unis. Quarante-cinq ans après sa création dans le bocage vendéen, sa programmation est bien plus vaste que la cinéscénie d’origine.
Lors de sa création en 1978, Philippe de Villiers n’imaginait pas le succès immédiat rencontré par son projet. L’idée de départ : un spectacle son et lumière racontant l’histoire d’une famille vendéenne, depuis le Moyen Âge jusqu’à nos jours. Le décor : le château du Puy du Fou acquis par le département et mis à la disposition de l’association créée par Philippe de Villiers, dont le père siège au Conseil général. Les comédiens et les techniciens : des bénévoles. Un modèle qui a perduré avec la création du Grand Parc, qui propose désormais plus de huit spectacles. Aujourd’hui, cette main-d’œuvre gratuite représente 350 techniciens et 2 600 artistes pour la cinéscénie. À ceux qui à l’époque critiquaient déjà ce mode de fonctionnement, Philippe de Villiers rétorque : « On ne peut pas faire de la vraie culture populaire tout en proposant une incitation financière. » Pour motiver ses troupes, il cultive « le mythe de la grande famille », raconte Christine Chamard, dévouée au Puy du Fou pendant vingt ans, puis repentie. Les bénévoles embarqués dans cette grande aventure revendiquent leur fierté d’en être.Mais, aujourd’hui, ce modèle économique unique choque et dérange : « On ne fait pas travailler une multinationale avec des amateurs qui ne sont pas payés ! »
Ce n’est pas le seul reproche dont fait l’objet le système Puy du Fou… L’Histoire telle qu’elle est racontée et représentée dans les différents spectacles « historiques », entièrement écrits et conçus par celui qu’on appelle « le vicomte » ou « le créateur », donne lieu à de vives critiques de la part des historiens. Deux fois candidat à la présidentielle, tendance droite dure, Philippe de Villiers en livre sa version catholique identitaire. « L’idée du Puy du Fou, c’est de rappeler à tous les Français que la France est catholique et royale », résume Laurent de Villiers. Et la Vendée : « Une terre martyr sacrifiée par la République. »
Autre mystère : l’expansion très rapide de la superficie du parc – des vingt hectares du début aux actuels quatre cents hectares – interroge… Comment le Puy du Fou a-t-il pu réduire les délais théoriquement incompressibles nécessaires à l’acquisition de terres agricoles ?
Pour trouver des réponses, l’équipe de Complément d’enquête est partie à la rencontre des habitants de la région, des bénévoles – d’hier et d’aujourd’hui –, mais aussi du « vilain petit canard » de la fratrie de Villiers : le fils Laurent, par qui le scandale est arrivé. En 2006, il ose braver l’omerta familiale en dénonçant les viols qu’il aurait subis de son frère aîné, Guillaume. Aujourd’hui, il vit exilé aux États-Unis. Son plus jeune frère, Nicolas, est devenu l’héritier du trône : brillant diplômé d’une école de commerce, il est aux manettes du Grand Parc qui, aujourd’hui, propose des dizaines de spectacles. Également metteur en scène de la dernière création du parc, il vient de lancer au cinéma le premier film franchisé « Puy du Fou », Vaincre ou mourir. Il a accepté de répondre aux questions des journalistes. Celles auxquelles le père, Philippe de Villiers, préfère éviter de répondre…
Complément d’enquête
Histoire, argent, pouvoir : les vrais secrets du Puy du Fou
Enquête (60 min) — Réalisation Raphaël Tresanini, Joseph Haley et Vincent Buchy – Production Hikari
Complément d’enquête
Magazine — Conçu par Benoît Duquesne — Présentation Tristan Waleckx—Préparé par Hugo Plagnard, Clément Castex et Séverine Lebrun — Coordonné par Caroline Bélicard et Céline Cardi — Production France.tv
Diffusion jeudi 7 septembre à 23.00 sur France 2
À voir et revoir sur france.tv et sur france tv info
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