Pour « Faut pas rêver », Carolina De Salvo s’aventure au pays des volcans

C’est par des images dignes de cartes postales que débute le périple de Carolina De Salvo sur l’île de Java. Nous sommes en mai et les rizières qu’elle longe sont verdoyantes. Ici et là, on s’affaire, on nettoie, on récolte. Sur la route cabossée qui slalome entre les champs et les villages, son guide du jour souhaite lui faire découvrir un autre visage de Java. « Tu vois, là-bas, lui dit-il, c’est le cratère du Kawa Ijen. Je t’y emmène demain très tôt. » Au petit matin, ils s’engouffrent sur le chemin qui mène au cratère de ce volcan. Munis de masques pour éviter de respirer les émanations de soufre qui s’en échappent, ils partent rencontrer des mineurs de l’extrême. Ces hommes, au péril de leur vie, viennent récupérer de la pierre de soufre. Et pour remonter leur précieuse cargaison, ils ne peuvent compter que sur eux. « On a bien entendu parler d’un projet, explique l’un d’eux, mais à cause des gaz dangereux, il n’y a pas d’équipement possible. Une installation en fer serait vite dissoute. » Cette matière solide, utilisée pour blanchir la canne à sucre, en cosmétique ou encore comme engrais, est non seulement comestible mais elle soigne aussi les démangeaisons, les problèmes de peau ou les allergies, mais à quel prix.

Il est toujours actif. Pour nous, il est vivant. Personnellement, je crois en lui. Le Bromo nous protège, nous les Tengger, et ça depuis toujours. Nous avons toujours vécu à ses côtés, en harmonie avec lui et la nature. Nous ne partirons jamais d’ici.

Un agriculteur à propos du mont Bromo

La cérémonie du Kasada

Au pied du mont Bromo, Carolina De Salvo fait la connaissance d’agriculteurs aux terres fertiles. « C’est le résultat des éruptions du Bromo, lui précise-t-on. Une bonne terre volcanique et sableuse, c’est idéale pour les cultures. On peut planter n’importe quoi ici, tout pousse (…). À chaque éruption, la terre est meilleure que les années précédentes. » Une fois par an, à la pleine lune, des fidèles viennent déposer des offrandes au bord du cratère pour célébrer les dieux du volcan et s’attirer les grâces du Bromo. « On attend tous ce moment avec beaucoup d’impatience, lui avoue l’agricultrice alors qu’ils se dirigent vers le cratère. C’est un temps fort de notre tradition. »

La radio du volcan

« Pour les habitants du coin, il y a une radio qui est incontournable, c’est la radio du volcan [Merapi] », explique Carolina De Salvo alors qu’elle se dirige vers la station pour y rencontrer l’un de ses plus célèbres animateurs. « Jusqu’à présent, [le Merapi] n’a jamais fait d’éruption sans nous le signaler (…), lui dit-il. Si on sait l’écouter, si on est attentif à ce qu’il nous dit, nos vies seront sauvées et puis on pourra profiter de sa générosité. Il nous donnera encore plus de sable volcanique. » Alors qu’ils se rendent sur le site d’une carrière implantée au cœur du lit d’une rivière, le journaliste évoque les risques encourus par ceux qui y travaillent pour en extraire le sable. « L’inondation est plus dangereuse que l’éruption car la puissance de l’eau emporte des matériaux de cette taille-là, lui précise-t-il en désignant un rocher. Et la vitesse d’évacuation des camions et des hommes est dérisoire par rapport à la force du torrent (…). La dernière fois, tout a été inondé en quelques minutes. Mais on peut quand même cohabiter avec cette menace, car grâce aux infos qu’on donne à la population, elle peut réagir très vite. Elle est moins prise au dépourvu (…). C’est vraiment la vie de ces gens qui est entre nos mains. »

Il y a cinquante éruptions par an en moyenne sur tout le globe, dont régulièrement deux ou trois au même moment.

Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue à l’Université-Paris Saclay (extrait d’une interview donnée à La Dépêche en novembre 2023)

Le Merapi, le plus puissant volcan du pays

« Le Merapi est un stratovolcan. Il s’est formé au fil des millénaires par une accumulation successive de couches de lave durcie et d’éjectas volcaniques. Ce volcan de type explosif appartient à la ceinture de feu du Pacifique. C’est une succession de volcans qui borde l’océan Pacifique sur 40 000 kilomètres (…). Les volcans explosifs connaissent des éruptions qui s’accompagnent de violentes explosions les rendant très dangereux. Comme pour le volcan Merapi à Java, les volcans de ce type ou volcans gris produisent de grandes quantités de cendres et des nuées ardentes (…). Depuis l’époque de sa formation, le Merapi est à l’origine de plus de 60 éruptions explosives. »
Source : Science et vie