Que valent nos huiles essentielles ?

Aromathérapie (n.f.) : Thérapeutique par ingestion, massage du corps ou inhalation d’huiles essentielles végétales ou d’essences aromatiques. (L’aromathérapie est une branche de la phytothérapie, traitement des maladies par des produits dérivés des plantes.)

Définition du Larousse 

C’est un procédé ancien obtenu à l’aide d’alambics. Mais aurait-il bénéficié d’une telle aura et d’une telle destinée sans un accident survenu au début du XX^e siècle dans le laboratoire du chimiste René-Maurice Gattefossé. « Il s’est gravement brûlé, explique le docteur en pharmacie Jacques Fleurentin. N’ayant pas trop de traitement sous la main, il a eu l’idée de prendre de l’huile essentielle de lavande, qui lui avait été conseillée par une lavandière. Et là, il s’est rendu compte des résultats tout à fait extraordinaires de cette huile essentielle. D’abord, elle a calmé très rapidement la douleur. Ensuite, elle a favorisé la cicatrisation. Et surtout, elle a évité une surinfection après la brûlure. À la suite de cela, il a beaucoup travaillé sur les huiles essentielles et il a écrit un des premiers ouvrages, Aromathérapie – Les Huiles essentielles, hormones végétales. Et il est donc considéré comme l’un des pionniers dans ce domaine-là. » Un siècle plus tard, l’attrait pour ces fioles et leurs vertus thérapeutiques est tel qu’on les trouve en vente libre, aussi bien dans des boutiques spécialisées que dans des pharmacies ou des magasins bio. Parmi les adeptes, il y a ceux qui maîtrisent parfaitement le sujet. Au point de concocter leurs propres remèdes, en suivant à la lettre les recommandations. Des associations d’huiles essentielles qui soulagent durablement leurs maux du quotidien et dont ils ne peuvent plus se passer. Comme dans tout traitement, il reste primordial de respecter la posologie et d’éviter certaines contre-indications pour ne pas obtenir des résultats contraires à ceux recherchés (ainsi n’essayez jamais de les appliquer à même la peau). Dans le doute, mieux vaut se renseigner.

Ça va concentrer les principes actifs dans des proportions qui sont tout à fait inhabituelles en thérapeutique, même humaine. Sur les milliers d’années durant lesquelles on a utilisé des plantes, on n’a jamais concentré à ce point-là des principes actifs.

Docteur Aline Mercan, médecin généraliste, phytothérapeute et docteur en anthropologie bio-culturelle

À l’inverse de la pharmacopée chimique (où la composition reste identique pour un même médicament), les concentrés d’huiles essentielles, pour une même espèce, peuvent varier en fonction du terroir, du climat, des caractéristiques génétiques de la plante ou de la période de récolte. Même la taille des compte-gouttes diffèrent selon les marques. « Ce qui est un peu aberrant, c’est qu’on a des compte-gouttes qui ont une taille différente, rapporte le Dr Aline Mercan. Quelqu’un va prendre un volume 1 et l’autre va prendre un volume 1,5, par exemple. C’est comme si, sur une boîte de paracétamol, on ne faisait pas la différence entre un comprimé et un comprimé et demi (…). On le dit bien en pharmacologie, c’est la dose qui fait le poison. » 
Naturel ne signifie pas sans danger ou bon pour la santé. Nombre de champignons ou de végétaux peuvent s’avérer toxiques, voire mortels pour l’homme et il ne nous viendrait pas à l’esprit de les consommer. « Une cuillerée à café d’huile essentielle peut être mortelle, il faut le savoir, conclut Jacques Fleurentin, donc ça se prend par goutte. » 

L’huile essentielle de cannelle, qui peut paraître totalement anodine, vous en posez une goutte sur votre langue, vous vous en souvenez toute votre vie parce que vous allez avoir un trou dans la langue. 

Aymeric Dopter, chef de l’unité des risques liés à la nutrition, Anses