« En guerre contre le proxénétisme : Au nom des femmes » : un documentaire qui lève le voile sur le nouveau visage de la prostitution

« C’est plus qu’un métier, ça rejoint mes valeurs de femme. » Aurora
« Je veux sortir ces filles de la prostitution, les aider, les protéger. » Delphine
« On est sur une question d’atteinte fondamentale à la dignité humaine. » Elvire

Pour ces trois policières de l’OCRTEH, l’Office central de répression de la traite des êtres humains, leur travail est une véritable mission. Aurora, Delphine et Elvire sont des femmes passionnées, aguerries, traquant chaque jour les proxénètes internationaux qui ont métamorphosé le visage de la prostitution en France. Car, depuis plusieurs années, on assiste bien à un phénomène de mondialisation de l’exploitation de la prostitution. Les réseaux étrangers ne cessent d’envahir le marché pour éloigner progressivement la prostitution française de la rue et l’installer derrière les murs des hôtels et des logements privés. Les femmes, elles, sont de plus en plus invisibles… « L’invisibilité de la plupart des victimes, mais également celle des auteurs, en fait un sujet complexe, propice aux fantasmes et surtout méconnu du grand public », explique la réalisatrice Mathilde Gautry.

Pour la première fois, Aurora, Delphine et Elvire ont offert un accès inédit à leurs affaires pour tenter de comprendre comment elles vont tenter de sortir ces dizaines de femmes de l’emprise de réseaux de proxénètes internationaux. « Je vais alors pouvoir filmer l’intégralité des investigations. C’est une première en France », explique la réalisatrice. 
Elvire et ses enquêtrices ont dans leur viseur un réseau de proxénètes colombiens, et un autre d’Europe de l’Est, opérant partout en France. En planque, elles guettent l’arrivée à l’aéroport des femmes, passent au crible les petites annonces mises en ligne, tentent de débusquer les lieux de passes secrets. Mais démanteler ces réseaux tentaculaires s’avère compliqué… Les têtes pilotent souvent les opérations depuis leurs pays d’origine. Les victimes, elles, sont cachées dans des hôtels, appartements ou Airbnb, et sans cesse déplacées pour ne pas être repérées. Surveillées de près, elles ne doivent pas bouger sans autorisation, assurer un nombre édifiant de passes par jour et ne pas refuser certains actes sexuels. Dans l’ombre, et sans aucun trouble à l’ordre public, le phénomène continue d’exister et d’être ignoré… « Ces femmes sont déshumanisées… regrette l’une des enquêtrices. Par le proxénète, le client, et aux yeux de nous tous. » 

Au plus près du quotidien de ces enquêtrices, sensibles et passionnées, ce documentaire explore, pour Mathilde Gautry, « tous les contours de la traite des êtres humains auprès de ceux qui en sont les témoins directs, et dans ce qu’ils possèdent de plus violent et de plus pervers. Il montre l’emprise d’une criminalité organisée envers ces prostituées, déplacées et exploitées comme une banale marchandise ». À travers ce documentaire poignant, la réalisatrice a aussi souhaité porter un éclairage sur le travail acharné de ces trois enquêtrices hors pair, demeurant, à ses yeux, de véritables « héroïnes »…