« Le Canard à l’orange » : le chef-d’œuvre du théâtre de boulevard anglais

Fou ou roi ? Mari trompé et bientôt abandonné, le spirituel et cabotin Hugh Preston entreprend de reconquérir son épouse au cours d’une désopilante soirée en forme de partie d’échecs. En 2018, Nicolas Briançon revisitait brillamment le classique de William Douglas Home aux côtés d’Anne Charrier, François Vincentelli, Alice Dufour et Sophie Artur. Mardi à 22.40 sur France 2.

« Le Canard à l'orange » © Claude Hermaize

« Comme je travaille à la BBC, il est tout à fait normal que ce soit la télévision qui m’ait appris que je suis cocu. » Le sujet est planté, le ton est donné. Parvenant, grâce à un mensonge, à soutirer à sa femme Liz l’aveu de son adultère et le détail de ses projets de départ avec son amant, Hugh Preston n’en perd pas pour autant son cinglant esprit de repartie  – « Ce doit être humiliant pour une femme d’être mariée avec un cocu » – et, contre toute attente et grand seigneur, propose à Liz de prendre tous les torts à sa charge dans leur futur divorce en se laissant volontairement surprendre au lit avec sa secrétaire. Afin de régler tous les détails de l’affaire, il invite son riche et fringant rival, John Brownlow, ainsi que la piquante Mlle Forsyth, jeune beauté ambitieuse, à passer le weed-end dans sa maison. En attendant le canard à l’orange que la gouvernante, Mme Gray, prépare pour le dîner, Preston saoule les invités avec des bons mots absurdes et d’excellents alcools forts... pour mieux tromper son monde.
Deux monstres sacrés des planches s’étaient illustrés dans le rôle de Preston, Jean Poiret en 1979 (dans une mise en scène de Pierre Mondy), Michel Roux en 1993 (dans une mise en scène de Pierre Mondy et Alain Lionel). Le metteur en scène et comédien Nicolas Briançon leur succède avec les honneurs dans cette nouvelle incarnation rajeunie du cabotin séducteur, manipulateur et irrésistible qui, en excellent joueur d’échecs, fait le fou pour sauver sa reine. Face à lui, Anne Charrier campe drôlement et subtilement une femme qui ne sait plus très bien qui elle trompe, François Vincentelli s’amuse à jouer les grands cornichons et Alice Dufour, une arriviste plus sympathique que réellement cynique. Finalement, tout comme Hugh est à la fois volage et amoureux, Liz, adultère et jalouse de son mari, ce Canard à l’orange est une comédie à la fois grinçante et romantique. À l’image de cette comparaison entre l’adultère et la bière brune : « Avant de la boire, je suis perplexe, quand je la bois, je suis inquiet, quand je l’ai bue, je suis malade. »

VIDÉO. « Télématin », 6 mai 2019

 

« Le Canard à l’orange », en résumé

Hugh Preston est un animateur-vedette de télévision, marié depuis quinze ans à Liz, qu’il trompe avec de nombreuses maîtresses. Un vendredi soir, Hugh apprend qu’elle a un amant. Au pied du mur, elle avoue alors à Hugh sa liaison avec un homme, avec qui elle compte partir le dimanche matin suivant. Hugh offre à sa femme de prendre les torts à sa charge et de se faire prendre en flagrant délit d’adultère au domicile conjugal avec sa secrétaire, et invite l’amant à passer le week-end à la maison, afin de régler les questions du divorce. Liz refuse cette proposition qu’elle juge incongrue. Mais lorsque Hugh lui avoue qu’il lui a tendu un piège et qu’il ne savait rien de sa liaison avec John Brownlow, Liz, piquée au vif, accepte pour montrer à Hugh à quel point son amant est mieux que lui.

Pièce de William Douglas Home - Adaptation Marc-Gilbert Sauvajon - Mise en scène Nicolas Briançon - Réalisation Dominique Thiel - Production Bonne Pioche Télévision et Théâtre de la Michodière - Enregistrée au Théâtre de Paris - Durée 120 min

Distribution
Nicolas Briançon Hugh Preston
Anne Charrier Liz Preston
François Vincentelli John Brownlow
Alice Dufour Mlle Forsyth
Sophie Artur Mme Gray

Diffusion mardi 18 avril à 22.40 sur France 2
Le Canard à l’orange est à voir ou revoir sur france.tv

Publié le 16 avril 2023
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