« Des racines et des ailes » en Périgord : rencontre avec la nouvelle génération des gardiens du patrimoine

À contre-courant de la plupart de ceux avec qui ils ont grandi, plusieurs jeunes habitants de Dordogne sont restés ou revenus sur les terres de leur enfance. Ils n’ont pas suivi l’élan d’un appel à retrouver le contact avec la nature en quittant les villes pour la campagne, comme on a pu l’observer ces dernières années. Non, leur projet est tout autre, celui de renouer avec le patrimoine de leur région pour mieux préserver les édifices et savoir-faire de leur enfance. Un numéro de Des racines et des ailes placé sous le signe d’une jeunesse engagée.
Il en est ainsi d’Aude de Commarque, héritière du château éponyme, à la suite de ses parents. Une responsabilité immense de sauvegarder cette forteresse, l’une des plus impressionnantes du Périgord, à l’emplacement stratégique entre les vallées de la Beune et de la Vézère (cette dernière se jetant dans la Dordogne). Elle fut bâtie au XII^e siècle par Gérard de Commarque sur les terres de l’abbaye de Sarlat et devint une coseigneurie, comptant pas moins de huit seigneurs, fait rare. Elle est finalement abandonnée au XVI^e siècle, avant que le père d’Aude ne se décide à y entreprendre des travaux de restauration. 
Des travaux qui ont commencé par un défrichage, la bâtisse étant complètement envahie par la végétation. C’est donc petit à petit que le chantier de fouilles a permis au site de revoir le jour et dévoilé toute la richesse de son histoire. Une histoire vieille de 15 000 ans puisque des hommes préhistoriques s’étaient installés dans le rocher.
Rien d’étonnant quand on sait que l’homme de Cro-Magnon fut découvert non loin de là, dans les Eyzies-de-Tayac, un ensemble de grottes datant de la préhistoire. C’est en effet un trait de ce territoire que de superposer plusieurs couches d’histoire à ciel ouvert, du néolithique à la Renaissance, en passant par le Moyen Âge, durant lequel la plupart des châteaux ici furent construits. Un patrimoine géologique et architectural qui demande d’être préservé et entretenu. 
C’est ainsi que plusieurs jeunes de la région, à l’instar d’Aude de Commarque, s’engagent pour la sauvegarde du patrimoine du Périgord. C’est d’ailleurs le souhait de la châtelaine que de pouvoir les fédérer dans un réseau permettant l’entraide, en développant des solutions innovantes pour, d’une part, attirer un public toujours demandeur de nouveautés et, d’autre part, protéger les édifices que le temps leur a légué. Pour Aude, ce sont « des alliés, des partenaires de rêves et de projets. Ça nous donne l’élan de vivre, de créer, de réaliser, et ça nous donne vraiment l’envie et le désir de porter au mieux notre histoire à tous ».
Et dans « le pays des mille châteaux », les occasions ne manquent pas. Qu’ils soient architectes du patrimoine, restaurateurs, éleveurs ou producteurs, chacun s’attache à faire vivre cet héritage commun.