« Dix pour cent »

Interviews de Dominique Besnehard et Harold Valentin

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Séries & fictions

Ils nous ont manqué ? Ils sont de retour pour les vacances, sous leurs meilleurs jours ou pas ! Andréa, Gabriel, Arlette, Hervé, Camille, Mathias, Noémie et Sofia en top forme font exploser les murs d’ASK et enflamment notre été. Les 4 saisons de « Dix pour cent » à retrouver rien que pour nous dès le 4 juillet sur la plateforme france.tv. 

L'équipe de l'agence ASK au grand complet. © C. Brachet/M. Cotell / FTV / Monvoisin Production / Mother Productions

Tout l'été on boit frais en regardant Dix pour cent !

Au moment de la sortie de la saison 4, Dominique Besnehard et Harold Valentin, créateur et producteurs, s’étaient confiés à nous

Dominique Besnehard, créateur et producteur de la série

Dominique Besnehard a vécu mille vies : comédien, agent de comédiens, directeur de casting, directeur du Festival du film francophone d’Angoulême, « Monsieur Cinéma » sur France 5, et heureux créateur et producteur de la série Dix pour cent. Il revient sur la naissance de la série et son succès.

À quel moment avez-vous eu l’idée de Dix pour cent ?

Dominique Besnehard : Lorsque j’étais agent chez Artmédia, il y avait un engouement très fort pour les nouvelles séries américaines au ton provocateur comme Desperate Housewives. Avec mon collègue et ami Michel Feller, nous avons eu l’idée d’écrire un synopsis sur notre métier. Plus tard, quand je suis devenu producteur, j’ai ressorti ce projet qui allait mettre encore sept ans à se réaliser.

Quel est le ton de cette quatrième saison ?
D. B. : Fanny Herrero et son équipe ont construit des destins incroyables à nos agents. Avec la nouvelle équipe, je souhaitais qu’on revienne davantage à l’agence, au cinéma, aux fondamentaux de ce métier. Personnellement, je suis un peu plus connu que d’autres agents, mais normalement c’est un métier de l’ombre, des coulisses, et leurs petites cachotteries et mensonges préservent la sensibilité des artistes. Cependant, quelquefois, à trop mentir, cela entraîne des catastrophes bien plus graves, comme avec Charlotte Gainsbourg dans le premier épisode.

Les anecdotes qui arrivent aux guests sont parfois incroyables…
D. B. : Toutes les histoires qui sont illustrées par les guests sont véridiques. Pas vécues par les acteurs eux-mêmes, mais vraies. Par exemple, l’histoire sentimentale jouée par José Garcia m’a été racontée par Jean-Louis Trintignant. Il tournait en Italie où il a rencontré Stefania Sandrelli, le coup de foudre fut immédiat. Mais, mariés tous deux, ils n’ont pas souhaité bouleverser leurs vies et se sont donné rendez-vous un an plus tard dans un hôtel… L’histoire attribuée à Sigourney Weaver a été vécue par Jeanne Moreau, partie tourner au Québec. Et ainsi de suite…

C’est un métier de l’ombre, des coulisses, et leurs petites cachotteries et mensonges préservent la sensibilité des artistes. Cependant, quelquefois, à trop mentir, cela entraîne des catastrophes bien plus graves.

Dominique Besnehard, créateur et producteur de la série

Comment Sigourney Weaver, alias Ellen Ripley dans Alien et Grace Augustine dans Avatar, a-t-elle eu envie de jouer dans Dix pour cent ?
D. B. : Je crois que ça l’amusait ! La renommée de la série y a aussi fait pour beaucoup. Kevin Kline lui avait confié l’adorer. D’ailleurs, il a été mon top agent aux États-Unis (rires). Et une amie commune, Catherine Leterrier, parmi les meilleures costumières de cinéma, a renchéri sur la qualité de la série. Sigourney est une actrice américaine peu impliquée dans le star-system, elle vient du théâtre, elle parle français et elle a vu l’opportunité de travailler avec des acteurs de très haut niveau. Une conjonction parfaite.

Mais, au début, faire venir des stars sur une série inconnue pour jouer en leur nom n’était pas une mince affaire…
D. B. : Non, effectivement ! Parce qu’il faut beaucoup d’humour et d’autodérision pour accepter de jouer en son nom propre. Cécile de France a été notre Jeanne d’Arc. Elle, si naturelle, a eu le courage de se tourner en dérision sur le thème de la chirurgie esthétique. Fabrice Lucchini également a osé se présenter sous un autre jour, tout comme Monica Bellucci, Isabelle Adjani, Isabelle Huppert. Ils m’ont surpris et, avec moi, le public aussi. Cette saison, Sandrine Kiberlain veut tout abandonner pour faire du stand-up, hilarante ! Pour d’autres, il valait mieux les laisser venir à nous, susciter leur envie, comme Jean Dujardin ou Franck Dubosc.

Regrettez-vous certaines personnalités que vous n’avez pas réussi à engager ?
D. B. : Sophie Marceau, malheureusement, à chaque fois que je lui ai parlé de la série, était coincée dans des histoires personnelles. Mais comme nous sommes amis, elle a toujours été très honnête et ne m’a jamais fait lanterner. Catherine Deneuve a une vie tellement scrutée et disséquée par la presse que c’était mission impossible. Mais, surtout, je rêvais de terminer cette quatrième saison avec un acteur international comme Gérard Depardieu, un vrai symbole du cinéma français. Je suppose qu’il devait être occupé en Russie… La seule autre personnalité ayant une telle renommée était Jean Reno. Je le connais pour l’avoir fait débuter au théâtre dans Terre étrangère avec Michel Piccoli, lorsque j’étais directeur de casting. Depuis, il a toujours eu beaucoup d’affection pour moi et il est parfait et magnifique dans ce dernier épisode, mais je n’en dis pas plus.

Le jeune public est fasciné par la confrontation entre deux mondes : ceux de l’ombre, les agents, au service de ceux qui vivent dans la lumière. Un peu comme dans « La Règle du jeu » de Jean Renoir.

Dominique Besnehard

Comment expliquez-vous le succès de la série ?
D. B. : Elle plaît beaucoup au jeune public. Je pense qu’il est fasciné par la confrontation entre deux mondes : ceux de l’ombre, les agents, au service de ceux qui vivent dans la lumière. Un peu comme dans La Règle du jeu de Jean Renoir. Et, aux États-Unis, la série plaît parce qu’elle est tellement française. Là-bas, les agents sont de véritables multinationales, très hiérarchisées et pas du tout familiales. 

Finalement, la boucle est bouclée, la série a joué le rôle d’agent pour les comédiens récurrents…
D. B. : Oui. Camille Cottin était déjà un peu célèbre avec Connasse. Mais je pense que c’était la première fois qu’on voyait l’étendue de son jeu et avec quelle aisance elle peut passer de la comédie au drame en une scène. Habituellement, on met en garde les acteurs vis-à-vis des séries qui risquent de les figer dans une image, de bloquer leur carrière. Là, c’est tout l’inverse qui s’est produit, ils ont tous décollé !

Propos recueillis par Diane Ermel

Dominique Besnehard, concepteur de la série, producteur
Dominique Besnehard, créateur de la série et producteur.
© Christophe Brachet / FTV / Monvoisin Prod / Mother Prod

Rencontre avec Harold Valentin, producteur de la série

Harold Valentin, producteur de la série, revient sur ses origines, son succès et la saison 4. Il précise que le « nous » qu’il emploie au long de cette interview inclut son associé Aurélien Larger et rappelle que la série Dix pour cent est le fruit d’un travail d’équipe. 

La quatrième saison de Dix pour cent, comme les précédentes, est très attendue, que pouvez-vous nous en dire ?

Harold Valentin : Elle démarre avec la séparation de la famille d’origine, puisque Mathias et Noémie quittent l’agence pour devenir producteurs. Cette scission fragilise les autres membres d’ASK et interroge chacun d’eux sur leurs envies et leurs destins individuels et collectifs. 

La saison commence avec un gros mensonge d’Andréa à Charlotte Gainsbourg… Pourquoi est-ce un métier où il faut savoir mentir ?
H. V. : Dans la deuxième saison, Sofia disait à Gabriel : « C’est une parole d’agent que tu me donnes » ! Dans ce métier, comme dans tous ceux liés à la création de fiction, il faut savoir susciter le désir, faire rêver pour réussir à agréger des talents qui participeront au développement du projet. Le mensonge réside à la base de la fiction. Il est intrinsèque à nos métiers. Cette idée plaisait beaucoup à Cédric Klapisch, qui a réalisé la première saison. Après il y a une immense variété de mensonges, le mensonge par délicatesse, le mensonge par manipulation, par gêne etc., et ceux de la série, en tout cas de nos agents, finissent toujours par trouver une couleur de comédie. 

Comment les scénaristes réussissent-ils à inventer d’aussi savoureuses péripéties pour les acteurs invités de la série ?
H. V. : C’est la quadrature du cercle ! Les intrigues doivent être à la fois plausibles, drôles et dramatiques, et se résoudre en quatorze séquences au maximum ! Heureusement, nos stars ont désormais bien compris la règle du jeu et se prêtent à une caricature de plus en plus proche de leurs personnalités. Une manière pour eux de jouer avec leur public et de créer une complicité. Comme Franck Dubosc, dans le deuxième épisode de cette nouvelle saison, qui se fait railler en mode « Patrick Chirac », et Sandrine Kiberlain, qui joue avec son image d’actrice toujours en quête de nouvelles lubies. Dans les saisons précédentes, il y avait eu Monica Bellucci et Isabelle Huppert qui rejouaient une anecdote personnelle.   

Cette saison représente la fin d’un cycle. Comme les personnages, nous allons également nous remettre en question (...) et aviser si une suite est possible.

Harold Valentin, producteur

Est-ce la dernière saison ?
H. V. : C’est en tout cas une vraie pause ; cette saison représente la fin d’un cycle. Comme les personnages, nous allons également nous remettre en question avec mes associés, Aurélien Larger et Simon Trouilloud, et mes coproducteurs à l’initiative de la série, Dominique Besnehard et Michel Feller, et aviser si une suite est possible.

Revenons sur la genèse de la série : quand Dominique Besnehard a appris que Canal+ refusait Dix pour cent… 
H. V. : Il pensait que le projet était mort ! Mais je connaissais bien le public de France 2 et son regard aiguisé pour avoir été conseiller de programmes fiction de la chaîne, et je le savais tout à fait à même d’apprécier ce genre de série à la fois drôle et dramatique. Nous avons alors relancé l’aventure avec Fanny Herrero à la tête d’une nouvelle équipe créative. Le concept reposait sur la collision entre cette vie professionnelle particulière et très prenante et la vie personnelle de nos agents. La comédie de bureau parle à bon nombre de personnes avec les collègues sympas, ceux plus arrogants, les assistants, etc. Mais, à l’époque, certains pensaient que le microcosme parisien n’intéresserait pas le grand public. Or, moi, je peux me passionner pour un village de pêcheurs en Cornouaille dès lors que transparaît une humanité universelle. Donc je ne voyais pas pourquoi l’inverse ne pourrait pas se vérifier !

Et vous ne vous êtes pas trompé ! Vous attendiez-vous à un tel succès ?
H. V. : Un peu, parce que, quand on est producteur, on croit en son projet. Mais je n’imaginais pas un tel retentissement à l’international ! Sur Netflix, c’est la série française qui marche le mieux, et les audiences doublent à chaque saison. Selon The New Yorker, ce qui séduit les Américains dans Dix pour cent, c’est l’absence de cynisme – contrairement aux séries sur le même thème Entourage et Extras. Et la dérision, un humour assez anglais finalement, que nous, Français, avons réussi à nous approprier. Des homologues britanniques me confiaient à ce propos : « Avant, nous excellions dans la comédie dramatique, mais nos chaînes de télé ont séparé les deux genres, et plus personne ne sait réaliser de “dramédies”. » J’ajouterais : si, les Français ! Pour moi, ce mélange de drame et de comédie est le genre qui résonne le mieux avec la vraie vie.

Pour moi, ce mélange de drame et de comédie est le genre qui résonne le mieux avec la vraie vie.

Harold Valentin, producteur

Existe-t-il des « remakes » de la série ?
H. V. : Oui, déjà deux : au Québec, avec Les Invisibles, et en Turquie, où l’adaptation rencontre une très bonne audience. On verra bientôt aussi une version se passant à Londres, et de nombreux autres pays ont acquis les droits, comme la Chine, le Vietnam, le Brésil et l’Inde… J’ai hâte de voir Dix pour cent à Bollywood, mais là-bas comme en Chine, l’agent est souvent un membre de la famille. 

Pour finir, qui auriez-vous choisi comme agent si vous étiez comédien ?
H. V. : [Rires.] Heureusement que je ne suis pas comédien ! Mais, s’il fallait choisir… entre Andréa et Gabriel, mon cœur balance !

Propos recueillis par Diane Ermel

Sigourney Weaver et Fanny
Sigourney Weaver et Fanny Sidney.
© Christophe Brachet / FTV / Monvoisin Prod / Mother Prod

Dix pour cent, les 4 saisons

Série (2015-2020) —
D’après une bible littéraire de Dominique BesnehardMichel Vereecken, Julien Messemackers, Fanny Herrero —
Une série créée par Fanny Herrero — Auteurs des scénarios Victor RodenbachVianney Lebasque, Edgard F. Grima, Jérôme Bruno, Marc Fitoussi, Frédéric Rosset, Sabrina B. Karine, Thomas Mansuy, Judith HavasBenjamin Havas, Angela Soupe, Hélène Lombard, Cécile DucrocqNicolas Mercier

Avec
Camille Cottin (Andréa Martel), Thibault de Montalembert (Mathias Barneville), Grégory Montel (Gabriel Sarda), Liliane Rovère (Arlette Azemar), Fanny Sidney (Camille Valentini), Nicolas Maury (Hervé André-Jezak), Laure Calamy (Noémie Leclerc), Stéfi Celma (Sofia Leprince), Assaad Bouab (Hicham Janowski), Ophélia Kolb (Colette Brancillon)

Participations exceptionnelles
Charlotte Gainsbourg, Franck Dubosc, José Garcia, Sandrine Kiberlain, Sigourney Weaver et Jean Reno

Sans oublier
Anne Marivin, Stéphane Freiss, Mimie Mathy, Nathalie Baye, Muriel Robin, Marina Rollman, Guillaume Gallienne, Valérie Donzelli, Xavier Beauvois, JulieGayet, Bernard Verley, Rayane Bensetti et Tony Parker

À (re)voir sur france.tv dès le 4 juillet

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Publié le 02 juillet 2024
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