Vie réelle et petits secrets : « Dans la peau du légionnaire romain »
Rome à son apogée et des armées de légionnaires défendant l’Empire. Le soldat romain incarne sa puissance et son rayonnement. Nourrie par les récits légendaires, la croyance populaire ou le cinéma, son image est celle d’un combattant efficace, vaillant et discipliné. Pourtant les dernières découvertes archéologiques apportent aujourd’hui une vision surprenante de l’homme et de sa vie quotidienne. À découvrir dans ce nouvel opus de « Science grand format », jeudi 8 juin à 21.00 sur France 5.
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Le mythe du légionnaire a la peau dure. Grâce aux découvertes archéologiques qui permettent de faire la chasse aux idées reçues, ce film esquisse le portrait de l’homme qui se cache derrière le légendaire soldat romain. Peu à peu se dessine un portrait plus intime, plus humain, hors des champs de bataille, grâce aux objets de la vie quotidienne et, plus incroyable encore, à leur correspondance.
194 ap. J.-C. marque le début de la Pax Romana : deux siècles où l’Empire romain impose la pacification des régions conquises. Le légionnaire, qui décide alors d’entrer dans l’armée, s’engage pour vingt-cinq ans avec un risque atténué de mourir au combat. Mais c’est le gage d’un statut prestigieux et d’un revenu assuré. Affecté à une unité, il est envoyé aux confins de l’Empire romain le long des frontières ou dans une garnison d’une cité importante.
Deux sites archéologiques d’une grande richesse témoignent de ces deux styles de vie : Lugdunum (Lyon), capitale des Gaules, et, au nord de l’Angleterre, l’ancienne garnison Vindolanda, située le long du mur d’Hadrien, enceinte défensive destinée à repousser les « barbares ». Les campagnes de fouilles y livrent depuis plusieurs décennies de nombreux témoignages de la vie quotidienne des garnisons.
En 1973, à Vindolanda, les archéologues font une découverte majeure : des tablettes de bois où figurent des écrits à l’encre. Plusieurs centaines d’autres ont été découvertes depuis. La pauvreté de l’oxygène dans ces sols favorise des conditions exceptionnelles de conservation. Le déchiffrage des tablettes révèle des courriers échangés entre les légionnaires et leurs familles.
« Salut camarade ! Dis bonjour à tout le monde. Dans ce colis, nous t’envoyons deux paires de chaussettes et deux paires de caleçons… » L’archéologue Andrew Birley, fils de celui qui a exhumé la première tablette, s’enthousiasme : « Cette lettre nous raconte aussi l’éloignement du légionnaire de son foyer, auquel il reste connecté grâce aux colis qu’il reçoit, envoyés à plusieurs milliers de kilomètres de distance. Ça humanise totalement le soldat romain ! »
Des correspondances qui éclairent soudain de façon nouvelle les préoccupations des habitants de Vindolanda : « Vous savez que les tablettes écrites vont vous raconter quelque chose d’exceptionnel : une information que vous n’obtiendriez jamais d’aucune autre source. »
Ainsi se précise, au fil de leur lecture, la vie ordinaire d’une garnison, les conditions de ravitaillement, les quantités de provisions nécessaires à la population du fort… À proximité de celui-ci, on trouve les vestiges de colonies civiles – les vicus – avec ses tavernes et ses thermes, où vit une population avec des métiers divers. « Du fait de la capacité économique des soldats romains, il est clair que les garnisons deviennent rapidement des points de concentration économique importants, explique l’historien Patrice Faure. Et les soldats ne vont pas se priver de sortir du camp pour avoir une vie en dehors de l’unité et acquérir ce dont ils ont besoin. »
Les objets mis au jour sur les sites des anciennes garnisons romaines, comme Vindolanda ou le site de Lugdunum, sur la colline de Fourvière, à Lyon, apportent un éclairage nouveau sur la vie quotidienne de leurs occupants. On retrouve peu à peu les armes qu’ils utilisaient, les vêtements qu’ils portaient, la vaisselle dans laquelle ils préparaient leurs repas, leurs accessoires de toilette, leurs jeux… Et aussi des objets plus intimes dévoilant une vie amoureuse, en dehors de la garnison, malgré le célibat imposé au légionnaire.
La vie exigeante du soldat qui leur impose de longues marches, lesté de lourds paquetages, n’est pas épargnée par la violence. Elle est aussi marquée par les séparations au fil de ses nouvelles affectations, et par des rites religieux. Une réalité plus personnelle que les archéologues, céramologues et anthropologues font émerger des innombrables trésors livrés par Vindolanda et Lugdunum. « Il faut sortir de cette vision de machine de guerre. Les soldats sont des humains et ressentent des émotions. »
Science grand format : Dans la peau du légionnaire romain
Son art du combat, sa force, son glaive ont fait sa légende. De nombreuses images et croyances populaires accompagnent le modèle du soldat romain – incarnation de la puissance de Rome –, souvent limité à celui d’un combattant intrépide, efficace et discipliné. Mais derrière le mythe, qui était-il vraiment ?
Magazine – Présentation Mathieu Vidard
Mathieu Vidard vous présente le grand spectacle de la science à travers des documentaires dédiés aux nouvelles découvertes archéologiques, spatiales et biologiques de notre planète.
Documentaire (90 min – Inédit – 2023) – Réalisation Pierre-François Gaudry – Production Mona Lisa Production – Wide Studios, avec la participation de France Télévisions
Dans la peau du légionnaire romain est diffusé dans Science grand format jeudi 8 juin à 21.00 sur France 5
À voir et revoir sur france.tv