Chauve et sans complexe
Ils se sont déplumés prématurément. Mais combien de temps ont-ils attendu avant d’oser s’afficher le crâne rasé ? Avant de s’assumer ainsi coiffés ? Ils reviennent sur leurs anecdotes capillaires et leur acceptation de soi dans « Chauves, la revanche ». Un documentaire décoiffant à découvrir vendredi à 21.00 sur France 5.
Je n’suis pas chauve, je suis simplement capillairement pauvre.
Et même si mes cheveux sont manquants, je suis vivant.
Je n’suis pas chauve, je suis simplement capillairement pauvre.
Et bien que mes cheveux soient vacants, je suis content.
Extrait de la chanson « Je ne suis pas chauve » de McFly & Carlito
Perdre prématurément ses cheveux. Devoir s’afficher le crâne dégarni. Présenter une calvitie. À quel point est-ce perturbant à vivre pour celui qui débute ainsi sa vie d’adulte ? Est-il aisé de se construire et de passer outre ? Cela fait-il partie des cauchemars de l’homme moderne ?
Pour le savoir, place à ceux qui ont vécu cette désertification capillaire un peu trop tôt. Des hommes aujourd’hui heureux et définitivement décomplexés à prendre pour modèle. Et puis rien n’interdit de faire appel à des subterfuges ou à de la chirurgie capillaire. L’important est d’avoir le choix. Il est temps de se passer des diktats de la mode, des images trop parfaites du 2.0 et d’accepter d’être différents, avec ou sans cheveux. S’accepter, sans forcément attendre l’assentiment dans le regard d’autrui.
Ce qu’ils en disent
Éric Judor, acteur et réalisateur : « Je me souviens, dans la maison de ma grand-mère, il y avait dans la salle de bain un truc pour ranger les médicaments avec un miroir et un truc derrière. Je n’avais jamais eu de double miroir. Vers 21, 22 ans, je vais dans la salle de bain (…) et je vois ma nuque. Et je vois que ça se clairsème. C’était horrible. »
Cyrus North, vidéaste : « En prépa, je pouvais rassembler mes cheveux après un devoir de maths. J’étais là : “Est-ce que les autres, c’est pareil ?” Et je comprenais que non. »
Serge Massignan, directeur de Comme un camion : « Je sortais du milieu étudiant et j’arrive dans un milieu professionnel très masculin, où effectivement les relations deviennent un peu différentes, et je dois aborder cela avec une tête très différente qui ne me ressemble plus. C’est plus dur de réussir à accepter que ça reste soi. Même sans cheveux, on a toujours la même personnalité avec les mêmes blagues, le même regard. »
Frank Lebœuf, ex-footballeur et comédien : « Je ne pouvais pas me regarder dans un miroir. À 20, 21 ans, voir que je commençais à me dégarnir, c’était une horreur. Je me trouvais horrible et il y a un vrai questionnement. La perception bien sûr, mais sa propre perception. Cela se sent quand on est en confiance, il y a une énergie qui ressort. Quand on est en doute, ça se ressent aussi. »
Laurent Baffie, humoriste : « Bien sûr, c’est de la coquetterie. C’est quand on a envie d’être raccord avec l’image qu’on a de soi (…). L’idée, c’était pas de gagner dix ans sur mon physique, l’idée c’était de ne plus avoir ce plan quand la caméra passe au-dessus. Et j’avais l’impression de ne pas faire Tout le monde en parle, j’avais l’impression de faire le casting de Chaussée aux moines. »
Carlito, vidéaste : « J’ai beaucoup pensé aux implants. J’ai hésité. Je me suis renseigné. Déjà c’est cher, et franchement, je me suis dit : “Non, c’est bon.” J’crois que je m’aime bien comme ça. Je suis habitué, ça va. J’aime bien l’idée de devenir un vieux chauve avec une jolie barbe qui lit des livres et donne des conseils. »
Marc-Olivier Gribomont, propriétaire de l’abbaye Saint-Michel de Bois-Aubry : « Au début de sa carrière, Yul Brynner était très différent. Je pense qu’il n’attirait pas véritablement le regard. Il s’est battu pour attirer véritablement l’attention (…). Et puis la solution miracle, c’est ça. Il décide de se raser complètement la tête pour Le Roi et Moi (…). Il se présente [au casting] en tenue asiatique et surtout le crâne rasé. C’est son idée de génie. C’est une pièce de théâtre. Les trois premières représentations, il est au bas de l’affiche. La quatrième, il est tellement applaudi qu’il va passer en haut de l’affiche. »
Cyril Raffaelli, acteur et cascadeur : « L’un des premiers qui l’a fait, ça reste quand même Bruce Willis. Je me souviens que quand il s’est rasé, ça a été un choc pour moi, parce que c’était un acteur que j’aimais beaucoup et je me suis dit :“Qu’est-ce qu’il fait ?” Et il n’y avait pas encore vraiment d’acteurs d’action rasés, mais comme c’était Bruce Willis, c’était la star hollywoodienne des films d’action, cela a été pris différemment (…). Et tout le monde a bien pris que Bruce Willis se rase. »
Soyons honnêtes, chacun se réveille le matin, se regarde dans le miroir et se compare aux autres (...). On se dit tous qu’il nous manque quelque chose. Dans notre cas, ce sont les cheveux.
Kosha Dillz, rappeur
Chauves, la revanche
Longtemps les chauves ont été moqués par la culture populaire. Depuis Bruce Willis et The Rock, ils sont devenus des icônes. Le film retrace le long combat que les chauves ont dû mener pour bousculer les codes de la virilité. Connus ou inconnus, ils partagent leurs histoires intimes et brisent un tabou masculin. Leurs témoignages se mêlent aux archives cultes, aux personnages célèbres et aux événements clés de cette culture chauve. Comment Yul Brynner est-il devenu la première superstar chauve du cinéma hollywoodien ? Pourquoi André Agassi a-t-il perdu sa première finale de Roland-Garros ? Comment une victoire en Coupe du monde a-t-elle changé le regard sur les chauves ?
Une révolution intime et collective, retracée par ceux qui l’ont vécue : Éric Judor, Carlito, François Alu, Fabrice Éboué, Frank Lebœuf, Laurent Baffie, Cyrus North…
Documentaire (90 min – inédit) – Raconté par Kyan Khojandi – Auteurs Valentin Mollette et Paul Sanfourche – Réalisation Julie Lazare – Commentaires Kyan Khojandi – Production Bangumi et France Télévisions
Ce documentaire est diffusé vendredi 17 mars à 21.00 sur France 5
Chauves, la revanche est à voir et revoir sur france.tv