Bâtir l’avenir : « Nouvelle-Calédonie, la terre et la parole »
Quatre Calédoniens. Quatre communautés. Quatre enracinements. Une seule et même terre : la Nouvelle-Calédonie. L’archipel sort de trois référendums d’autodétermination qui ont acté son rattachement à la France. Mais les incertitudes sur l’avenir persistent. Un contexte qui n’empêche pas ces citoyens d’œuvrer à bâtir la maison commune calédonienne. Un film « outremer.ledoc » à voir lundi 13 mars à 00.45 sur France 3 et sur la1ere.fr.
C’est notre histoire, il y a des blessures qui ne sont pas encore refermées… L’objectif, c’est de ramener une sérénité au niveau du pays, des esprits.
Hippolyte Sinewami-Htamumu, grand chef coutumier du district de La Roche situé sur l’île de Maré
Hippolyte, Betty, Franck et Byron sont nés et vivent en Nouvelle-Calédonie. Qu’elles soient kanak, européennes, polynésiennes, wallisiennes ou asiatiques, toutes les communautés qui composent la société calédonienne sont viscéralement attachées à cette mince bande de terre du Pacifique Sud. Cette « maison commune » est aussi le lieu où se prépare l’avenir. Leur avenir. Mais tous n’ont pas le même rapport à cette terre natale. L’enracinement est différent. Parfois douloureux. Pour certains, il est aussi synonyme de déracinement. Après les référendums d’autodétermination prévus par les accords de Nouméa qui ont acté son rattachement à la France, la société calédonienne reste divisée, les inégalités sociales criantes, les partis politiques usés. Ces quatre citoyens s’engagent quotidiennement pour cultiver le dialogue et le rassemblement afin de construire ensemble la Nouvelle-Calédonie de demain.
« Dans la coutume, on va parler de la place de chacun dans la société kanak. Mais elle est aussi dans la société calédonienne ou même dans le monde : tout cela est régi à travers les valeurs universelles que l’on partage, comme l’humilité, le respect et la cohésion. »
Grand chef coutumier sur l’île de Maré, Hippolyte Sinewami-Htamumu œuvre pour une évolution du statut coutumier qui régit la société kanak. Ancien militaire de carrière, revenu en Nouvelle-Calédonie en 2019, il devient la même année président du Sénat coutumier jusqu’en 2020. À 44 ans, il réaffirme que l’unité de la Nouvelle-Calédonie – ainsi que le débat sur l’avenir institutionnel et politique du territoire – ne pourra se construire sans une meilleure prise en compte de l’identité kanak dans les politiques publiques.
« Nous donnons ce que nous avons sauvé avant que ce ne soit plus consommable et que ça aille à la poubelle… Je suis persuadée que par l’alimentation, on fédère. »
Fille d’immigrés vietnamiens arrivés en Calédonie en tant que travailleurs sous-contrat dans les mines de nickel, Betty Levanqué est une femme de cœur et une femme de tête. Elle se lance dans l’entrepreneuriat et, parallèlement, devient juge bénévole auprès du tribunal de commerce. En 2018, elle fonde la Banque alimentaire de Nouvelle-Calédonie, qui approvisionne plusieurs associations en denrées alimentaires. Une aide devenue indispensable dans l’archipel fracturé par les inégalités : un Calédonien sur cinq vit sous le seuil de pauvreté – deux fois plus que dans l’Hexagone. À travers ses actions, Betty Levanqué souhaite fédérer autour de l’idée du partage et d’un Caillou plus solidaire.
« Cette Calédonie de demain, je la vois les deux pieds posés sur terre, fière du travail qu’elle fait, bien alimentée, bien nourrie, moins impactée par les maladies… Beaucoup de personnes ont besoin de retrouver ce lien à la terre. Et ça fait du bien, en Calédonie, parce que ça rapproche les communautés. »
Agriculteur biologique à La Foa, Franck Soury-Lavergne descend d’une longue lignée de cultivateurs arrivés comme colons en Nouvelle-Calédonie. Convaincu que le développement de l’agriculture biologique n’est pas une option, mais une nécessité qui s’impose à la Nouvelle-Calédonie comme au reste du monde, l’agriculteur milite pour la création de labels biologiques sur le marché calédonien et pour une transition agro-écologique.
« On est tous rassemblés sur la même idée : c’est que demain on peut vivre ensemble… Il y a la notion de société civile : on peut co-construire ensemble. »
Fils d’un homme politique local, Byron Lévy est un métis de 30 ans qui œuvre pour que la jeunesse calédonienne puisse s’exprimer sur la base de nouvelles pratiques démocratiques qui permettront d’esquisser un avenir institutionnel commun, en tenant compte de la mosaïque multiculturelle du pays.
Outremer.ledoc : Nouvelle-Calédonie, la terre et la parole
À travers le combat de citoyens ordinaires, ce film montre l’engagement de la société civile calédonienne et le souffle qu’elle peut donner à un système où tout est à écrire.
Documentaire (52 min – 2022) – Réalisation Fabien Dubedout – Production Archipel Production, avec la participation de France Télévisions pôle Outre-mer
Nouvelle-Calédonie, la terre et la parole est diffusé dans outremer.ledoc lundi 13 mars à 00.45 sur France 3 et la1ere.fr
À voir et revoir sur france.tv
La case « outremer.ledoc » de France Télévisions
Outremer.ledoc raconte un Outre-mer contemporain. Grâce à des histoires d’hommes et de femmes. Des histoires particulières qui viennent en miroir des sociétés ultramarines actuelles. Des films qui mettent en lumière des Ultramarins d’ici et de là-bas. Un regard porté de l’intérieur sur les Outre-mer, à la croisée de leurs histoires, de leurs cultures, de leurs croyances et de leurs enjeux.