Alix Grousset donne des clés pour sortir des addictions dans « L’entre-deux »

Dans l’épisode sur les addictions, vous recevez Marie de Noailles, psychologue, addictologue et elle-même ancienne addict. Comment le choix de cette invitée s’est-t-il opéré ?
Alix Grousset : On cherchait un invité qui ait un passé d’addict – parce que je pense que, dans ce genre de maladie, les gens qui en parlent le mieux sont ceux qui sont passés par là – et, en même temps, puisse apporter le point de vue d’un psychologue, le point de vue médical. Et qui de mieux pour avertir des risques qu’une ancienne addict ? Ça faisait totalement sens. J’avais eu l’occasion de la voir dans plusieurs interviews et je l’avais trouvée très pertinente dans sa façon d’aborder le sujet : pas culpabilisante et en même temps ancrée dans la réalité des addictions.

Pourquoi avez-vous accepté de présenter la saison 2 de « L’entre-deux » ?
A. G. : À la fois pour le challenge professionnel et aussi parce que j’aime ça, tout simplement. Les médias m’ont toujours attirée. J’ai commencé très jeune sur des web-radios, donc j’ai cette formation aux médias traditionnels. J’ai senti l’opportunité de m’exprimer plus facilement sur le média digital, alors j’ai monté mes réseaux sociaux mais en gardant cette approche « très média » dans les formats que je propose. Les réseaux sociaux ne sont pas une fin pour moi mais bien un moyen de revenir sur les médias traditionnels, ça a toujours été l’objectif. Je n’ai vraiment pas hésité quand j’ai reçu cette proposition de Lumni parce que je trouve le travail sur un magazine sociétal hyper intéressant, à la fois en termes d’animation et éditoriaux. Ça me permet d’aborder énormément de thèmes, de continuer à me former. Il y a aussi une gymnastique d’animation à faire parce qu’on tourne généralement trois émissions qui peuvent être très diverses dans les thèmes, et il faut savoir s’adapter.

Comment s’opère le choix des sujets et des invités de l’émission ?
A. G. : Je suis partie prenante de l’écriture de toutes les émissions. J’avais envie d’avoir cette double casquette. Il y a d’abord un travail sur le calendrier pour repérer s’il y a des temps forts, des journées particulières – je pense par exemple à l’épisode sur le suicide que nous avons sorti le jour du « Blue Monday », qui est censé être le jour le plus triste de l’année, ou encore l’épisode sur la gourmandise qui est sorti à Noël. Ensuite, avec les équipes d’Outsideur et de Lumni, on essaie de cibler ce qui nous paraît pertinent. Et puis ça nous est aussi arrivé de sonder ma communauté pour savoir quel thème elle voulait qu’on aborde. C’est un gros mélange d’énormément de choses. Et c’est la même chose pour les invités.

Comment avez-vous décidé d’inclure votre communauté dans l’émission à travers les questions des internautes ?
A. G. : Dans tout ce que je fais, j’essaie toujours d’inclure ma communauté parce que ça fait partie de mon quotidien. Sur les réseaux sociaux, je partage beaucoup tout ce qui a trait à mes activités professionnelles. Pour moi ça faisait sens de les inclure et ça faisait sens aussi pour la promotion de l’émission. Et je trouve chouette que mes abonnés puissent participer à l’émission. Parfois, grâce à leurs questions, ils peuvent soulever des points qu’on n’avait pas forcément imaginés pendant les conférences de rédaction et, de fait, si on voit qu’une question revient régulièrement, on peut décider d’en faire un axe à part entière de l’émission parce que ça témoigne d’un vrai attrait de la communauté pour cette thématique précise.

Vous avez également introduit une séquence questionnaire avec l’invité…
A. G. : Dans chaque émission, on essaie de rythmer avec des séquences : il y a « le quiz » et « l’entracte » qui est comme un mini reportage d’environ deux minutes. Le quiz permet de balayer des idées reçues parce que nous avons la volonté avec Lumni qu’il n’y ait pas de questions bêtes, que tout le monde puisse se sentir libre d’avoir ses pensées, ses opinions. C’est d’ailleurs quelque chose qui revient souvent dans les commentaires de ma communauté après la diffusion d’un épisode. On est sur un format de 13 minutes en moyenne. Je suis plutôt de l’école des formats longs, voire très longs, puisque j’ai pour habitude de proposer des contenus de 45 minutes, donc mon audience est très éduquée à ça. Avec ce format de 13 minutes, on a des émissions complètes, où on peut aller au fond des choses tout en gardant l’attention de l’audience, notamment en rythmant par des temps forts.

Quels sont les épisodes qui vous ont marquée ?
A. G. : J’ai énormément appris en préparant l’épisode sur le métaverse. J’avais lu beaucoup d’articles mais je n’avais pas cherché à m’informer plus que ça, donc c’est un de ceux que j’ai le plus travaillé pour comprendre de quoi il s’agissait. Et Asma Mhalla (membre du LAP, Laboratoire d’anthropologie politique, enseignante à Columbia GC, Sciences Po et l’École polytechnique, ndlr) avait été vraiment géniale. L'un des épisodes sur lequel j’ai eu le plus de retours positifs, c’est celui sur le suicide qui était difficile à animer parce que ce n’est pas une thématique évidente. Cet épisode m’a beaucoup marquée. Et l'un de mes épisodes préférés, sur lequel je me suis le plus amusée, c’était avec Yves Camdeborde pour parler de la gourmandise. J’adore cuisiner et je suis très fan de ce chef cuisinier qui est un sacré personnage, et j’ai pris beaucoup de plaisir à l’animer.

Un teasing du prochain numéro ?
A. G. : On va tourner un épisode sur le voyage éco-responsable : « Comment peut-on partir en voyage, être dépaysé sans pour autant faire exploser son bilan carbone ? » Il sortira juste avant l’été, à l’occasion des vacances.

Propos recueillis par Sébastien Pouey