« Ai Weiwei, l’art de la dissidence », portrait de l’artiste en rebelle humaniste
Des doigts d’honneur adressés à des monuments historiques, le logo de Coca-Cola sur un vase de la dynastie Han, des milliers de vélos traditionnels empilés en une vertigineuse sculpture ou des selfies satiriques contre le régime chinois... ses provocations ont fait le tour du monde et forgé son image de rebelle anti-système, en lutte contre toute forme d’oppression. Retour sur le parcours et les œuvres d’Ai Weiwei, artiste à jamais insoumis. Vendredi 26 avril à 23.10 sur France 5.
Plasticien, peintre, photographe, bâtisseur, artiste conceptuel, cinéaste, sculpteur, mais aussi blogueur ou performeur, Ai Weiwei manie les arts comme d’autres les armes – art de subversion massive. Chez lui, la provocation n’est jamais gratuite (même si elle n’échappe pas à la polémique, comme lorsqu’il détourne une photo d’enfant syrien noyé sur une plage de la Méditerranée). Derrière la rébellion, parfois même la plus potache (sa série de doigts d’honneur adressés aux lieux de pouvoir), on sent toujours poindre une soif d’absolu. Orfèvre du scandale, l’artiste internationalement reconnu sait taper juste, n’en finissant pas de bouleverser les codes de l’art pour mieux revendiquer la liberté d’expression et défendre les droits de l’homme – au point de se voir contraint à l’exil par le régime chinois dont il ne cesse de documenter et dénoncer les exactions et la corruption. Installations monumentales dans les plus grands musées du monde ou simples selfies publiés sur les réseaux sociaux : ses œuvres et sa vie se mêlent, se confondent, se renforcent, dressant le portrait d’un engagement authentiquement radical. À 66 ans, Ai Weiwei est du bois dur dont on fait les hommes qui ne se soumettent pas.
Je ne suis pas un dissident : c’est mon gouvernement qui l’est.
Ai Weiwei
Né dans la Chine de Mao Tsé-toung, Ai Weiwei s’est initié à la pop culture à New York dans les années 1980 avant de revenir en Chine, après les événements de Tian’anmen. Associé à la conception du stade olympique de Pékin pour les Jeux de 2008, il prend conscience de l’oppression du peuple chinois et dénonce la corruption du Parti communiste. Devenu encombrant pour le régime, il est plusieurs fois arrêté, battu, emprisonné, avant d’être finalement contraint à l’exil en 2015.
Pour ce documentaire, qui vient à point nommé compléter la collection « Rebelles ou l’art de bousculer » de France Télévisions, la réalisatrice Caroline Benarrosh a suivi Ai Weiwei pendant plusieurs semaines, entre le Portugal, où il vit et travaille désormais, et le musée du Design de Londres, où s’est tenue, en avril 2023, sa dernière grande exposition, « Making Sense ». L’occasion de revenir avec l’intéressé, tout comme à travers des interviews de ses amis, galeristes ou critiques d’art, sur sa vie, sa carrière et son parcours, mais aussi et surtout l’occasion de voir l’artiste au travail, témoignant d’une pensée toujours en mouvement, sans cesse ravivée par les nombreuses injustices dont notre époque se fait sinon le complice au moins le témoin. « L’humanité, les droits de l’homme, la liberté d’expression, prévient Ai Weiwei, si vous ne protégez pas ces valeurs, vous perdez, quoi qu’il arrive. »
Collection « Rebelles ou l’art de bousculer »
Après des documentaires sur Jean-Luc Godard, Cyril Collard, Rachid Taha, Ken Loach et Pedro Almodovar, Ai Weiwei, l’art de la dissidence complète la collection « Rebelles ou l’art de bousculer » que France Télévisions consacre aux artistes contemporains majeurs, français ou internationaux, qui ont su, par leur vision du monde, créer le scandale et contester les ordres établis et dont l’héritage, incontestable, nous marquera durablement. Issue d’un appel à projets initié par France Télévisions en 2022, cette collection propose ainsi de raconter ces artistes sans concession au travers de portraits unitaires et résolument éclectiques.
Ai Weiwei, l’art de la dissidence
Documentaire inédit (52 min – 2024) – Réalisation Caroline Benarrosh – Narration Pascale Clark – Musique originale Tim Paris – Production CAT & Cie – Avec l’aimable autorisation du Studio Ai Weiwei – Avec la participation du Centre national du cinéma et de l’image animée et de France Télévisions
Ai Weiwei, l’art de la dissidence, diffusé vendredi 26 avril à 23.10 sur France 5, est à (re)voir sur france.tv