Lui fonctionne à l’instinct, elle est méthodique et carrée. Seront-ils capables de collaborer ?

Lieutenant Teva Royer : Il faut que je vois le corps.

Capitaine Ana Kerjouan : Oui, eh bien vous savez quoi ? On sort de ce désert numérique et puis vous pourrez regarder toutes les photos que vous voulez. C’est sur votre boîte mail.
Lieutenant Teva Royer : Ah non, mais quand je disais le corps, c’était le corps en vrai. On n’a pas gaspillé une tonne et demie de CO2 pour que je vienne voir des photos, quand même !

Échanges entre le lieutenant Royer et la capitaine Kerjouan

Il a une approche sensorielle des faits quand elle suit une méthodologie classique. Il se fie à l’environnement, au contact quand elle s’appuie sur des preuves carrées, irréfutables. Aussi opposés soient-ils, leur collaboration est primordiale pour résoudre l’homicide dont a été victime Isis Le Cam. Un meurtre commis en métropole, bien loin du champ d’investigation habituel du lieutenant Royer. Originaire de la Guyane française, il a accepté de prêter main-forte à l’équipe de la capitaine Kerjouan, sur la demande expresse de la famille de la victime. N’allez pas croire pour autant qu’il soit prêt à se plier aux injonctions de la capitaine Kerjouan, non par irrespect mais parce qu’il croit en son approche pour parvenir à ses fins. Qu’importe qu’il passe pour un hurluberlu, il assume de marcher régulièrement pieds nus, de sentir ou toucher les gens, de les maîtriser du regard, de se fier aux messages émis par la nature, de dormir à la belle étoile, de tenir des réunions sur l’herbe, au milieu des bois ou dans un jardin plutôt que dans un bureau. Teva Royer se reconnaîtrait certainement dans ces paroles de Michel Berger, « Pour me comprendre, il faudrait savoir qui je suis », lui qui a survécu enfant à une escapade involontaire de plusieurs mois dans la forêt amazonienne. Une expérience qui a forgé l’homme qu’il est devenu et qui lui a permis de développer son odorat, au point d’avoir un indice de sensibilité olfactive bien supérieur à la moyenne, et de vivre en symbiose avec le monde végétal et animal.
Mais pour quiconque apprécie le monde 2.0, comme c’est le cas pour Ana Kerjouan et une partie de son équipe, travailler sans réseau, devoir raconter une vidéo plutôt que la visionner ou scruter la position des roseaux pour arriver à une conclusion est perçu comme une perte de temps, voire de l’inefficacité. Pourtant ne dit-on pas que le diable se niche dans les détails ? Reste pour Teva à convaincre ses collègues de la justesse de son approche, qui ne renie en rien l’utilité des techniques modernes d’investigation.

Teva : Cocktail ou rhum arrangé ? Votre technique d’immersion, ça marche avec quelle boisson ?

Ana : Ah d’accord, vous allez boire pendant le service ?

Teva : Je compte me fondre dans le décor. Cela prend un peu de temps.

Ana : Vous allez voir la technique nantaise, elle est beaucoup plus rapide.

Teva : Parfait, alors à tout de suite.

Ana : Oui, à tout à l'heure...

Échanges entre Teva et Ana dans un bar branché