L'histoire des maillots distinctifs du Tour de France

A sa création en 1903, le Tour de France ne présentait aucun code vestimentaire. Les cyclistes arboraient des tenues disparates et souvent personnelles. Le maillot jaune a été introduit lors de l'édition 1919 du Tour de France afin de distinguer le leader du classement général.

 

Il a ensuite fallu attendre 1953 et le 50ème anniversaire du Tour de France pour voir un deuxième maillot distinctif au cœur du peloton, le maillot vert, récompensant le meilleur sprinteur. Le maillot blanc honorant les jeunes talents (-25 ans) et le maillot à pois rouges récompensant le meilleur grimpeur, sont apparus lors de l’édition 1975. Ces tuniques colorées représentent l'histoire riche et l'héritage de cette épreuve sportive internationale. Mais d’où viennent ces quatre couleurs ?

Le maillot jaune, tunique du leader du classement général

Le maillot jaune est introduit en 1919 par le journaliste Géo Lefèvre et Henri Desgrange, patron du Tour de France, pour rendre le leader du classement général facilement identifiable. La couleur jaune est choisie en référence à la couleur du journal L'Auto. Le Français Eugène Christophe entre dans l'histoire en devenant le premier porteur de la tunique jaune, le 19 juillet 1919 au départ de la 11e étape à Grenoble. Cette distinction devait être introduite quatre jours plus tôt, lors de l'étape Marseille-Nice, mais le maillot n'était pas encore confectionné. Pendant près de 30 ans, le maillot jaune est resté vierge de tout sponsor jusqu'en 1948, année où les laines Sofil ont commencé à le parrainer en offrant une prime quotidienne à son porteur. L'attrait commercial du maillot distinctif n'a depuis cessé de croître, attirant de plus en plus de grandes marques cherchant une visibilité mondiale. Depuis 1987, LCL est le partenaire historique du maillot jaune. La tunique jaune est fabriquée par Santini depuis 2022.

Records historiques

Surnommé « Le Cannibale », le Belge Eddy Merckx possède le record du nombre de jours en jaune (111) devant le Français Bernard Hinault avec 79 jours. Ce dernier, quintuple vainqueur du Tour de France (1978, 1979 1981, 1982, 1985) est le dernier coureur cycliste Français à avoir remporté la Grande Boucle.

Le maillot vert pour le meilleur sprinteur

Introduit en 1953 pour célébrer le 50e anniversaire du Tour de France, le maillot vert récompense la régularité dans les arrivées d'étapes et les sprints intermédiaires.  Il existe une répartition spécifique des points, les arrivées d’étapes de plat rapportent plus que les arrivées des étapes vallonnées et de haute montagne. Le choix de la couleur verte est lié au tout premier sponsor du classement par points : l'enseigne de prêt-à-porter "La Belle Jardinière". Le Suisse Fritz Schär devient le premier porteur de ce maillot en 1953. L'année suivante, c'est le Néerlandais Jan Nolten qui remporte le classement par points. Entre 1953 et 1968, le maillot des sprinters reste vert, à l'exception de l'édition 1968 où il passe au rouge en raison d'un changement de sponsor. Cette année-là, c'est l'Italien Franco Bitossi qui s'adjuge la tunique rouge. Dès 1969, le maillot redevient vert, sa couleur traditionnelle. Le maillot vert est parrainé par Skoda depuis 2015.

Palmarès des meilleurs sprinteurs sur le Tour de France

Le Slovaque Peter Sagan Peter Sagan détient le record du nombre de victoires finales au classement du maillot vert. Il est le lauréat des éditions de 2012 à 2016 ainsi que 2018 et 2019. Avant Sagan, c'est l'Allemand Erik Zabel qui régnait sur ce classement. Sous les couleurs de l'équipe Telekom, il a remporté six maillots verts consécutifs entre 1996 et 2001. L'Irlandais Sean Kelly n'est pas en reste non plus, avec quatre succès acquis en 1982, 1983, 1985 et 1989.

Le maillot à pois du meilleur grimpeur

Bien que le Grand Prix de la Montagne existait depuis 1933, le maillot à pois n’est apparu qu’en 1975. Auparavant, le leader du classement de la montagne ne portait qu'une modeste pastille rouge sur son maillot. Mais en 1975, à la demande du sponsor Chocolat Poulain, les organisateurs ont décidé de créer un maillot spécifique pour le Grand Prix de la Montagne. C'est ainsi que Félix Lévitan, alors directeur du Tour, a choisi de reprendre le motif à pois rouges et blancs en hommage au pistard Henri Lemoine, surnommé "P'tits pois" pour sa tenue d'avant-guerre. Ce design visait à offrir une meilleure visibilité aux grimpeurs dans le peloton et à la télévision. Dès sa première apparition en 1975, le maillot à pois s'est imposé comme l'un des emblèmes de la course aux côtés du prestigieux maillot jaune. Le Néerlandais Joop Zoetemelk est le premier coureur cycliste à porter le maillot à pois lors du Tour de France 1975.

Un sponsor régulièrement renouvelé

Comme pour les autres maillots distinctifs, le sponsor du maillot à pois a régulièrement changé au fil des ans. De 1993 à 2018, c'est l'enseigne Carrefour (avec sa filiale Champion jusqu'en 2009) qui a promu ce classement, avant de céder la place à E.Leclerc depuis 2019.

Les rois des montagnes sur le Tour de France 

Au sommet des plus grands vainqueurs du maillot à pois, on retrouve le Français Richard Virenque, sept fois titré entre 1994 et 2004 pour un record inégalé. Plus récemment, Warren Barguil, Julian Alaphilippe et Romain Bardet ont brillé avec cette tunique, en remportant le classement de la montagne respectivement en 2017, 2018 et 2019.

Le maillot blanc pour récompenser les jeunes espoirs

Introduit en 1975, le maillot blanc du Tour de France est remis au meilleur jeune du classement général, c'est-à-dire âgé de moins de 25 ans au 1er janvier de l'année en cours. Le premier porteur du maillot blanc est l'Italien Francesco Moser. Depuis son instauration en 1975 sous l'appellation "Grand Prix des Jeunes", le classement du meilleur jeune a vu près de quarante cyclistes différents se partager les honneurs. Mais certains se sont particulièrement illustrés, à l'image du Slovène Tadej Pogačar. Vainqueur en 2020, 2021, 2022 et 2023 du maillot blanc, il détient d'ores et déjà le record de victoires dans cette catégorie. Avant lui, deux autres coureurs cyclistes avaient remporté le maillot à trois reprises : l'Allemand Jan Ullrich (1996, 1997 et 1998) et le Luxembourgeois Andy Schleck (2008, 2009 et 2010). L‘an dernier, lors du Tour de France 2023 trois coureurs de moins de 25 ans ont terminé dans le top 10 du classement général : Tadej Pogačar (2e), Carlos Rodriguez (5e) et Felix Gall (8e). Le maillot blanc est également connu sous l'appellation de "Souvenir Fabio Casartelli", en hommage au coureur italien décédé tragiquement à l'âge de 24 ans lors d'une chute survenue pendant le Tour de France 1995 entre Saint-Girons et Cauterets.

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