Rencontre : Stéphane Freiss, « Le Cercle des poètes disparus »

Et vous, c’était qui votre Keating ? Le Théâtre Libre accueille actuellement « Le Cercle des poètes disparus », adapté du célèbre film de Peter Weir avec Robin Williams. Cette réinterprétation magistrale, avec Stéphane Freiss dans le rôle principal, fait vibrer la scène parisienne. L’adaptation s’impose aujourd’hui comme un grand moment de théâtre populaire, récompensé par plusieurs nominations aux Molières 2024.

Depuis ses débuts sur les planches, Le Cercle des poètes disparus n’a cessé de fasciner par sa puissance poétique et son appel à l’émancipation intellectuelle. Au centre de cette pièce iconique : Stéphane Freiss, qui marche dans les pas de Robin Williams et réinvente le charismatique John Keating, un enseignant aussi audacieux qu’inspirant. Les leçons de vie qui bouleversaient ses jeunes élèves en 1989 continuent, des décennies plus tard, à résonner dans le cœur du public.

Les leçons de Keating, je pense qu’elles sont universelles et éternelles, car son discours est un discours de vie, d’amour, de remise en question.

Stéphane Freiss

Sur la scène du Théâtre Libre, cette version portée par une mise en scène tout en finesse et un casting talentueux insuffle une nouvelle énergie à cette ode au dépassement de soi, rappelant l’importance de cultiver un regard libre et éveillé sur le monde. Rencontre avec l’acteur, qui nous parle de son Keating, de la force du spectacle vivant et de la magie qui opère quand le théâtre devient espace de transmission.


 

Stéphane Freiss : Bonjour les Fans de Culture !

Fans de Culture :Le Cercle des poètes disparus, de quoi ça parle ?
Stéphane Freiss :
C’est l’histoire d’un professeur, John Keating, qui débarque dans un lycée très strict en enseignant la liberté. Il a un rapport extrêmement interactif avec ses élèves, et pour moi, c’est jubilatoire, évidemment. Il y a une grande différence entre le film avec Robin Williams et ce qu’on fait : nous, on est au théâtre, sans montage ; tout se joue en direct. Par exemple, dans la scène de philosophie où il déclame et fait rire ses élèves, la caméra dans le film revient à lui, un plan peut durer deux minutes mais on ne le voit que vingt secondes. Moi, j’ai une scène où je dois être en scène presque douze minutes, à les convaincre, les faire rire, les emballer, les emmener dans ma passion, et tout cela se construit en direct.

Fans de Culture :Comment s’est déroulé le casting ?
S. F. : Il y a eu un casting extraordinaire : je crois qu’il y a eu 1 500 jeunes acteurs castés dans toute la France, et les six retenus sont vraiment la crème de la crème. La beauté, la force et la réussite de ce spectacle reposent sur cette alchimie miraculeuse que nous avons créée tous ensemble.

Fans de Culture : L’adaptation vous semblait-elle évidente, au départ ?
S. F. : Les leçons de Keating, je pense qu’elles sont universelles et éternelles, car son discours est un discours de vie, d’amour, de remise en question : il nous invite à relire ce qu’on nous a transmis comme évidences et certitudes, à se questionner à nouveau pour grandir mieux.

Fans de Culture : Et vous, c’était qui votre Keating ?
S. F. : Mon Keating, c’était mon prof de physique-chimie, et je peux vous assurer qu’on n’était pas du tout copains avec la physique-chimie au début. Mais, un jour, il est arrivé en classe, portant un vieux costume un peu luisant avec un revers de pantalon agrafé, visiblement usé depuis des années. Il est entré un peu précipitamment, a trébuché sur l’estrade et s’est étalé, tombant sur le premier rang. Il s’est relevé, a tiré sur sa cravate, étendu les bras, et a dit : « C2H2 : acétylène. » Et c’était parti. Là, je me suis dit : « Mais qui est ce type ? »