Rencontre : Bérénice Bejo et Maria Larrea

Sur les planches du Studio Marigny, Bérénice Béjo interprète avec ardeur et sensibilité l’adaptation du livre de Maria Larrea, « Les gens de Bilbao naissent où ils veulent ». C’est l’histoire de Maria et de ses parents, qui fuient l’Espagne de Franco pour se réfugier en France. Bérénice Bejo y incarne tour à tour Maria, son père Julian, sa mère Victoria, et toute une galerie de personnages : elle transporte les spectateurs, de Bilbao à Paris, dans l’enquête de Maria sur ses origines.


Fans de Culture : « Les gens de Bilbao naissent où ils veulent », de quoi ça parle ?

Bérénice Bejo : C’est l’histoire d’une famille. C’est une histoire de rencontres, de pardon. C’est écrit par Maria, de manière toujours belle, drôle, sans jugement. Il y a des personnages qui sont très hauts en couleur, qui n’ont pas eu des vies faciles, qui ont eu des secrets très lourds. C’est un spectacle qui est tout aussi divertissant que bouleversant. On passe un bon moment et on n’a qu’une envie, quand on sort de la pièce, c’est d’appeler ses parents et dire qu’on les aime, ou ses enfants.

Maria Larrea : Il y a une sorte de déesse d’un tarot qui a dû m’envoyer Bérénice, qui a mis sa magie et qui embarque le public, pour raconter cette histoire qui m’est très personnelle. Je pense qu’en une heure quinze on traverse beaucoup d’émotions. C’est une belle soirée en perspective, donc venez la voir !

Fans de Culture : Pourquoi le seul en scène ?

B.B. : Au départ, l’histoire qui m’a énormément touchée, le livre, l’adaptation. Même si je n’ai pas du tout la même histoire que Maria, on a des choses en commun, des parents exilés, une vie avec des parents qui ont un accent. Tu m’as dit que ça te faisait plaisir que ce soit moi parce que j’étais argentine, et que si jamais je faisais tes parents, et que je le faisais avec un accent, je le ferais toujours avec amour. Je sentais que ça lui tenait à cœur, Alors ça m’a mis une pression pour trouver leur accent, à Victoria et Julian. Il y a un moment dans la pièce où je pleure tout le temps, quoi qu’il arrive, même si je suis fatiguée, même si j’ai tout raté avant, quand elle dit : « Je rentre à Paris, chez moi. » Quand je dis « chez moi », je pense à tous ces gens qui sont chez eux, et qui ne sont pas français, mais qui sont chez eux.

M.L. : Même si l’origine du livre vient de mes parents, de ma vie, de mon expérience, tout est un jeu, c’est un jeu avec les histoires, les anecdotes, les fragments réels. En te voyant jouer, en te voyant interpréter, j’ai ressenti les mêmes émotions que lorsque j’ai écrit certains passages du manuscrit. Je sens vraiment Bérénice dedans, l’incarner avec tout son être et qui, tous les jours, fait ce morceau de bravoure, et l’empoigne avec autant d’intensité. C’est très émouvant.

B.B. : Tous les soirs, je saute en parachute. C’est énorme. C’est un travail très très compliqué. Je pense que je n’ai jamais fait quelque chose d’aussi compliqué. Je suis toute seule et, en même temps, je ne suis pas tout seule, parce que les soirs où je ne suis pas en forme, le spectacle fonctionne quand même. Parce qu’il y a toute une mécanique, une histoire, une lumière, une mise en scène, une écriture qui est déjà super forte. Il y a quand même 90 % qui se fait presque sans moi.

M.L. : Non, tu exagères !

B.B. : Bon, 85.

M.L. : Tu exagères !

B.B. : Bon, 70. 70, c’est mon dernier mot.

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