« L’Attachement » : Carine Tardieu et Valeria Bruni-Tedeschi face à leurs mots
Pour la sortie du film « L’Attachement », Carine Tardieu et Valeria Bruni-Tedeschi se prêtent au jeu d’une interview un peu particulière. Invitées à réagir à leurs propres citations, elles nuancent, précisent ou s’amusent de leurs propos. Entre cinéma, mise en scène et regard sur la maternité, un échange sincère et spontané.
À l’occasion de la sortie de L’Attachement, les Fans de Culture ont rencontré Carine Tardieu et Valeria Bruni-Tedeschi. Dans ce film, Sandra, indépendante et habituée à vivre seule, apprend à s’ouvrir aux autres à travers des liens inattendus. Elle découvre ainsi comment une rencontre peut bouleverser toute son existence.
Pour cette interview, Les Fans de Culture ont décidé de les confronter à leurs propres mots. À travers cette discussion, elles reviennent sur leur vision du jeu d’acteur, de la mise en scène, de l’évolution de leur carrière mais aussi de leur rapport à la maternité.
« Avec le personnage de Sandra, j’avais l’impression que je pouvais travailler différemment »
Valeria Bruni-Tedeschi : Oui, parce que d’habitude je fais beaucoup de personnages extravertis. Et là, il fallait que ce que je suis soit intériorisé, intérieur et pas exprimé. Donc c’est ça la différence.
« Plus ça va, plus j’aspire à faire des films simples »
Carine Tardieu : Je voulais plus parler de mise en scène et en mise en scène, je ne veux pas d’esbroufe. Peut-être, quand j’étais plus jeune, je voulais tellement prouver que j’étais légitime en tant que metteur en scène que j’avais tendance à mettre des rails partout, des mouvements de caméra pas possibles. Et puis, petit à petit, j’essaye d’aller peut-être plus à l’épure, c’est-à-dire de seulement m’intéresser aux personnages, être au plus proche d’eux.
« Il m’est très difficile de me regarder dans un miroir »
V. B.-T. : « Très difficile », il ne faut pas exagérer non plus. J’aime pas. J’éteins la lumière souvent quand je rentre dans la salle de bain, comme ça, je me vois dans une pénombre. Inès de La Fressange avait dit ça : « Avec l’âge, il faut juste se regarder d’un peu plus loin. ». Voilà.
« Il faut travailler avec des cinéastes avec lesquels on peut s’affronter »
V. B.-T. : Ça m’étonnerait que j’aie dit « avec lesquels on peut s’affronter », ça m’étonnerait. Bon, en tout cas, disons que je l’ai dit, de la personnalité, c’est pas vraiment ma façon de parler. C’est vrai que dans ce cas-là, la petite bataille qu’on a eue avec Carine où, moi, je proposais des choses, souvent elle me disait : « Non, non, non, non. » Cette petite bataille, parfois frustrante, était extrêmement créatrice. C’est vrai qu’il ne faut pas vouloir batailler pour batailler, ce serait ridicule. Il n’y a rien de pire que de finir une journée en se disant : « J’ai pas osé lui dire ça, j’ai pas osé l’emmener là. » Dans ce cas-là, il ne faut pas faire de films.
Fans de Culture : C’est quoi la pire question qu’on vous a posée en tant que mères ?
C. T. : J’ai adopté ma fille, et quand on me dit : « Oh là là, quel bel acte ! » Comme si c’était un acte humanitaire. Pas du tout. J’ai pas cherché à sauver un enfant de quoi que ce soit et je ne sauve personne.
V. B.-T. : Mais moi, ça, c’est une question de vieux parent. Comme je suis une vieille mère, je suis émerveillée comme les vieux parents qui sont émerveillés de cette espèce de miracle !
C. T. : C’est joli une vieille mère émerveillée.
V. B.-T. : Ouais.